Etats-Unis : la capture du CO2 menace les terres agricoles

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Des propriétaires terriens aux Etats-Unis sont actuellement confrontés à un projet de mainmise sur leurs terres agricoles au prétexte de mettre en place des « pipelines de capture du carbone ». Le Dakota du Sud fait partie des nombreux Etats attaqués, signale The New American, par des entreprises à but lucratif qui se croient tout permis au nom de leur participation à la lutte contre le CO2. Elles évoquent un véritable « droit à l’expropriation » pour poser leurs tuyaux à travers champs.

Le site conservateur vient de mettre en ligne une illustration d’une telle intrusion sur les terres d’un agriculteur du Dakota du Sud, qui a vu débouler des arpenteurs mandatés par une telle société. Sans s’être annoncée, l’équipe a fait irruption dans un champ de soja, détruisant les plants au passage pour mieux creuser afin de faire les repérages. Les hommes étaient accompagnés d’un délégué du shérif, armé, dont la tâche s’est résumée à maintenir le propriétaire à bonne distance des intrus. Dont il protégeait de fait l’incursion illégale à l’aune de tout droit de propriété normal.

 

Des pipelines pour transporter le CO2 sous les terres agricoles

L’agriculteur, qui exploite cette ferme qui se trouve dans sa famille depuis quatre générations, n’a pu que constater, impuissant, comment les arpenteurs circulaient dans son champ avec un gros pick-up et un énorme engin de forage. Ils ont creusé de multiples trous de plus de 25 mètres de profondeur, au nom de la société Summit qui prévoit de placer des pipelines dans plus de quatre Etats autour du Dakota du Sud en traversant des terres à blé. Elle n’est d’ailleurs pas seule en son genre ; c’est un vrai business qui se met en place.

L’idée est de capturer du dioxide de carbone liquéfié obtenu à partir d’émissions d’éthanol végétal ou d’activités industrielles, et d’acheminer le dangereux liquide au moyen des fameux pipelines jusqu’à des champs gaziers et pétroliers dans le Dakota du Nord. De là, il sera possible d’injecter dans des puits au rendement appauvri afin de mieux en extraire des combustibles hydrocarbonés pour la revente.

Pour ces sociétés, l’affaire s’avère lucrative dans la mesure où des subventions fédérales ou des avantages fiscaux encouragés par la politique « net zéro carbone » de l’administration Biden leur assurent d’excellents retours sur investissements. Et tant pis pour les terres agricoles et le droit de propriété de ceux qui les exploitent, et aussi pour le droit : aucune démarche d’expropriation ni d’indemnisation n’est entreprise, faute d’approbation du système par les autorités compétentes, mais celles-ci ont tout de même autorisé « préventivement » ces sociétés à préparer l’installation future des tuyauteries.

 

La capture du CO2 au mépris du droit de propriété

Mieux : les agriculteurs ayant saisi la justice pour faire reconnaître l’illégalité de ces pratiques se sont vu renvoyer de leurs requêtes en avril. Les politiques « vertes » ont toujours raison.

Ainsi ces techniques de « capture et séquestration du carbone » (CCS) – qui sont en outre détestées par les écologistes eux-mêmes dans la mesure où elles permettront la production de pétrole – se sont-elles vu attribuer quelque 12 milliards de dollars de subventions l’an dernier dans le cadre de la loi sur les infrastructures qui mobilisait un total de 1.200 milliards de dollars dans le budget 2022. Sur ces 12 milliards, 2,1 serviront à financer des prêts à taux réduit pour l’extension des réseaux de pipelines – une aubaine par temps d’inflation.

The New American signale que plusieurs de ces projets qui ont déjà vu le jour se sont soldés par des échecs, mais non sans avoir englouti des centaines de millions de dollars en subventions. Dans le Mississippi, la rupture d’un pipeline en février 2022 avait fait des dégâts sur la population : 45 personnes avaient dû être hospitalisées lorsque le nuage de CO2 concentré était descendu sur la commune de Satartia en les empêchant de respirer.

Cet avertissement n’a pas empêché l’administration Biden de favoriser financièrement ces entreprises. Ou l’art d’injecter des fonds publics dans des non-solutions – risquées de surcroît – à un non-problème.

A croire que le but est plutôt de s’en prendre à la terre agricole – et indirectement à l’homme.

 

Anne Dolhein