Benedict Daswa, bienheureux sud-africain, martyr de la foi pour avoir refusé de recourir au sorcier

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Tshimangadzo Samuel Benedict Daswa, né en 1946 en Afrique du Sud, converti à la foi catholique, a été béatifié dimanche lors d’une cérémonie dans une paroisse du Limpopo, en tant que martyr de la foi. Sa vie de bon père de famille – avec sa femme Eveline, il avait huit enfants – son rôle en tant que professeur d’école primaire, sa grande foi, sa vie de prière ont tous été soulignés dans le procès qui a conduit à sa béatification. Mais tout cela a culminé dans son martyre : Benedict Daswa est mort assassiné 1990 pour avoir refusé de recourir au sorcier et pour avoir combattu cette religion et cette culture infernales qui sévissent encore parmi les populations noires dans sa région. Il s’opposait de la même manière aux « chasses aux sorcières ».
 
Martyr de la foi, et, si l’on peut dire, de la raison. Benedict Daswa refusait toute forme de superstition dans une culture où elle reste très présente, que ce soit pour obtenir des faveurs auprès des puissances occultes ou pour accuser tel ou tel d’être responsable d’un malheur. Au contraire, il affirmait hautement sa foi et sa piété l’amenait à proposer fréquemment à ses interlocuteurs de prier avec lui le vrai Dieu. Sa propre grand-mère devait se convertir à la foi catholique peu d’années avant la mort de Benedict.
 

Benedict Daswa, un converti qui refuse la sorcellerie et les superstitions de sa culture

 
Dès 1976, le jeune homme s’était fait quelques ennemis. Il faisait partie d’une équipe de football qui traversait une période de défaites. Les joueurs décidèrent de consulter un sorcier. Benedict démissionna, et créa sa propre équipe.
 
A la fin de 1989, sa région est frappée par une série d’orages et d’averses torrentielles. Catastrophiques pour l’économie locale, elles provoquent la rage des habitants, plus encore lors d’un nouvel épisode de mauvais temps au mois de janvier 1990. C’est alors que les anciens exigent que chacun paie 5 rands – l’équivalent, à l’époque, de quelques dollars américains – pour charger le guérisseur traditionnel d’identifier le sorcier « responsable » du mauvais temps.
 
Benedict refuse. C’est de la superstition, dit-il ; les orages sont un phénomène naturel, rien de plus. Cela suffit pour déclencher la colère des anciens, mais ils ne passent pas à l’acte tout de suite.
 
Le 2 février 1990 – il n’a que 44 ans – Benedict rentre en voiture chez lui et se retrouve bloqué par une barricade de branches et de pierre qui barre la piste. Il descend pour écarter l’obstacle. C’est alors qu’une foule armée de pierres et de grosses matraques de guerre surgit des buissons qui bordent la route. C’était un guet-apens. Benedict, sous une pluie de pierres, s’enfuit en courant et parvient à se cacher dans une maison. Mais la propriétaire, prise à partie par la foule qui accourt en hurlant, le somme de sortir. Benedict ne comprend pas ce qu’on lui veut, on l’assure qu’il aura la vie sauve.
 

Le bienheureux Benedict Daswa, premier bienheureux sud-africain, martyr pour s’être opposé au sorcier

 
Dès qu’il apparaît, la foule se met à chanter, à scander : on veut sa peau et surtout son sang. « Puisque tu es catholique, demande à ton Dieu de te sauver ! » Mais Dieu n’est pas une idole qui répond à l’incantation et à la magie…
 
Benedict a compris. « Seigneur, en tes mains je remets mon esprit », dit-il. Un garde de sécurité armé d’une massue le frappe sur la tête, lui fracassant le crâne. Pour être sûrs de l’avoir tué, les assassins versent de l’huile bouillante sur ses plaies, dans ses narines, sa bouche, ses oreilles. Puis ils s’enfuient, certains se vantent chez eux d’avoir tué le chrétien… Malgré quelques arrestations et un début de procès, tout s’arrêtera là : le dossier « disparaît » et l’affaire est classée.
 
Aujourd’hui, les enfants de Benedict se souviennent de lui comme du « meilleur des pères »…
 
Sa béatification est une leçon. Comme l’observe Michael Cook sur MercatorNet, Benedict Daswa est un martyr de la foi, mais il a aussi rendu témoignage à la science. Son exemple devrait émouvoir et enthousiasmer les tenants de la raison et de la science. « Richard Dawkins devrait en exploser de fierté… » Evidemment on ne l’a pas entendu saluer la mémoire de ce pourfendeur de la superstition – parce que le bienheureux Benedict avait la foi.
 
« C’est une erreur, note Cook. La mort de Benedict Daswa apporte une preuve spectaculaire du fait que la foi chrétienne et la science ne sont pas du tout en conflit, mais se soutiennent l’une l’autre. De fait, le christianisme affirme la réalité d’un univers ordonné, intelligible, gouverné par ses propres règles.
 
Comme le dit Jean-Paul II dans un épigramme plein de poésie : “La foi et la raison sont les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. »
 

Anne Dolhein