Contradictions françaises sur le budget de sauvetage des migrants

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Dans le dossier « migrants » qui a fait l’objet du dernier sommet européen à Bruxelles jeudi, la France, par l’intermédiaire de son exécutif, parle de façon contradictoire. Si le budget de sauvetage des migrants doit être, selon les dernières décisions prises, fortement augmenté – à l’opposé de ce que les autorités bruxelloises voulaient effectivement faire en substituant leur plan Triton au Mare Nostrum des Italiens, mais du fait, bien sûr, de la pression de l’ONU – l’est-il, oui ou non, suffisamment ? L’enthousiasme de François Hollande masque mal le scepticisme du porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, qui interprètent ainsi un étrange duo des contradictions françaises.
 
Sitôt terminé le sommet, François Hollande a précisé que la France allait mettre à la disposition de l’opération européenne de recherche et de sauvetage Triton un navire patrouilleur, un remorqueur de haute mer et des avions de surveillance. « Tripler, a-t-il commenté en évoquant les chiffres donnés lors du sommet, cela veut dire aller même au-delà de ce qui existait dans une opération qui s’appelait Mare Nostrum et qui visait à sauver des vies humaines et en même temps à assurer le contrôle des frontières. »
 

Nouveau budget pour le sauvetage des migrants en Méditerranée

 
« Au-delà »… c’est manifestement parler un peu vite, si l’on en croit les responsables de l’Union européenne qui évoquent un retour sur ce qui se faisait du temps de Mare Nostrum. Mais surtout, c’est une farce à laquelle le président de la République se prête. Car Mare Nostrum, c’était l’Italie ; alors que Triton, c’est l’Union européenne. Autrement dit, on a du mal à comprendre comme les Vingt-huit parviennent seulement à aligner le même budget que l’Italie auparavant.
 
En outre, François Hollande n’explique pas comment on peut à la fois sauver des migrants, et protéger nos frontières. Que fait-on des migrants ? On les renvoie chez eux ?
 
Evidemment, François Hollande profite de l’occasion pour s’en prendre à Nicolas Sarkozy, son prédécesseur, l’accusant, par son opération libyenne, d’avoir déstabilisé la région, et provoqué ces mouvements migratoires sans prévoir la suite.
 
On peut dire bien des choses de l’action de Nicolas Sarkozy sur ce sujet. Il n’en reste pas moins que François Hollande ne s’est pas intéressé beaucoup, jusqu’ici, à cette question des migrants – qui est d’ailleurs bien plus ancienne que la période du quinquennat de son prédécesseur.
 

Contradictions françaises et socialistes

 
Qui plus est, sa satisfaction sur les nouveaux moyens économiques dégagés dans ce dossier contraste avec le propos de porte-parole de son gouvernement. « Il a fallu attendre des drames, et ils se sont multipliés depuis quelques semaines, pour qu’on revienne au dispositif mis en place par l’Italie, à l’échelle de l’Europe. C’est déjà un retour à un peu plus d’engagement de l’Europe mais on est loin du compte par rapport aux enjeux », a en effet déclaré Stéphane Le Foll au lendemain de l’annonce du triplement des moyens pour le sauvetage des migrants en Méditerranée.
 
Il faudrait que les socialistes, une bonne fois, accordent leurs violons. D’autant que les échos, à gauche, sont décidément très disparates. Si l’on compte que, comme le disait Michel Rocard, la France ne peut accueillir « toute la misère du monde », même si elle doit en prendre sa part, Bernard Kouchner affirme aujourd’hui que, « à 550 millions d’Européens, on prend prendre 550.000 » migrants.
 
On ne sait trop sur quoi se fonde l’ancien ministre pour établir cette proportion. Mais on nous permettra de noter que 550.000, d’une part, ce n’est rien par rapport aux misères qui s’accumulent sur notre planète ; et, d’autre part, nous les avons déjà largement accueillis, non pas sur l’ensemble des Vingt-huit, mais dans la seule France. Il faudrait peut-être alors en céder aux voisins ? qui eux-mêmes en ont aussi, pour la plupart, déjà beaucoup accueillis.
 
Il serait peut-être temps que nos politiques, au lieu de tenir des propos dans l’air du temps, réfléchissent aux réelles dispositions politiques que nécessite une situation de plus en plus délicate, là-bas comme ici.
 

François le Luc