Elisabeth Borne, ministre de l’Education nationale, vient de découvrir la lune : « Il ne faut pas donner le bac à tout le monde. » Tiens donc ! C’est contraire à la doctrine constante de ses prédécesseurs : Jean-Pierre Chevènement à son poste se flattait d’amener « 80 % d’une classe d’âge » au baccalauréat. Plus nombreux seraient les lauréats, plus grande serait la réussite du ministre. Bien sûr, au bout du compte, on s’aperçoit que cela dévalue totalement le diplôme, sans mesurer la moindre hausse de niveau, au contraire, comme le confirment tous les classements internationaux. En moins de vingt-cinq ans, le nombre des mentions très bien a augmenté de 1.000 % sans rien changer à la catastrophe. Mais la pauvre Elisabeth n’a en rien, malgré ses déclarations, modifié les « consignes très bienveillantes » données aux examinateurs. Hélas, cette gabegie ne se limite pas au bac, elle s’est étendue à un autre signe putatif d’excellence, la Légion d’honneur. La promotion de 589 civils annoncée à l’occasion de la fête nationale donne envie de pleurer. Voici quelques noms : l’actrice Léa Drucker, l’écrivain Marc Lévy, « l’humoriste » Sophie Aram, Eric Dupont-Moretti, Bruno Le Maire qui a « mis l’économie russe à genoux » et géré la dette, Olivier Véran, le ravi du Covid. Et pour finir Gisèle Pélicot. Sans doute son époux et quelques dizaines de malades lui ont-ils fait subir de pénibles outrages, mais, si cela la signale à la compassion de tous, cela ne l’élit nullement à la reconnaissance nationale. La Légion d’honneur, comme la mention très bien au bac, ne mesurent plus que la décadence de la société française. Ah, l’historienne Mona Ozouf, militante de la Révolution française, est nommée Grand-Croix, comme le maréchal Foch.