Quelques centaines de personnes ont participé dimanche, à Belgrade, à la première Gay Pride depuis quatre ans. Les autorités serbes en avaient, depuis 2010, interdit la tenue, à la suite des violences (plus de cent cinquante blessés) qui avaient accompagné l’édition 2010. Partis du siège du gouvernement pour se rendre à la mairie de Belgrade – soit un parcours d’environ deux kilomètres –, les manifestants ont donc bénéficié cette année d’une importante protection policière : plusieurs milliers de policiers et gendarmes (bien plus que les manifestants donc) se trouvaient sur les lieux, en tenue anti-émeute.
 
Les manifestants, d’âges divers, agitaient des drapeaux arc-en-ciel, et des banderoles portant l’inscription « Peace and love », slogan dont certains media font le symbole de la communauté LGBT. Tant pis pour les opposants à la guerre du Vietnam et les hippies…
Inquiet des menaces hooligans et de l’opposition de l’Eglise orthodoxe, le gouvernement aura attendu le matin même de la Gay Pride pour l’autoriser.
 

Vers l’Union européenne

 
Mais il lui était difficile de l’interdire une nouvelle fois, alors même que l’Union européenne, avec laquelle la Serbie a entamé les négociations en vue de son adhésion au début de l’année, y voyait un test du respect des droits de l’homme chez le postulant. Ce qui relativise beaucoup la déclaration du premier ministre serbe Aleksandar Vucic : « Nous n’avons pas organisé la Gay Pride parce que c’était la condition de la poursuite des négociations avec l’Union européenne ou parce que nous serions plus favorables à la population gay qu’à la communauté chrétienne, mais pour prouver que dans notre pays il y a des droits et des libertés qui sont garantis par la Constitution. » Et pour quelle autre raison alors, Tanja Miscevic, négociateur en chef pour l’adhésion à l’UE, participait-il à la Gay Pride ?
 

Gay Pride et religion

 
Un propos qui ne répond pas non plus aux questions posées par le patriarche orthodoxe de Serbie Irénée. Parmi lesquelles :
– La défense d’intérêts privés doit-elle et peut-elle se réaliser par l’humiliation et le piétinement des sentiments moraux de l’immense majorité de l’humanité ?
– Est-ce que, par le mépris de la Loi Divine et de l’ordre moral inscrit dans la nature humaine, se réalise la dignité humaine ?
– Êtes-vous à ce point aveuglés par votre vice et votre égoïsme qu’il ne vous gêne pas de mettre en branle tout l’appareil d’État de la Serbie et donner lieu à des dépenses matérielles infondées ?
– Est-ce que par vos « parades » vous propagez seulement vos « droits » ou tentez-vous peut-être d’imposer votre style de vie aux autres ?
– Le fait même que vous qualifiez votre parade de « parade de la fierté », ne témoigne-t-il pas de l’incertitude de votre conscience quant au bien-fondé de votre orientation et votre mode de vie ?