La sortie de Bayrou contre « le confort des boomers » a fait sourire. Parce que, né en 1951, il est lui-même « boomer », et plutôt confortablement installé. Parce qu’il impute à tous les Français une situation due à leurs dirigeants, dont lui-même, permanent du système depuis plus de 40 ans. Mais on n’a pas souligné assez combien, dans ses contradictions, il s’est montré socialiste et révolutionnaire, de cette sorte de révolution mondialiste qui choisit ses drapeaux dans l’arc-en-ciel. D’une certaine manière il a raison : les boomers, nés entre 1944 et 1965, sont arrivés sur le marché du travail entre 1965 et 1985 dans une France d’avant le socialisme, et prennent leur retraite à un âge et dans une santé qui portent la trace du monde d’avant. Mais ils ne sont responsables ni de l’Etat-Providence qui redistribue les richesses que pompe l’Etat-Catastrophe, ni du libre-échange européiste et mondialiste qui ruine notre pays au profit du Sud. C’est la combinaison de ces deux politiques qui a produit la dette : on la doit à des politiciens antéboomers, Mitterrand, Chirac, Giscard et quelques autres. Et c’est cette politique socialiste arc-en-ciel que Bayrou tente d’innocenter par sa diversion, en jouant sur un ressort familier aux démagogues socialistes : l’envie. Il ment et il divise pour régner – ou plus probablement pour ne même pas régner.
Les boomers ont eu la chance de passer avant le socialisme
On ne va pas chipoter. Même si une bonne partie des retraites sont d’un montant inférieur au SMIC, on relève bien que le taux de pauvreté est plus élevé chez les 18-29 ans que chez les 65-74 ans, et que les « vieux » sont plus souvent propriétaires que les « jeunes ». On enfonce des portes ouvertes : au fil du temps, les biens s’accumulent. On n’a pas de mal non plus à rappeler que, le marché de l’immobilier ayant grimpé, il est plus difficile à un jeune couple d’acheter une maison « qu’avant ». Du temps des boomers. On ne chipotera donc pas sur des taux d’intérêt (1 % il y a peu, contre 17 % dans les débuts de Mitterrand), ni sur les congés et les horaires de travail faramineux d’aujourd’hui, dont aucun boomer n’aurait osé rêver. On relèvera en revanche qu’en critiquant « le confort » des boomers (donc, en suggérant leur égoïsme – le journaliste François Lenglet accuse même les boomers de « hold-up du siècle »), Bayrou table sur l’indignation des jeunes : s’appuyant sur l’envie égalitariste, dans la meilleure tradition socialiste, il monte une tranche de la population contre une autre, dans la meilleure tradition marxiste. La lutte des âges est le dernier avatar de la lutte des classes. L’intention de François Bayrou est bien politique et révolutionnaire : il dénonce le « confort » (tout relatif, répétons-le) des retraites pour attiser la haine alors que le régime général des retraites est en équilibre. Ce sont les régimes spéciaux, les fonctionnaires en particulier, qui pèsent sur les finances : c’est donc le socialisme qui plombe les comptes, mais Bayrou veut en conserver clientèles et structures. Le leurre des boomers permet de préserver le socialisme en place.
Bayrou partisan du socialisme et du libre-échange arc-en-ciel
Parmi les contradictions qui constituent un élu centriste, François Bayrou a bien dû constater, au bout de décennies d’administration publique, nationale ou municipale, que les déficits ne sont pas éternels ni la dette indéfiniment extensible. Il a donc décidé de faire semblant d’agir contre les conséquences d’un socialisme arc-en-ciel dont il a toujours voté les causes. Mais, ne voulant ni ne pouvant réduire les dépenses de l’Etat, il a reporté sur les Français (qu’il enfume avec sa remarque sur les boomers), le poids de ce effort (petit : même Barnier allait plus loin) qui lui permet de conserver le cap du libre-échange arc-en-ciel. Pour les personnes, il a été explicite : « Je ne suis pas d’accord qu’on fasse de l’immigration la cause de notre situation. » D’accord ou pas, l’immigration est UNE cause, importante, de la dette. Quant au libre-échange intégral des biens, dont le prix Nobel d’économie Maurice Allais a démontré qu’il avait appauvri la France, Bayrou n’en parle pas, mais il le maintient par euro-mondialisme arc-en-ciel. Il faut comprendre que le socialisme mondialiste arc-en-ciel est favorable au libre-échange comme l’était Karl Marx, parce que c’est un formidable outil révolutionnaire (il permet en prime de rallier à la révolution la haute finance).
L’arc-en-ciel, avatar du libre-échange et du socialisme marxiste
Bayrou montre du doigt les boomers comme d’autres ont vilipendé les koulaks ou les accapareurs. La génération Z exulte, elle se sent comprise. Elle ne se rend pas compte que les boomers qu’elle jalouse ont bénéficié d’un monde encore assez exempt de socialisme, et qu’elle subit le socialisme de plein fouet. La dette, c’est l’Etat-providence qui l’a creusée, l’arc-en-ciel qui l’a aggravée, avec les immenses dépenses dues à ses mythes, le covid, la transition énergétique, l’immigration, le monde des associations subventionnées. Si l’on rogne pour la réduire les retraites, ou si l’on impose plus les boomers, on aura encore plus de taxes, sans réduire la dépense publique, c’est à dire encore plus de socialisme pour sauver un socialisme qui ne marche pas, comme du temps de l’URSS. Au reste, Bayrou sait que son projet, même s’il était accepté, n’aurait strictement rien arrangé : c’était seulement un moyen d’appauvrir encore un peu les Français. Quant à la dette, volontairement creusée, elle servira un jour ou l’autre à forcer les Européens à la mutualiser pour arriver à l’Europe fédérale. L’objectif de Bayrou est toujours plus de socialisme et toujours plus d’arc-en-ciel, en alternant, en bon centriste, tantôt la rigueur, tantôt le maternage.