Elisabeth Borne : un programme écolo et socialiste

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La charge de Serge Lavrov contre le « liberal world order » (ordre mondial libéral) qu’il accuse les Etats-Unis et leurs alliés de promouvoir pour détruire les relations internationales, d’une part, les diatribes de la France insoumise contre le « néo-libéralisme » prétendument en marche de l’autre, cachent une vérité évidente : les politiques poursuivies tant par l’UE que par la France de Macron ou l’Amérique de Biden sont de nature écolo et socialiste. Le récent discours-programme d’Eisabeth Borne en donne une preuve éclatante.

 

Borne, des convictions pour un programme

On s’attendait à ce qu’Elisabeth Borne dresse un bilan très favorable de l’action d’Emmanuel Macron et de ses gouvernements depuis 2017, et l’on n’a pas été déçu. Pour le reste, sa très longue allocution de mercredi a été consacrée à la « feuille de route gouvernementale et à l’agenda législatif », entendez à son programme et au calendrier parlementaire pour les trois prochains mois. Comme elle a couvert à peu près tout le spectre de la politique et de l’économie, y compris quelques mesurettes symboliques contre l’immigration clandestine, il n’est pas utile d’en donner une analyse exhaustive. Il est instructif en revanche d’en dégager l’esprit, qui traduit les convictions manifestes d’Elisabeth Borne, elle préfère l’Union européenne à la souveraineté nationale, elle est pour la transition et la planification écolo, elle est socialiste.

 

Un bon bilan socialiste

Mme Borne ne croit « qu’aux résultats », et elle s’est hautement félicitée des « mesures fortes pour protéger les Français face à la flambée des prix de l’énergie et limiter l’impact de la hausse des prix du carburant ». Idem pour « certains produits alimentaires ». C’est clair, elle aime l’intervention de l’Etat dans l’économie et le contrôle des prix. Assez classiquement, elle a invité tous les acteurs sociaux à prendre chacun sa part du poids de la crise. Ainsi « les distributeurs peuvent agir sur leurs marges et les industriels accepter des renégociations, quand le cours des matières premières a baissé ». Jusqu’ici, ce n’est que le programme d’un gouvernement autoritaire. Mais Mme Borne est socialiste, elle va plus loin.

 

Le partage de la valeur : un programme socialiste

« Dans les trois mois qui viennent, a-t-elle affirmé, le Parlement débattra du projet de loi transposant l’accord entre les partenaires sociaux sur le partage de la valeur. » Ce partage de la valeur est une notion explicitement socialiste, certes séduisante du point de vue moral, mais qui ne tient pas compte, dans la réalité, des risques encourus exclusivement par l’entrepreneur-investisseur. Et Mme Borne va plus loin, elle n’a pas les grandes entreprises dans son collimateur, elle pousse son souci socialiste dans le moindre détail.

 

Elisabeth Borne renforce les contrôles de l’Etat

« Cet accord permettra de toucher toutes les PME, en abaissant le seuil de 50 à 11 salariés pour une durée de 5 ans, au moins. Par ailleurs, les entreprises de plus de 50 salariés, qui font des résultats exceptionnels, auront l’obligation de négocier la mise en place d’un dispositif de partage de la valeur. » Elle va donc jeter l’envie et le désordre socialiste, la surveillance tatillonne socialiste, dans des entreprises qui s’en trouvaient jusqu’à présent préservées, les petites et très petites entreprises. Comme si l’objectif n’était pas la pleine activité de l’économie française mais le flicage de ceux qui osent encore entreprendre.

 

Big brother a besoin des little brothers écolo

Et si les organes de microcontrôle socialiste ne suffisent pas, Mme Borne y rajoute les mille yeux de la surveillance écolo. Elle a la « conviction » que « la transition écologique passe par la planification écologique », une planification écologique « ambitieuse » qui passera notamment par la « sobriété pour l’usage de l’eau » et par la « rénovation thermique des logements ». Les agriculteurs, les locataires, les propriétaires, ont du mouron à se faire, il va falloir la jouer fine avec les matons verts et les exempts de Bercy. Quant aux industriels, ils devront jouer sur le seul cheval possible, « la réindustrialisation décarbonée de notre pays » qui sera régie par le « projet de loi industrie verte ». Avec ce programme, on n’est pas loin du Gosplan. La dictature socialiste et la dictature écolo font battre le cœur d’Elisabeth Borne.

 

Pauline Mille