Le procès du Bugaled Breizh, un chalutier breton coulé au sud de l’Angleterre avec cinq marins à bord il y a dix ans vient de se conclure par un non-lieu. Pourtant, les incertitudes de l’enquête ne sont pas levées, et les familles des victimes se demandent quelle justice est rendue. Elles vont faire appel.
L’enquête a été longue et compliquée. Le 15 janvier 2004 à la mi-journée le Bugaled Breizh coulait, sans laisser de survivant. Pas de témoin mais un fait surprenant par mer calme sans haut fond. Plusieurs pistes furent suivies. Le 31 juillet 2008 en éliminait six : vague scélérate, erreur de navigation, défaut d’entretien, abordage, croche du filet sur le sable.
L’enquête n’a pas tranché
Et concluait qu’un sous-marin, participant à des manœuvres dans la zone, aurait entraîné le chalutier au vers le fond. La Cour d’Appel de Rennes, en 2009 et 2010 ordonnait des investigations sur deux suspects, un anglais et un américain. Les marines anglaise et américaine ayant fourni des alibis, faute de preuve, le non-lieu est prononcé. Mais ont-elles donné la véritable position de leurs sous-marins ?
En fait, les arguments produits de part et d’autre ne sont pas pleinement convaincants. Peut-être les traces de Titane relevées par les enquêteurs sur l’un des câbles du chalut ne sont-elles pas une preuve de l’intervention d’un sous-marin, mais à l’inverse l’hypothèse de la croche sur le sable, défendue par le ministère public, n’a pas été confirmée par le rapport technique d’Ifremer. Quelle justice a finalement été rendue ? Celle qui s’efforce de faire toute la lumière ou celle qui préfère entretenir des relations diplomatiques tranquilles à l’intérieur de l’OTAN.