A Béziers, la crèche se déplace mais demeure en République !

Béziers crèche République
 
Déjà expulsée, en son temps, rejetée par tous « parce qu’il n’y avait pas de place » pour elle, la même histoire semble recommencer pour la Sainte Famille deux mille ans plus tard… Robert Ménard, le maire de Béziers, a reçu l’ordre lundi de déplacer la crèche qu’il avait installée dans le hall de sa mairie. C’est la première fois, finalement, que l’État donne cet ordre si concret – jusque-là, les tribunaux s’étaient plus ou moins contredits sur le sujet.
 
Il faut proscrire le religieux de la sphère politique ? D’autres religions, pourtant, ne subissent pas le même sort. Il semble que rien de culturel ne puisse ou ne doive demeurer du christianisme.
 

2.000 euros par jour de retard

 
Lundi, la justice a donc ordonné le retrait sous 48 heures de la crèche de Noël du hall de la mairie de Béziers, sous peine d’une amende de 2.000 euros par jour de retard. Robert Ménard a déclaré qu’il appliquerait cette décision à la lettre… et qu’il déplacerait la crèche.
 
Mais pas dans ses cartons : elle sera visible dès jeudi à une adresse toute proche, l’hôtel Dulac. Ainsi, « Les Biterrois  pourront continuer à aller voir la crèche à laquelle ils tiennent tant » !
 
« Elle est expulsée, on va lui trouver refuge ! » s’est-il défendu. Un raisonnement courant dans notre République de migrants-réfugiés, mais qui risque de générer beaucoup moins d’applaudissements. Chapeau bas à Robert Ménard qui refuse de se soumettre aux oukases républicains (et maçonniques)…
 

« Notre crèche de Noël expulsée par l’État ! » Robert Ménard

 
Il faut d’ailleurs admirer la vélocité de ces chiens de garde de la laïcité. Dès le 8 décembre, soit quatre jours après son inauguration, le préfet de l’Hérault, Pierre Pouëssel, a saisi le tribunal administratif de Montpellier pour demander le retrait de cette « provocation ». Dix jours plus tard, avant la fin de l’Avent, le tribunal obtempérait.
 
Alors, certes, il s’est appuyé sur la décision du Conseil d’État du 9 novembre dernier. Décision qui énonce que « l’installation d’une crèche à titre temporaire à l’initiative d’une personne publique dans un emplacement public n’est légalement possible que lorsqu’elle présente un caractère culturel, artistique ou festif, sans exprimer la reconnaissance d’un culte ou marquer une préférence religieuse ».
 
Mais le Conseil d’État n’a retoqué en l’espèce que la crèche installée dans l’hôtel de ville durant la période de Noël 2014. Les trois dernières années, Robert Ménard a pris garde à donner une « dimension plus culturelle et festive » à l’événement, accompagnant la crèche d’un sapin de Noël et d’une boîte aux lettres pour écrire au Père Noël… C’est la raison pour laquelle, il ne craint pas de faire une nouvelle fois appel.
 

« Nier nos traditions, nier ce que nous sommes » (le maire de Béziers)

 
D’ailleurs les arguments du tribunal laissent à désirer. Il a parlé d’une installation qui « ne présente pas de caractères artistiques particuliers, n’étant composée que de santons ordinaires » ! Napolitaine, provençale, inuit, il va falloir justifier maintenant ? … C’est surtout « le cas Ménard » qui semble l’accaparer : parce qu’il « manifeste clairement sa volonté de ne pas tenir compte des décisions de justice ».
 
Ce dernier s’inquiète en revanche, à juste titre. Avant, « ces basses manœuvres politiques étaient le fait de quelques associations laïcardes » (comme la Ligue des Droits de l’Homme). Aujourd’hui, le représentant de l’État lui-même « s’est fait l’agent de cette politique qui consiste à nier nos traditions, à nier ce que nous sommes ».
 

Le Ramadan culturel et l’Avent religieux ?

 
Que fera le préfet Pierre Pouëssel, gentil soldat de l’Elysée et des loges ? Une autre demande en référé pour une nouvelle interdiction à l’hôtel Dulac ? Robert Ménard semble têtu. Et il y a de quoi lorsqu’on avise les « fêtes culturelles » que se targue de recevoir, pire, d’organiser, la Mairie de Paris, entre Ramadan et Fête des Lumières hindoue…
 
« Le ramadan est une fête qui fait partie du patrimoine culturel français. Le célébrer fait partie du partage et ne contrecarre pas la laïcité » avait rétorqué Anne Hidalgo, le 8 juillet 2015 sur RMC/BFM TV.
 
Donc on le célèbre, tous les ans, sous les dorures de l’Hôtel de Ville. Mais la crèche qui doit semblablement revenir tous les ans, n’y plus est admise. Quelque part, c’est reconnaître le caractère véritablement religieux (et religieusement vrai ?!) du catholicisme, à travers la crèche… Mais c’est un maigre lot de consolation. Et le signe certain d’une lutte maçonnique arc-boutée à la haine et à la flagornerie qui ne se cache plus.
 

La République parle bas en Corse…

 
En Corse, bizarrement, personne ne dit rien de la crèche immense, inratable qui s’étale comme chaque année dans le hall de la mairie d’Ajaccio… En 2015, son maire LR, Laurent Marcangeli, s’était tout simplement désolidarisé de l’association des maires de France qui préconisait le bannissement de tout symbole à connotation religieuse des bâtiments publics. Le plus drôle, c’est que même les précédentes mandatures de gauche ne dérogeaient pas à la tradition !
 
« Elle fait partie du patrimoine de la ville, comme la fête de la Madonnuccia le 18 mars où se pressent les élus de tous les bords. Ou celle du 15 août qui célèbre à la fois l’Assomption et la naissance de Napoléon 1er » dit Corse-Matin, dans son édition d’aujourd’hui.
 
Le journaliste parle quand même de « résistance »… En France métropolitaine, ils veulent la casser – en Corse, on attend encore.
 

Clémentine Jallais