Violence à Orly entre Booba et Kaaris : le rap, chant de guerre ethnique dans une France américanisée

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Booba et Kaaris, deux figures du rap, ce « chant » syncopé d’une grande violence, se sont bagarrés à l’aéroport d’Orly avant d’être interpellés et placés en garde à vue. Ce débordement de la France communautariste américanisée sur l’espace public est un prodrome de guerre ethnique.
 
Deux chances pour la France accompagnées de leurs petites bandes se sont frittées hier à d’Orly au cours d’une mêlée confuse qui a débordé dans une boutique Duty free où ce beau monde s’est lancé des flacons de parfum cher à la tête. Booba, 41 ans aux mangues, né Elie Yaffa à Boulogne Billancourt d’un père sénégalais et d’une mère belge, a grandi à Melun. C’est une pointure du rap français, il a huit disques d’or et cinq de platine, il a été invité chez Ruquier en 2007 pour parler de la présidentielle et de l’immigration. Il vit à Miami mais gagne des millions en France. Kaaris, né Okou Armand Gnakouri de deux parents ivoiriens à Abidjan, a grandi à Sevran. Son succès public est un peu moindre, quoique Or noir (2013) ait cartonné, mais les connaisseurs lui reconnaissent le mérite d’avoir introduit le trap en France. Le trap, si j’ai bien compris, est un rap tiré vers la musique électronique ; à l’origine, c’était ce qu’on jouait dans les lieux où l’on trafiquait de la drogue.
 

Bagarre entre Booba et Kaaris à Orly : le rap mène à la violence

 
Booba et Kaaris se sont rencontrés hier à Orly car ils devaient se produire tous deux à Barcelone aujourd’hui et se sont battus, dit la presse, « avec une grande violence », une dizaine de personnes, leurs entourages respectifs, étant impliqués. On ne sait pas qui a commencé, chaque partie accusant l’autre. Il semble que Booba, qui mesure 1 mètre 92 et fait de la musculation, ait eu le dessus. En attendant les résultats de l’enquête, les images filmées par des spectateurs ne permettent pas de se faire une idée bien nette de l’échauffourée. On suit des jeunes qui se frappent et se poursuivent au milieu de voyageurs interloqués, on entrevoit quatre personnes en frapper une autre, qui leur tourne le dos dans une position de soumission. On entend des cris, dont une phrase de victoire et de défi de Booba, et l’on voit le rayon parfum d’une boutique hors taxe ravagé. La bagarre s’est terminée à l’arrivée des CRS selon certaines sources, par l’intervention de la sécurité de l’aéroport d’Orly selon d’autres. Celle-ci fait mention sur son compte tweeter d’une simple « altercation passager ». Le hall 1 a été temporairement fermé, ce qui a entraîné des retards n’excédant pas une demi-heure.
 

Punchlines, clash : guerre verbale dans une France américanisée

 
La raison de la bagarre, elle, est beaucoup plus claire, il s’agit d’une rivalité entre rappeurs. Booba et Kaaris avaient pourtant tout pour s’entendre, âges proche, même type de diversité, religion commune : né dans une famille chrétienne, Kaaris s’est converti à l’islam, et Booba se revendique lui aussi musulman, quoique une rumeur persistante l’ait présenté comme juif, peut-être à cause du nom de sa mère, Lucie Borsenberger, ou peut-être parce que Tariq Ramadan l’a attaqué parce qu’il soutient Israël.
 
L’animosité entre Booba et Kaaris viendrait semble-t-il de l’ingratitude du dernier. En 2011, Booba, qui aime à parrainer les jeunes talents du rap, offre à Kaaris de participer à une mixtape, puis lui confie le morceau Kalash dans son album Futur. Kaaris lui en est reconnaissant. Mais Booba est le roi du rap, de la fripe (il monte une boite de fringue) et de la frime. Il aime parader et défier les autres rappeurs, souvent d’anciens associés, avec lesquels il multiplie les « punchlines » et les « clash » verbaux. Or, dans une de ces disputes de coq avec les rappeurs La Fouine et Rohff, Booba accuse Kaaris de ne pas l’avoir soutenu. Depuis, c’est entre les deux hommes un assaut permanent de violence verbale, qui a débouché hier sur de la violence physique.
 

Le Rap contre la France, son histoire, sa métrique

 
Voilà qui est important. Le rap est on le sait à l’origine un acronyme qui signifie rock against the police. En France, il prêche la violence contre beaucoup d’autres choses, en général contre la France, ses institutions, ses habitants, ses coutumes. Tant et si bien qu’il a suscité par réaction un rap identitaire français (genre Kroc Blanc), cela menant la France à se communautariser, donc à s’américaniser, ce que confirment et les paroles, et les rythmes du rap : le remplacement de la métrique française figure et accompagne celui de sa population. Jusqu’à présent, les gens sérieux minimisaient tout cela, ce n’est que de l’art, des paroles, chacun est libre, et les rappeurs les plus furieusement haineux s’en tiraient en général devant les tribunaux malgré leurs paroles incendiaires. Ici, la poésie, comme le veut son étymologie, s’est faite acte, le rap est devenu violence physique, et il se découvre pour ce qu’il est : un chant de guerre ethnique.
 

Derrière une parade de dominants, l’ombre de la guerre ethnique

 
On me donnera à observer que la bagarre Booba Kaaris a opposé entre elles deux bandes issues de la diversité africaine. Il s’agissait non d’une guerre ethnique mais d’un défi homérique, de la parade de deux grands mâles dominants pour asseoir leur pouvoir sur leur basse-cour, avec des invectives d’une jactance caractéristique, genre Mohamed Ali contre ses adversaires. Sans doute. Mais la transgression de l’espace et de l’ordre public est manifeste, et pour qui regarde passer les images du web, migrants à Ceuta ou sur les plages espagnoles, terreur à Calais, etc., on voit se développer un mouvement de violence extrême et conquérante venue d’Afrique. Le temps est loin où la propagande « antiraciste » inventait la marche des beurs pour imposer l’intégration des populations maghrébines en France. Aujourd’hui, une propagande ouvertement raciste promeut un processus de soumission-substitution. Elle magnifie la domination des blacks par la violence et l’intimidation, pas seulement dans les cités, mais dans le lieu chic et soft qu’est un aéroport.
 

Chanter la violence pour gagner la guerre sans combattre

 
Le site Koreus conjecture que la bagarre Kaaris-Booba est peut-être d’une mise en scène commerciale : c’est possible, tout ce monde étant rompu au spectacle et personne n’ayant été blessé, mais même si c’était le cas, l’occupation de l’espace, les images, et le mépris de la France sont les mêmes.
 
Il s’agit d’intimider le bourgeois, de tétaniser l’autochtone. On entre dans une stratégie à la Sun Tzu qui vise à gagner la guerre ethnique sans même avoir à la faire. La récente affiche du métro pour un médicament contre le sida montrant un homo costaud noir et une petite fiotte blanche y participe. Le message est clair : si vous ne bougez pas, on vous laissera vous éteindre à peu près tranquilles. Votre temps est fini parce que votre vitalité est épuisée.
 

Une guerre ethnique sans autre violence que la reproduction

 
La chose a été entendue par le ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borell, qui a justifié le grand remplacement en cours par l’incapacité des Européens à se reproduire : « L’évolution démographique en Europe démontre que, si nous ne voulons pas nous transformer progressivement en un continent de personnes âgées, nous avons besoin de sang neuf, qui ne semble pas pouvoir provenir de notre capacité de procréation ». Voilà qui est net et franc, débarrassé du verbiage habituel sur le financement des retraites. Une société qui tolère de tels propos, et qui tolère la violence de Kaaris et Booba, abandonne ceux qui la composent aux terreurs d’une guerre ethnique perdue.
 

Pauline Mille