La Banque Mondiale, qui célébrera son 74e anniversaire en juillet, vient de redéfinir ses principaux objectifs : « Travailler pour un monde débarrassé de la pauvreté » mais aussi « Réduire les inégalités globales », c’est-à-dire aussi « Partager la prospérité », ainsi que l’a déclaré son président Jim Yong Kim. Un prétexte tout trouvé pour prôner un soutien à la « finance islamique » et même à sa généralisation aux pays non-musulmans, comme le plaide le The Jakarta Post. « Pour obtenir une prospérité partagée, les efforts peuvent différer d’un pays à l’autre tout en partageant l’objectif de stimuler les institutions financières », écrivent deux spécialistes indonésiens dans l’organe anglophone. Or, poursuivent-ils « Pour un pays comme l’Indonésie, le plus peuplé des pays musulmans et le plus riche en institutions financières islamiques, la finance islamique est tout indiquée pour catalyser cette prospérité partagée ». L’arc musulman, qui court de l’Afrique de l’Ouest à la Malaisie est pourtant l’un des plus inégalitaires qui soit, concentrant les pays parmi les plus riches du globe (péninsule arabique) et la grande majorité des plus pauvres, de l’Afrique sahélienne au Pakistan, ainsi que la majorité des guerres et conflits en cours.
En Indonésie, un plan pour que la micro-finance islamique aide les artisans, sans autre règle que les principes coraniques
En 2016, le plan d’orientation indonésien intitulé « Pour une architecture financière islamique en Indonésie » préconisait que la finance islamique aille au-delà du seul secteur bancaire et optimise les « énormes potentialités » des micro-institutions non-bancaires telles que les Baitul Mal wat Tamwil (BMT), d’initiative populaire. Avec cinq mille de ces BMT en Indonésie, « Il serait possible de compenser la difficulté qu’éprouve la banque islamique à atteindre la base de la société, le financement du secteur informel (artisans et petits commerçants) étant assimilé en général à un risque élevé » écrit le Jakarta Post. Les BMT sont jusqu’ici libres de toute réglementation ce qui leur permet d’être très innovantes, plaident les auteurs. « Ainsi, l’objectif fixé par la Banque mondiale de partager la prospérité pourrait être atteint grâce à cette finance islamique inclusive, particulièrement en Indonésie », plaident-ils. Une finance très régulée toutefois, mais par les seuls principes doctrinaux de l’islam qui interdisent en principe les prêts à intérêts. Imagine-t-on une finance chrétienne, bouddhiste, juive ou shintoïste ?
Les multiples initiatives de la Banque mondiale pour diffuser la finance islamique
Dans son travail sur la finance islamique, la Banque mondiale, en partenariat avec le gouvernement de Turquie, a créé en 2013 le Centre de développement de la finance islamique globale, organe de recherches destiné à favoriser une diffusion mondiale des règles financières calquées sur les dogmes musulmans. Il poursuit des études et procure des assistances techniques et des conseils aux clients de la Banque mondiale intéressés par le développement des institutions financières et des marchés islamiques. En 2015, la Banque mondiale et le Conseil général des banques islamiques et des institutions financières (CIBAFI), marque ombrelle des institutions financières islamiques, ont signé un mémorandum pour encourager le développement global de la finance islamique et généraliser son utilisation comme outil favorisant le développement dans le monde entier, pays non-musulmans compris.
Par la suite, le Bureau des services financiers islamiques (IFSB) et un groupe spécialisé de la Banque mondiale, ont organisé un colloque de haut niveau sur la finance islamique avec le thème « Finance islamique et objectifs de développement durable » en octobre 2016 à Washington. La Banque mondiale a organisé plusieurs autres rencontres et conférences sur la finance islamique, à Istanbul en 2015, au Maroc en 2016 puis en Malaisie en décembre 2017. En mai 2017 a eu aussi lieu à Kuala Lumpur une conférence commune entre la Commission des valeurs mobilières malaisienne et le groupe Banque mondiale sur le thème « Finance islamique et partenariats publics-privés pour le développement des infrastructures ».
Le groupe Banque mondiale aide Egypte et Turquie à définir une finance islamique pour les PME
Sur des projets récents en Egypte et en Turquie, par exemple, le groupe Banque mondiale a aidé les gouvernements à définir des systèmes de financements conformes à la loi coranique, la « charia », destinés à financer le développement de petites et moyennes entreprises (PME). Toutes ces opérations, écrivent nos spécialistes indonésiens, « ont permis de nombreux progrès et innovations dans la finance islamique tels que le lancement d’emprunts islamiques verts, l’usage de fonds de dotation islamiques pour des investissements de long terme, un soutien à la technologie financière islamique (FinTech) et aux fonds de dotation islamiques qui permettent des prêts alternatifs aux micro et petites entreprises ». Ils concluent en affirmant que ces financements islamo-compatibles vont devenir de plus en plus « massifs » pour créer « un environnement favorisant un monde sans pauvreté ». La pauvreté devient prétexte à la diffusion des principes idéologiques de l’islam via la finance, y compris chez les peuples échappant à la dictature mahométane.