Sous la pression des USA, Bruxelles impose à nouveau un contrôle de sécurité aérienne

Bruxelles contrôle sécurité aérienne
 

Les voyageurs qui subissent à longueur de temps l’infantilisation voulue et les exercices d’ingénierie sociale qu’impose le trafic aérien sous couleur de sécurité étaient ravis que certains contrôles, comme la mise en soute ou la confiscation des liquides et crèmes transportés en bagage cabine, soient en voie de disparition. Dans des aéroports européens de plus en plus nombreux, comme par exemple Francfort en Allemagne ou Schiphol d’Amsterdam aux Pays Bas, un scanner nouveau permettait de détecter tout contenant suspect, tout explosif potentiel, sans qu’il soit nécessaire de mettre à part son tube de dentifrice, son pot de miel ou sa bouteille. Chacun espérait que tous les aéroports seraient équipés à terme de ces scanners perfectionnés dénommés en anglais EDS Cabin. C’était sans compter sans l’inféodation de l’Union européenne aux Etats-Unis et sans la prétention de ceux-ci à soumettre tout ce qui est sécurité à leur propre politique. L’UE avait officiellement autorisé l’emploi des EDS Cabin en 2021, mais elle vient d’émettre un règlement d’exécution contraire ce 31 juillet.

 

De nouveaux scanners évitaient les contrôles lents

Selon un cadre de l’aviation civile des aéroports de Paris, cette régression se fait sous la pression des « Etats-Unis qui ne veulent pas d’une libéralisation du contrôle des liquides ». Derrière ce qui pourrait bien n’être qu’un prétexte les Américains affichent aussi une crainte géopolitique sur la « cybersécurité » : l’un des principaux producteurs de ces EDS Cabin est chinois (le groupe Nuctech) et Washington craint qu’il ne profite de sa position pour scanner des données sensibles contenues dans les bagages. Mais selon un cadre de l’aviation civile anonyme, la vraie raison est « moins vertueuse à refuser ces nouveaux matériels très perfectionnés : aucun industriel d’outre-Atlantique n’en fabrique ». En tout cas, la nouvelle décision prend à contrepied tout le secteur. Ces EDS Cabin sont « le prochain standard technologique dont la Commission européenne a demandé le déploiement dans tous les aéroports de l’Union d’ici 2030 », comme on l’indique du côté de Groupe ADP, et cette « feuille de route » reste, à ce jour, inchangée.

 

Bruxelles sème le désordre en Europe pour satisfaire les constructeurs américains

Cependant la DGAC a demandé aux aéroports français d’exiger des passagers qu’ils tirent leur dentifrice de leur voyage de cabine. Une contradiction ubuesque qui coûte très cher. En effet, l’organisation qui représente les aéroports européens, Airport Council International (ACI Europe) rappelle que ces nouveaux scanners coûtent en moyenne huit fois plus que les anciens. Selon Olivier Jankovec, directeur général d’ACI Europe, les aéroports qui ont investi sont « lourdement pénalisés, financièrement et opérationnellement ». La volte-face de Bruxelles entame « la confiance que l’industrie peut avoir dans le système de certification européen » actuel des équipements de sécurité aériens qui a pour première mission d’assurer « sécurité juridique » et « stabilité opérationnelle ». L’aéroport a acheté dix EDS Cabin entre 500.000 et 800.000 euros la pièce pour dix de ses deux cent postes de filtrage – et cela pour rien : ils économisaient trente pour cent de temps de passage, mais on revient aux bons vieux rayons X. L’administration française n’a pas le monopole de l’absurdité.