Brexit : Liam Fox rêve d’une autre forme de mondialisation commerciale pour le Royaume-Uni

Brexit Liam Fox mondialisation commerciale Royaume Uni
Liam Fox

 
Dans une tribune publiée par le Telegraph de Londres, le secrétaire d’Etat britannique au commerce international, Liam Fox dit tout son enthousiasme à l’orée d’une nouvelle ère de libre-échange rendue possible selon lui par le Brexit. Le texte a été publié alors qu’il s’apprêtait à partir pour Washington afin de mener dans la capitale des Etats-Unis des pourparlers avec ses homologues américains en vue de dessiner la future relation commerciale et d’investissement entre les deux pays. C’est une nouvelle forme de mondialisation qui viendra donc remplacer celle orientée vers l’Union européenne.
 
« Le commerce entre les deux pays “vaut” déjà plus de 150 milliards de livres par an, les Etats-Unis sont la plus grande source unique d’investissement étranger au Royaume-Uni, et au total, il y a environ 1.000 milliards de dollars d’investissements réciproques », observe Liam Fox.
 
C’est un « nouveau chapitre enthousiasmant » qui s’ouvre, selon le secrétaire d’Etat : « Pour la première fois en plus de 40 ans nous allons pouvoir profiter des marchés qui se développent dans le monde et définir des relations commerciales en partant de l’intérêt national de la grande Bretagne. »
 

Le Brexit ne siffle pas la fin de la mondialisation

 
Il est sur la ligne – et il le rappelle – du Premier ministre Theresa May qui annonçait, en présentant sa vision du Royaume-Uni hors de l’UE, vouloir « profiter de cette occasion pour rendre le Royaume-Uni plus fort, plus équitable, mais aussi pour construire un Royaume-Uni plus global ».
 
« Si nous voulons protéger les emplois britanniques ainsi que notre prospérité et voir nos entreprises se développer, nous devons interagir avec les marchés qui vont produire le plus de richesses. L’UE elle-même estime que 90 % de la croissance mondiale au cours de la décennie à venir viendra d’en-dehors de l’Europe », explique Liam Fox. Et c’est intéressant. Cela montre, contrairement à l’idée que vendaient les fédéralistes européens il y a 15 ou 10 ans, que l’Union européenne n’est pas l’entité dynamique et protectrice des intérêts européens qu’elle prétendait être. On devine au contraire qu’elle est un frein, voire un boulet, même sur le plan du commerce international – alors que le libre-échange l’a vidée de ses forces vives industrielles.
 
« Dans mon rôle de secrétaire d’État au commerce international, j’ai rendu visite à la quasi-totalité de nos partenaires commerciaux à croissance rapide. Et dans chaque pays, j’ai trouvé un appétit presque sans limite pour les biens, les services et l’expertise britanniques, et un vrai désir d’abattre les barrières commerciales », explique la tribune de Liam Fox, évoquant notamment le cas de pays du sud-est asiatique. Fox annonce tout faire pour préparer les nouveaux accords de libre-échange que le Royaume-Uni pourra légalement conclure une fois sortie de l’Union européenne.
 

Liam Fox veut organiser une nouvelle mondialisation commerciale au profit du Royaume-Uni

 
Son secrétariat d’Etat, créé en juillet 2016, compte déjà une « force globale », une armée de 3.000 fonctionnaires, tandis que le nombre de collaborateurs du Trade Policy Group, composé de spécialistes de la politique et de l’économie pour les pays du monde entier ainsi que d’analystes et de juristes économiques, a quadruplé. C’est dire la complexité d’une reprise du pouvoir souverain dans le domaine des accords commerciaux – alors même que le Royaume-Uni n’est pas empêtré dans l’euro et qu’il a conservé un certain nombre de libertés et de compétences que les autres membres de l’UE ont abandonnées entre les mains de Bruxelles.
 
Il veut aussi continuer d’échanger avec les pays de l’Union européenne sans droits de douane et sans « frictions », en recherchant la mise en place d’un « partenariat spécial qui comprenne le libre-échange généralisé et des accords douaniers ». Mais ce ne sera pas sans profiter des possibilités en vue de faciliter des accords à l’échelle mondiale, directement avec les Etats-Unis, la Chine, Japon, Inde ou les pays du Golfe, selon des processus de ratification très simplifiée par rapport à l’UE.
 
Au bout du compte ? Davantage de globalisation. On ne se refait pas.
 

Anne Dolhein