Biden lance une nouvelle régularisation de migrants clandestins sur le sol américain

Biden migrants clandestins régularisation
 

Ils seraient environ 500.000 selon la Maison Blanche, mais Trump parle de million… L’administration Biden réutilise le principe de « libération conditionnelle en place » ou « Parole in Place » pour protéger de l’expulsion des centaines de milliers de migrants. Le président a annoncé, mardi 18 juin, que les personnes qui vivent (illégalement) aux Etats-Unis depuis au moins 10 ans, mariées à un(e) citoyen(ne) américain(e), auront la possibilité, sans devoir ressortir du territoire et faire une demande en bonne et due forme, d’obtenir une régularisation avec carte verte à la clef, c’est-à-dire un titre de séjour officiel permanent qui leur permettra, au bout de trois ans environ, de demander la citoyenneté américaine. Cette mesure concerne également les enfants mineurs du couple.

Pour les Républicains, ce n’est ni plus ni moins qu’une politique d’amnistie et donc une invitation pour davantage de clandestins à entrer par effraction dans le pays. Mais pour l’administration progressiste au pouvoir, c’est une énième pierre à l’édifice de leur politique immigrationniste, à leur entreprise de régularisation tous azimuts.

 

Une énième catégorie de clandestins pour « la liberté conditionnelle » : le Parti démocrate aux « frontières ouvertes »

Le programme s’appelle « Parole in Place », un vieux programme qui ne date pas d’hier, objecteront ses promoteurs… Certes, et c’est CBSNews qui le dit, la libération conditionnelle autorise depuis 1952 les fonctionnaires fédéraux à accueillir des migrants qui n’ont pas les visas généralement requis pour entrer aux Etats-Unis. « La loi autorise ces entrées si elles servent une cause humanitaire ou un intérêt public, mais elle ne donne pas aux bénéficiaires un statut juridique permanent. Au lieu de cela, les migrants libérés sur parole dans le pays sont autorisés à vivre et à travailler aux Etats-Unis pendant une période donnée, généralement un ou deux ans. »

Une exception étroite aux lois américaines de l’immigration, donc. Une décision toujours temporaire qui n’ouvre aucun droit à un statut permanent. Mais non seulement l’administration Biden en a fait un usage à un niveau inédit, mais encore elle l’a fait évoluer selon son bon vouloir, outrepassant les règles initiales. « Parole in Place » s’est rapidement révélé un formidable outil de pré-naturalisation.

En 2020, la très démocrate Nancy Pelosi l’a invoquée pour les conjoints des militaires. Et les recours à cette libération conditionnelle se sont par la suite enchaînés pendant le mandat démocrate, pour accueillir des centaines de milliers d’étrangers fuyant les conflits armés en Afghanistan et en Ukraine, ou les crises politiques et économiques dans des pays comme Haïti, Cuba, le Venezuela ou le Nicaragua. Biden a même invoqué cet argument pour admettre 422.000 migrants qui avaient utilisé une application téléphonique gouvernementale connue sous le nom de CBP One pour planifier une heure de traitement à un poste frontalier officiel entre les Etats-Unis et le Mexique et passer plus facilement…

Plus d’un million d’étrangers qui ne remplissaient pas les conditions requises pour l’entrée légale ont ainsi pu bénéficier de cette largesse démocrate (mais attention, pas n’importe lesquels). Et quand on a un permis de travail aux Etats-Unis, toutes les portes finissent par s’ouvrir.

 

7,6 millions de migrants sont venus ici depuis l’entrée en fonction de Biden

La Maison Blanche a donc annoncé, ce 18 juin, cette « nouvelle action visant à maintenir les familles ensemble ». Cette opération concernerait 500.000 personnes, mais d’aucuns la montent au million. A commencer par Trump qui a fustigé « l’une des mesures les plus destructrices de Joe le tordu à ce jour ».

« C’est la chose la plus importante depuis la DACA », a déclaré une source proche du dossier, défenseur de l’immigration, évoquant le programme d’action différée pour les arrivées d’enfants, annoncé par Barack Obama en 2012, qui permettait aux immigrants arrivés illégalement aux Etats-Unis alors qu’ils étaient enfants de rester dans le pays. Aux DACA, d’ailleurs, ayant obtenu leur diplôme dans des universités américaines, Biden propose d’ores et déjà de faciliter leur demande de visa de travail. Le 12e anniversaire de cette mesure phare de la période Obama sera dignement fêté sous peu à la Maison Blanche.

De l’achat de voix ? Certainement. Mais Biden souffle le chaud et le froid puisque début juin, il a provoqué la colère de ceux-là même qu’il fait sourire aujourd’hui, lorsqu’il a fermé en partie la frontière avec le Mexique : la Maison Blanche a restreint à 1.500 migrants par jour, alors qu’il en passait 10.000 par jour en décembre… De quoi calmer son aile droite et attirer quelques trumpistes. Mais s’il faut « sécuriser la frontière » a-t-il dit, il faut aussi « élargir les voies légales » d’immigration ; par cette nouvelle « libération conditionnelle en place », Biden tente de conforter ses électeurs latinos.

 

Régularisation massive et systématique, au détriment des Américains

Cette systématisation politique du recours à « Parole in Place » fait un peu figure de petit 49.3 présidentiel, à la différence majeure qu’elle est compliquée à justifier constitutionnellement parlant et que le Congrès est en capacité de la bloquer… C’est d’ailleurs ce qu’attend impatiemment de faire l’aile républicaine qui le compose. Le nouveau programme devrait logiquement être contesté devant les tribunaux.

L’America First Legal Foundation, un groupe juridique conservateur, se prépare déjà à s’opposer au décret au motif qu’il empiète sur le pouvoir du Congrès d’établir une loi sur l’immigration : « Ce que Biden essaie de faire, c’est d’effacer complètement cette autre disposition statutaire adoptée par le Congrès qui interdit aux gens de modifier leur statut aux Etats-Unis s’ils sont entrés illégalement. » Il leur faut sortir du territoire avant d’entamer quelque procédure que ce soit – la nouvelle disposition les en dispenserait.

« Si les tribunaux n’arrêtent pas cela maintenant, l’exécutif dispose d’un pouvoir illimité dans le domaine de l’immigration que personne ne pourra arrêter », ajoute la fondation. C’est une incitation supplémentaire à franchir la frontière. Pour certains, c’est même une déclaration politique.

Et pourtant, le peuple américain n’y souscrit pas dans sa majorité, quoique Biden en dise. Un sondage réalisé par CBS du 5 au 7 juin révèle que plus de 60 % des Américains, dont une majorité d’Hispaniques, sont favorables aux expulsions massives de tous les clandestins vivant actuellement aux Etats-Unis. L’immigration est devenue la question la plus importante de ces derniers mois pour l’électorat américain. Une patate chaude avec laquelle on espère bien que Biden se brûlera les doigts.

 

Clémentine Jallais