La Banque mondiale ne perd pas le nord, c’est juste qu’elle en a plusieurs !

Banque mondiale nord plusieurs
 

Belle journée pour la Banque mondiale qui promeut tour à tour l’énergie verte et le pétrole ! Le « en même temps » n’est pas une spécialité macronienne, c’est l’épine dorsale des discours mondialistes à tous les niveaux ; elle permet de ne jamais perdre le nord pourvu qu’on en ait plusieurs. La révolution n’est pas intéressée par la vérité, mais par la dialectique, et sa spécialité est d’avoir un doigt dans chaque tarte, comme le disent de manière pittoresque les Anglais : les pour, les contre, la thèse et l’antithèse, si seulement cela peut servir la synthèse finale qui est de toute façon ailleurs.

Voyez, rien que ces derniers jours, la Banque mondiale a illustré ce grand art de la duplicité relativiste. Elle vient de faire un don de 7,5 millions de dollars à l’Ouzbékistan, pour récompenser cet ex-pays de l’URSS qui après s’être démarquée de la Russie en reconnaissant la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine après l’invasion de celle-ci, en mars 2022, a accueilli avec enthousiasme de nouvelles importations de gaz russe annoncées à grand renfort de publicité par Vladimir Poutine en mai dernier.

 

La Banque mondiale récompense l’Ouzbékistan au nord

Pourquoi ce généreux cadeau ? Mais parce que l’Ouzbékistan a réussi à baisser ses émissions de CO2 dans le cadre du programme de sa transition énergétique iCRAFT : un programme « novateur » qui permet de créer des « incitations pour la réforme des subventions à l’énergie entraînant une baisse de la consommation énergétique » de manière à « générer des crédits de réduction des émissions de carbone négociables sur les marchés internationaux du carbone », explique la Banque mondiale. Bref, un montage financier qui permet à d’autres d’émettre davantage.

Les mesures, apprend-on au passage, avaient pour objectif de renchérir l’énergie dans le pays où les tarifs étaient jusque-là extrêmement bas, quitte à « accompagner » les plus démunis grâce à l’argent public : en clair, c’est de la redistribution de richesses et le « don » fait par la Banque mondiale doit notamment y contribuer.

Ça, c’était le 21 juin. Lundi, on apprenait que la Banque mondiale interpellait la Tanzanie, où l’abondant cheptel est responsable d’émissions de méthane – jusqu’à 80 kg par vache et par an – qu’il va falloir réduire au plus vite. La 21e évaluation de l’état économique du pays se focalise sur les pets de vache – méthane entérique et émis par le fumier – sous le beau titre : « Maîtriser les opportunités pour développer un secteur de l’élevage climato-intelligent et compétitif en Tanzanie. » Sauf qu’en anglais on ne dit pas « maîtriser », mais « harnacher », mot incontournable du pipotron de la transition énergétique mondialisée.

 

La Banque mondiale dénonce les vaches péteuses au sud, en Tanzanie

Le directeur local de la Banque mondiale, Nathan Belete, a parlé d’« urgence », s’alarmant de ce que les émissions de méthanes devraient progresser de 50 % d’ici à 2030 alors que le cheptel s’accroît : la Tanzanie accueille 1,4 % des bovins dans le monde, et 11 % des bovins d’Afrique, ce qui représente 7,4 % du PIB national et fait vivre un foyer sur trois dans le pays.

C’est une nouvelle plutôt encourageante pour les Tanzaniens mais ceux-ci devraient non seulement avoir les moyens de mieux gérer leurs bêtes pour les protéger des maladies et les rendre plus productives – pourquoi pas ? – et de promouvoir une croissance « inclusive ». L’idéologie n’est jamais loin.

Pour cela, il va falloir changer l’alimentation des bovins mais aussi réduire l’élevage. Aujourd’hui on ne veut plus voir une seule tête, mais moins de têtes…

 

La Banque mondiale raisonne selon plusieurs schémas ; pourvu qu’on aille vers la mondialisation

Pendant ce temps, en Irak… La Banque mondiale a aussi rendu son rapport sur l’état économique du pays ces derniers jours et constate que son économie ne saurait se rétablir sans une amélioration dans son secteur économique clef : celui du pétrole. La santé financière du pays est indissociable de ses exportations d’or noir, et dépend fortement de l’augmentation du prix du baril… Si tout va bien, la Banque mondiale espère voir les choses s’améliorer en 2025 grâce à une plus grande stabilité politique, des investissements dans les infrastructures pétrolières et une hausse des prix qui permettra à l’Irak de mieux rentabiliser ses exportations. Bref, la Banque mondiale espère que le pétrole coulera à flots et à bon prix au profit de l’Irak.

Et la « transition énergétique » dans tout ça ? Aux abonnés absents. Elle est bonne pour les « pays développés » qu’elle paralyse et appauvrit. Tout cela est politique.

 

Anne Dolhein