Un rapport officiel critique gravement la responsabilité de Tony Blair dans la guerre d’Iraq : malgré cela, le tribunal de La Haye ne poursuivra pas l’ancien premier britannique, pas plus que la justice américaine ne poursuit Hillary Clinton pour sa négligence sur internet : alors qu’il a lancé un processus général de mise au pas de la société en poursuivant politiques et chefs d’entreprises, le mondialisme protège ses bons petits soldats et leur évite de faire face à leurs responsabilités.
On ne parle que de lui en Angleterre : Sir John Chilcot, ancien haut fonctionnaire, vient de remettre au gouvernement de Sa Majesté un rapport fleuve sur la guerre d’Irak, de sa préparation en 2002 au retrait britannique du pays en 2009. Quatorze personnes y ont été employées à plein temps pendant sept ans, 129 témoins ont été entendus, cent cinquante mille documents analysés, douze volumes produits, pour un coût total de plus de dix millions de livres. Il ne sera publié qu’aujourd’hui et l’on n’en connaît pas la teneur, mais chacun sait que les fautes de plusieurs responsables britanniques y sont relevées, en premier celles de leur chef, Tony Blair.
Tony Blair avait le devoir de vérifier ses renseignements
Celui-ci refuse bien sûr de commenter un document qui n’a pas encore été divulgué, mais s’est déjà défendu préventivement contre les accusations dont il craint qu’elles soient portées contre lui en disant que « les services d’espionnage lui ont fourni de mauvaises informations » qui l’ont mené à partir en guerre contre l’Irak en croyant que le pays disposait d’armes de destruction massive. Et il a nié avoir exercé la moindre pression pour étouffer le rapport Chilcot, comme la presse anglaise l’a prétendu à plusieurs reprises. Mais l’argument ne convainc pas les militaires. Sir Michael Rose, le général qui commandait les forces spéciales affirme que les familles des cent soixante dix neuf soldats britanniques tués durant la guerre d’Irak poursuivront Tony Blair s’il s’avérait que l’information des services a été « traitée avec négligence ».
L’ancien premier anglais a en effet dit devant la Chambre des communes que, avant de décider l’invasion, il avait eu entre les mains des informations « nombreuses, détaillées, et faisant autorité » selon lesquelles Saddam Hussein disposait d’armes biologiques et chimiques et s’apprêtait à en acquérir des nucléaires. Pour le général Rose, Tony Blair avait « la responsabilité personnelle, en tant que dirigeant de ce pays, d’éprouver et vérifier de façon appropriée les informations venant des services dont il s’est servi pour justifier la guerre ». Et l’amiral Alan West, first sea lord au moment des faits, estime que Tony Blair a utilisé sciemment des renseignements fallacieux pour justifier une décision déjà prise de déclarer la guerre.
Des soldats que nul ne protège
Avant d’occuper le poste de premier lord de l’amirauté, Lord West avait été chef du renseignement militaire anglais à la fin des années 1990, et à ce poste avait acquis la conviction que Saddam Hussein ne possédait rien de l’arsenal qu’on lui prêtait sinon « quelques obus chimiques », mais il a « senti que les gens avaient décidé de partir en guerre contre lui (…) ils cherchaient désespérément une raison d’entraîner le public et le parlement. » Lord West poursuit son témoignage accablant en racontant qu’à la mi 2002, « quelqu’un de très très haut placé dans le renseignement et la politique m’a dit qu’on allait se battre avec Saddam vers la fin de l’année. »
Les faits sont donc là, Tony Blair a déclenché une guerre inutile et ruineuse (495.000 hommes dont près de deux cent soldats britanniques qui y sont morts, l’économie irakienne a été détruite, et la guerre est désormais endémique là-bas, et s’exporte sous la forme d’un terrible terrorisme) sur des renseignements faux, dont il savait sans doute qu’ils étaient faux. Et le rapport Chilcot l’établit, selon toute probabilité, sans ambiguïté.
Quand les procureurs évitent le tribunal au malfaiteur
Pourtant, le procureur de la couronne britannique a déjà exclu deux fois de poursuivre Tony Blair et le procureur du Tribunal international de la Haye vient de faire de même. Il a annoncé qu’il étudierait avec attention le rapport Chilcot pour lancer un examen préliminaire, et qu’il pourrait servir de fondement pour incriminer des soldats britanniques qui se seraient mal conduits en Irak, mais pas Tony Blair. L’ancien premier ministre britannique ne sera jamais inculpé de crime de guerre par le tribunal international de la Haye, et le procureur a rappelé pourquoi : « Comme nous l’avons déjà indiqué en 2006, la décision du Royaume Uni de faire la guerre en Iraq n’est pas de la compétence de la Cour. » Devant l’émotion des familles des victimes, et l’inquiétude de l’armée qui craint que des lampistes ne paient pour quelques bavures, le procureur a tenu à préciser que le tribunal pénal international cherchait à introduire le « crime d’agression » dans son champ de compétences, qui qualifierait toute invasion illégale, mais que ce n’était pas encore fait « et que de toutes façons il ne s’appliquera pas rétroactivement ». Cela n’empêchera pas, bien sûr, le vulgum pecus de traîner Tony Blair au tribunal, mais ses chances d’aboutir demeureront limitées, et de toute manière, ni l’Etat britannique, ni la communauté internationale ne souhaitent que l’ancien premier anglais ne soit sanctionné.
Hillary Clinton coupable dans l’affaire des Courriels
On retrouve la même mansuétude déplacée, la même complicité pour mieux dire, dans l’impunité dont jouit Hillary Clinton dans une affaire un peu moins grave sans doute, mais nullement négligeable, celle des courriels qu’elle a envoyés à partir d’adresses électroniques privées lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, c’est-à-dire ministre des affaires étrangères des Etats-Unis. L’affaire n’est pas mince, puisque plus de trente mille messages ont été ainsi envoyés de 2009 à 2013, de simples « boîtes mail » non sécurisées, alors qu’ils traitaient de diplomatie ou de la défense américaine. Hillary Clinton vient d’être entendue à ce propos par le FBI pendant trois heures à l’issue desquelles le patron de la police fédérale, James Comey, a publié un communiqué très surprenant et complètement contradictoire.
Il a en effet établi sans contestation possible que 110 des courriels incriminés contenaient des informations classées confidentielles, dont soixante cinq secrètes, et 22 « top secret ». Et, contrairement à ce qu’alléguait Hillary Clinton pour sa défense, certains de ces messages envoyés et reçus étaient ainsi classifiés au moment où ils furent envoyés et reçus (36 secrètes, 8 top secret).
Clinton sauvé comme Blair par la justice
La faute d’Hillary Clinton est lourde, et elle est prouvée par James Comey, le patron du FBI : or le même Comey, dans le même communiqué, a recommandé de ne pas poursuivre l’ancien secrétaire d’Etat malgré ses « négligences graves ». Pourquoi cette incroyable contradiction ? Parce qu’il n’est pas établi qu’Hillary Clinton ait eu « l’intention » de mal faire. L’argument ne vaut rien. En effet, avant d’entrer un fonction, l’ancien secrétaire d’Etat était tenue de signer et a signé deux engagements de discrétion (NDA, non disclosure agreements). Le premier dit : « J’ai été informée que la diffusion non autorisée, la rétention non autorisée ou le traitement négligent d’informations sensibles de ma part peuvent causer un tort irréparable aux Etats Unis ou peuvent être utilisés à l’avantage d’une nation étrangère ». L’autre précise : « Je comprends qu’il est de ma responsabilité de consulter les autorités compétentes dans ce département pour m’assurer que des informations ou du matériel que j’ai à connaître ou dont j’ai la maîtrise peuvent être considérés comme sensibles ». Il n’y a pas la moindre ambiguïté, qu’elle ait voulu faire fuiter une information ou qu’elle soit ignorante et négligente, Hillary Clinton est coupable d’une faute grave et devrait passer devant le tribunal. Mais le patron du FBI lui sauve la mise.
Le mondialisme met la société au pas et protège ses soldats
Le mondialisme protège décidément ses bons soldats. Tony Blair a fait son job en poussant à la guerre en Irak, Hillary Clinton le sien en Afghanistan et en Libye, ils sont prêts à remettre ça l’une à la Maison Blanche, l’autre en se proposant de vider le Brexit de sa substance. Pour cette raison ils se voient épargner la peine d’être traduit devant un tribunal comme ils le mériteraient. Cette clémence coupable est d’autant plus choquante que le mondialisme est en train de mettre au pas sans ménagement hommes politiques, financiers et entrepreneurs. Les puissants ne sont plus toujours à l’abri des jugements de cours, Balkany et Dassault en savent quelque chose, et même Juppé, Chirac, Ayrault, Emmanuelli ont été condamnés par un tribunal. La lutte contre la corruption s’étend, celle contre la fraude fiscale prend un tour obsessionnel et spectaculaire, on l’a vu par les Panama Papers, on montre les patrons du doigt (voir Carlos Ghosn) quand ils touchent de trop gros salaires, on traîne la BNP ou Volkswagen devant un tribunal américain. Partout on parle de mains propres et d’assainissement, mais quand il s’agit des bons soldats du mondialisme, tout est bon pour les sauver, il n’y a plus de morale qui tienne. Cela révèle toute la supercherie : il ne s’agit ni de justice ni de vérité, il n’y a qu’une révolution en marche. Ses serviteurs sont au-dessus des lois.