Le cardinal Müller met en garde contre le synode sur la synodalité et la soumission aux objectifs de l’ONU

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A l’approche du synode sur la synodalité qui commence dans moins d’un mois à Rome, le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, a accordé un entretien au site catholique hispanophone Infovaticana, où il a dénoncé les « faux prophètes qui se présentent comme des progressistes » et qui « ont annoncé qu’ils convertiront l’Eglise en organisation de soutien au Programme 2030 de l’ONU ». Le cardinal a dit prier « pour que tout cela soit une bénédiction et non un malheur pour l’Eglise » : « Je suis attaché à la clarté théologique afin que l’Eglise rassemblée autour du Christ ne se transforme pas en réunion politique où l’on danserait autour du veau d’or représentant l’esprit agnostique de notre époque. »

Il a également dénoncé « la Grande Réinitialisation de l’“élite” athée-mondialiste de banquiers milliardaires qui cachent leur impitoyable enrichissement personnel derrière le masque de la philanthropie ».

 

Le cardinal Müller membre du synode sur la synodalité

C’est le pape François qui, parmi de nombreuses nominations de ses proches – notamment des partisans de la théologie du peuple – en tant que membres du synode, a nommé l’ancien préfet parmi leur nombre. Le cardinal Müller en a profité pour mettre certains points sur les i, alors que le pape a décidé d’accorder le droit de vote au synode à nombre de laïques, qui représenteront environ 25 % des voix.

Commentaire du cardinal Müller : « Les évêques participent à leur charge en exerçant une responsabilité collégiale pour toute l’Eglise avec le Pape. Si les laïcs y participent avec le droit de vote, il ne s’agit plus d’un synode d’évêques ou d’une conférence ecclésiastique, puisqu’il n’y a pas l’autorité d’enseignement apostolique du collège épiscopal. »

Pour cette même raison, il récuse l’avis de ceux qui annoncent ce synode comme devant constituer une sorte de « Vatican III ».

« Il y a de plus en plus d’évêques et de fidèles qui expriment leur inquiétude au sujet de ce qui pourrait se passer pendant ce Synode, y a-t-il quelque chose à craindre ? », lui a demandé le journaliste d’Infovaticana.

« Oui, les faux prophètes (les idéologues des nuages) qui se présentent comme des progressistes ont annoncé qu’ils allaient transformer l’Eglise catholique en une organisation de soutien au Programme 2030. Selon eux, seule une Eglise sans Christ a sa place dans un monde sans Dieu. De nombreux jeunes sont revenus de Lisbonne déçus par le fait que l’accent n’était plus mis sur le salut en Jésus-Christ, mais sur une doctrine du salut de type mondain. Apparemment, il y a même des évêques qui ne croient plus en Dieu comme origine et fin de l’homme et sauveur du monde, mais qui, d’une manière pan-naturaliste ou panthéiste, considèrent la soi-disant terre mère comme le point de départ de l’existence et la neutralité climatique comme le but de la planète terre », a répondu le cardinal.

 

Le cardinal Müller dénonce le manque de formation théologique

Il a rappelé que « nul sur terre ne peut changer, ajouter ou retrancher quoi que ce soit à la Parole de Dieu ». Avec ce cinglant commentaire : « Les gens confondent, ce qui n’est pas surprenant étant donné le manque de formation théologique de base, même parmi les évêques, le contenu de la foi et sa plénitude insurpassable dans le Christ avec la réflexion théologique progressive et la croissance de la conscience de la foi de l’Église à travers la tradition ecclésiastique. »

Alors que certains évêques, notamment ceux de la « Voie synodale » plaident pour la bénédiction des couples homosexuels, le cardinal Müller a précisé, en réponse à la question de savoir ce qu’il ferait si le synode romain devait approuver de telles bénédictions : « Bénir la déchéance immorale de personnes du même sexe ou du sexe opposé est en contradiction directe avec la parole et la volonté de Dieu, c’est un grave péché de blasphème. »

Si la doctrine de l’Eglise devait être contredite par le synode, le cardinal Müller appelle à la fermeté : « Dans une telle situation extrême, dont Dieu peut nous sauver, tout fonctionnaire ecclésiastique aurait perdu son autorité et aucun catholique ne serait plus obligé d’obéir religieusement à un évêque hérétique ou schismatique (Lumen Gentium 25 ; cf. la réponse des évêques à l’interprétation erronée de Bismarck du Ier Concile du Vatican, en 1875). »

 

L’Eglise au service de l’ONU ou de la vérité ?

Infovaticana a enfin demandé si le cardinal Müller « pense que l’on fait assez dans l’Eglise pour défendre clairement les vérités qui sont disputées aujourd’hui ».

Réponse du cardinal : « Malheureusement non. Sa tâche sacrée est de proclamer la vérité de l’Evangile avec audace à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise. Même Paul s’est ouvertement opposé au comportement ambigu de Pierre (Gal. 2), sans, bien sûr, remettre en cause sa primauté établie par le Christ. Nous ne devons pas nous laisser intimider au sein de l’Eglise ni nous laisser séduire par la perspective d’une course à la bonne conduite dictée par le haut. Les évêques et les prêtres sont nommés directement par le Christ, ce dont les supérieurs hiérarchiques respectifs doivent tenir compte. Cependant, ils sont en communauté les uns avec les autres, ce qui inclut l’obéissance religieuse en matière de foi et l’obéissance canonique dans le gouvernement de l’Eglise. Mais cela ne dispense personne de sa responsabilité de conscience directement envers le Christ, pasteur et maître, dont l’autorité sanctifie, enseigne et guide les croyants. Il convient également d’établir une distinction stricte entre les relations du pape avec ses nonces et les employés du Vatican et les relations collégiales du pape avec les évêques, qui ne sont pas ses subordonnés mais ses frères dans la même fonction apostolique. »

 

Extraits traduits par Jeanne Smits