Le cardinal Gerhard Müller invite l’Eglise à ne pas « s’auto-séculariser »

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Le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, a invité l’Eglise catholique à ne pas apporter des réponses « laïques » à un monde en voie de sécularisation. Il s’exprimait lors d’un symposium catholique à Bois-le-Duc aux Pays-Bas, samedi. L’Eglise ne doit pas « s’auto-séculariser », a-t-il insisté, en répondant à une intervention précédente au cours de laquelle le Pr Paul van Geest s’était réjoui de l’intérêt croissant de la société pour la doctrine sociale de l’Eglise.
 
« Nous ne devons pas faire l’erreur de ne donner que ce type de réponse alors que le monde se sécularise. L’importance de l’Eglise ne vient pas seulement des réponses qu’elle apporte aux problèmes sociaux ou environnementaux. Ces choses-là viennent en second. La toute première tâche de l’Eglise est d’amener les personnes à Dieu. Celui qui est près de Dieu peut à partir de là apporter quelque chose de plus à la construction de la société. Nous n’avons pas le droit de remplacer l’Eglise de Jésus-Christ et les sacrements par une organisation sociale », a-t-il déclaré.
 
« Cherchez d’abord le royaume de Dieu », enseigne en effet Notre-Seigneur…
 

L’Eglise ne doit pas s’auto-séculariser en se mettant au diapason du monde…

 
D’autres orateurs avaient évoqué un « changement de paradigme » voulu par le pape François pour mettre davantage l’accent sur les thèmes des migrants, de la pauvreté du climat.
 
Réponse du cardinal Müller : « Nous ne devons pas faire l’erreur de répondre à la sécularisation du monde au moyen d’une auto-sécularisation de l’Eglise. L’Eglise doit être le signe visible d’une réalité supérieure et témoigner de la haute vocation de l’homme appelé à contempler Dieu au milieu de l’assemblé des saints. Telle est la plus haute vocation de l’homme. »
 
L’ex-préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi a également exprimé ses doutes sur le recours, de la part de l’Eglise, à différentes techniques de marketing. « La foi n’est pas un produit. Nous ne sommes pas des marchands à la recherche des meilleures techniques de vente. Ni les prophètes, ni les disciples de Jésus n’ont agi ainsi. Nous devons vivre et agir comme Jésus. » C’est pourquoi, a-t-il ajouté, l’annonce de ce message doit prendre la première place, sans quoi l’Eglise retombe sur une « auto-sécularisation et une restriction de sa mission, une démolition qui se déroule à l’intérieur de ses propres murs ».
 

Le cardinal Gerhard Müller rappelle que l’Eglise sait définir le bien commun

 
Il s’est également élevé contre des solutions purement matérielles aux problèmes du monde : « Les communistes disaient : “Occupez-vous de l’au-delà, aux hommes politiques de se charger de l’ici et du maintenant.” Mais cela, les hommes politiques en sont incapables, car ils ne savent pas ce que signifie le bien commun. » Par exemple, a-t-il noté, « l’avortement et l’euthanasie » – tous deux largement libéralisés aux Pays-Bas – « n’y concourent de toute façon pas du tout ». « C’est pourquoi nous devons accompagner la société de manière critique et ne pas approuver tout ce qui est moderne ou nouveau. Nous ne devons appeler bien que ce qui est réellement bon pour les hommes : conforme aux bonnes mœurs et à la morale et au bonheur humain. »
 

Le cardinal Gerhard Müller a rappelé que le Christ ne veut pas des scandales qui souillent l’Eglise

 
Interrogé sur le fait de savoir si les souffrances et la crise actuelles de l’Eglise annoncent la fin des temps, le cardinal Müller a dans un premier temps mis en garde contre la glorification de la souffrance et du martyre : « Nous ne nous ceignons pas de bombes afin de tuer d’autres personnes en pensant plaire ainsi à Dieu. Notre martyre n’est pas une sorte de suicide ou de mépris de la vie : c’est une chose qui nous frappe dans certaines situations, à cause de la foi. Nous ne devons pas penser qu’il est bon que l’Eglise souffre aujourd’hui. Il n’est pas bon pour l’Eglise de souffrir, comme aujourd’hui, en raison de scandales. Ce sont des scandales dont le Christ ne veut pas. »
 
Evoquant la crise et les évolutions qu’amène le temps, le cardinal a pris l’exemple de la Russie : « Avant la Révolution, il y avait 60.000 églises et chapelles. Aux alentours de 1980, il n’y en avait plus que 200. Mais aujourd’hui, il y a 40.000 églises, chapelles et monastères. »
 

Jeanne Smits