La BIS (Bank for International Settlements) met en garde contre l’explosion de la dette mondiale

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Située à Bâle, la Banque des règlements internationaux (BRI, Bank for International Settlements en anglais ou BIS), surnommée la « banque centrale des banques centrales », créée en 1930, est la plus ancienne organisation financière internationale.

 
Le niveau de la dette mondiale est en train d’atteindre une limite qui pousse l’économie vers l’explosion, vient de prévenir la BIS (Bank for International Settlements), la « banque centrale des banques centrales » basée à Bâle, en Suisse. Elle met en garde contre la consommation démesurée de crédit aussi bien dans les pays riches que dans les économies émergentes – même si ces derniers, après avoir emprunté de manière débridée à hauteur de 3,3 milliers de milliards de dollars depuis la dernière crise, ont brusquement cessé de le faire au cours du dernier semestre de 2015. Selon l’économiste en chef de la BIS, Claudio Borio, le « jour du jugement est proche » : le jour où le monde connaîtra une crise plus grave encore que celle de 2007.
 
Dans un contexte d’instabilité croissante sur les marchés financiers, « nous ne voyons peut-être pas des coups de tonnerre venus de nulle part, mais le grondement d’une tempête qui se prépare depuis très longtemps », a-t-il indiqué.
 

La BIS prévoit une crise de la dette plus grave qu’en 2007

 
C’est une politique monétaire sans précédent, reposant sur le crédit facile et l’abondance de l’argent alors que la productivité reste maigre, que la croissance est « insipide » et que chacun cherche à éviter les réformes majeures qui s’imposent, avertit le rapport trimestriel de la BIS.
 
La dette globale représente aujourd’hui plus de 200 % du PIB mondial : c’est un niveau plus élevé qu’avant le krach financier de 2007 qui fait courir d’importants risques de défauts de paiement, selon la BIS, aggravés par les dévaluations dans les pays émergents, la chute du prix du pétrole et des matières premières, et le ralentissement de la croissance. Mais si les conditions du crédit et de l’accès aux liquidités deviennent plus stricts, cela n’est pas non plus sans risques : « Si elles persistent, elles peuvent augmenter le risque d’instabilité dans certains pays, notamment ceux où d’autres indicateurs pointent déjà un risque accru de stress financier. »
 
Pour la BIS, la décision de la Banque fédérale américains d’augmenter ses taux d’intérêt pour la première fois en huit ans, en décembre dernier, a provoqué un « calme suspect des marchés » qui indique la « détresse des emprunteurs » : elle croit en voir les signes effectifs en ce premier trimestre de 2016.
 

La Bank for International Settlements prévoit l’explosion de la dette mondiale

 
En substance, la banque centrale des banques centrales accuse grand nombre de ses consœurs nationales ou régionales de jouer à un jeu dangereux, où la modicité des taux d’intérêts a provoqué une surconsommation dont le niveau est aujourd’hui tel qu’il devient tout aussi dangereux de revenir à la raison. Selon la BIS, les banques centrales sont aujourd’hui incapables d’empêcher l’effondrement du cycle du crédit. Elles ont au contraire créé des « distorsions énormes » sur les marchés obligataires mondiaux par le biais des intérêts négatifs pratiqués ici ou là, et qui pourraient un jour être répercutés sur les clients individuels.
 
Bref, alors que la BCE (Banque centrale européenne) devrait continuer sa politique d’injection de fonds dans la zone euro par le biais du Quantitative Easing, plongeant encore plus avant dans une logique d’endettement sans frein, « la confiance en la capacité de rétablissement par les banques centrales bégaie – probablement pour la première fois », selon Claudio Borio.
 

Anne Dolhein