Le candidat socialiste (démocrate) Bernie Sanders a passé sa lune de miel en URSS, derrière le rideau de fer…

Bernie Sanders lune de miel URSS
 
Tous les coups sont permis dans la présidentielle américaine – surtout ceux qui frappent juste. Parmi les perles du débat entre candidats républicains organisé sur CNBC mercredi soir, il en est une qu’il faut retenir : le sénateur et candidat Lindsey Graham s’est fait fort, mercredi, de stigmatiser les deux principaux adversaires du camp démocrate, parmi lesquels le sénateur Bernie Sanders, auto-proclamé « socialiste », à qui il a reproché bruyamment d’avoir passé sa lune de miel derrière le rideau de fer, en 1988.
 
Ça ne s’invente pas.
 

Une lune de miel au pays des Soviets

 
« Il est allé en Union soviétique pour sa lune de miel et je ne pense pas qu’il en soit jamais revenu », a déclaré M. Graham.
 
Effectivement, Bernie Sanders, candidat sans étiquette à l’investiture présidentielle démocrate, est bien parti, « just married », dans la pittoresque ville de Yaroslavl, derrière le rideau de fer, une petite année avant qu’il ne s’effondre. Il avait même enregistré une interview avec le maire de la ville où, reconnaissant que les soins de santé et les logements fournis par le système américain étaient considérablement meilleurs, il arguait néanmoins qu’ils coûtaient vraiment très chers…
 
Oui, le maire reconnu de Burlington, dans le Vermont, affichait alors sans complexe sa proximité avec les régimes communistes, à une époque où dominait justement la politique étrangère anti-communiste du président Ronald Reagan. Il a beau s’être défendu, en 1997, dans son livre « Outsider in the House », en affirmant s’y être rendu dans le cadre d’une délégation de la ville, le moment du voyage était pour le moins inhabituel : Sanders et son épouse s’étaient mariés la veille.
 

URSS : le « socialiste » voit rouge

 
Alors qu’on ne parle pas de coïncidence ! Bernie Sanders a d’ailleurs tout de suite vu rouge, furieux que cet épisode le rattrape, fustigeant une attaque « ridicule et absurde » contre un simple « programme de jumelage »…
 
« Pensez-vous que le sénateur Graham essaie de faire croire que vous êtes une sorte de sympathisant communiste? » a demandé le présentateur. « C’est exactement ce qu’il essaie de faire » a répondu Sanders.
 
Mais Lindsey Graham, plafonnant à 1% dans les sondages, n’a rien à y gagner. Et la réalité est bien là : Bernie Sanders est un socialiste marxisant.
 

Bernie Sanders : un candidat démocrate avec un programme marxiste

 
Tout d’abord, s’il est rattaché au camp démocrate – on peut en rire – Bernie Sanders reste étiqueté indépendant. Ce fils d’immigrés juifs polonais de 74 ans fait montre d’idées très, très à gauche : c’est même le premier sénateur américain à se présenter comme « socialiste », ou plus précisément comme « socialiste-démocrate » – un mot qui fait frémir le petit monde historique américain.
 
Son programme ? Dirigé contre la Finance en premier lieu, le « big money », celui qui creuse « le niveau obscène des inégalités ». Donc, augmenter l’impôt sur les riches – comprendre la classe moyenne – et les entreprises – comprendre lutter contre les indépendants et les PME familiales – et augmenter le salaire minimum. S’opposer aux grands accords commerciaux internationaux. Étendre la couverture de l’assurance retraite et celle de l’assurance maladie.
 
Notons qu’il défend le mariage pour tous et est grandement favorable à la législation en faveur de l’avortement. Il a aussi très récemment déclaré la guerre à l’islamophobie… en invoquant d’ailleurs son propre état de juif – ce qui est paradoxal quand on se rappelle l’allié qu’a constitué auprès d’Hitler le monde islamique…
 

L’extrême-gauche, pas si loin derrière Hillary Clinton

 
Un candidat atypique, donc, qui connaît néanmoins un envol surprenant dans les sondages. A tel point qu’il est devenu de manière inattendue, le seul vrai rival d’Hillary Clinton, et donc la seule alternative démocrate à la favorite de la vraie gauche historique, proche des gros sous…
 
Bien que cette dernière soit toujours en tête avec 46% des intentions de vote, Bernie Sanders n’en détient pas moins de 27% selon un sondage CBS du 11 octobre – il la devance même dans l’État du New Hampshire… Et le nombre des spectateurs à ses meetings ne fait que croître : il en rassemble 30.000 quand Clinton n’en attire que 5.000.
 

Comme Corbyn, Sanders a les faveurs de Russia Today

 
Un faux marxiste, objecteront certains ! En s’alliant avec un parti du Système, il a trahi sa foi et il a quand même réussi à lever plus de 40 millions de dollars pour sa campagne… Mais c’est l’argent du peuple et non des grosses entreprises, leur répond-il ! Et puis le portrait d’Eugène Debs, malheureux candidat socialiste marxiste à cinq présidentielles américaines du début du XXe siècle, trône inexorablement sur son bureau…
 
Faut-il encore faire remarquer que tout comme le récent vainqueur du Labour Party, en Grande-Bretagne, le très à gauche Jeremy Corbyn, Bernie Sanders a les faveurs d’un journal officiel comme Russia Today qui sait aussi encore très bien défendre « feu   l’URSS…
 
Concrètement, il n’a (encore) aucune chance de l’emporter. Mais sa seule présence et le « certain » succès qu’il obtient, dans cet âge mûr qui est le sien, montre une évolution flagrante dans le paysage politique classique américain – et à plus grande échelle, mondial.
 
La gauche radicale, la vraie, la dure, gagne du terrain. Les États-Unis sont en voie de socialisation, sous l’égide du trotskiste Obama. Et ces phénomènes radicaux grandissant comme Podemos, Syriza, Beppe Grillo ou Corbyn pourraient aussi finir par modifier la scène politique européenne.
 

Clémentine Jallais