Le cardinal Müller dénonce la manipulation LGBT et « l’esprit de l’Antéchrist » à l’œuvre au synode

cardinal Müller antéchrist synode
 

Certains se sont réjouis de ce que l’acronyme « LGBT » ne paraisse pas dans le rapport de synthèse sur la synodalité. Nous avons montré ici, dans la 5e partie de notre analyse du document, qu’il n’en est rien : il parle bien d’« identité de genre » et d’« orientation sexuelle » ainsi que des blessures que l’Eglise auraient infligées aux personnes revendiquant une activité sexuelle contraire à son enseignement. Alors que le synode touchait à sa fin, le cardinal Müller, ancien préfet de l’ex-Congrégation pour la Doctrine de la foi (aujourd’hui Dicastère, sous la houlette du cardinal Victor Manuel dit « Tucho » Fernandez, très proche du pape François), a accordé un long entretien à Edward Pentin pour le National Catholic Register, où il confirme que le synode était largement axé sur cette révolution, dénonçant pour l’avoir vue la manipulation opérée par certains en faveur de l’idéologie LGBT.

Il est allé jusqu’à dire que « l’esprit de l’Antéchrist » était à l’œuvre au synode, dont il a une fois de plus souligné que ce n’était en aucun cas un synode des évêques.

 

Le cardinal Müller a personnellement vécu la manipulation au synode

Son entretien est fondamental pour comprendre ce qui se trame au synode. Il a été traduit intégralement par l’excellent site benoit-et-moi auquel je vous encourage à vous reporter pour lire la totalité des propos du cardinal Müller.

En voici déjà quelques éléments essentiels (les traductions sont de benoit-et-moi.com).

On apprend d’emblée qu’à l’inverse de ce qui s’est toujours fait lors des synodes catholiques, la voix des évêques et des théologiens qualifiés a été comme étouffée, aux antipodes de la parrhesia – la liberté de parole, de dire son intime conviction – que le pape François dit toujours encourager. Il a souligné :

« Il est très clair que dans les anciens synodes, les évêques étaient les sujets qui dirigeaient l’ensemble, son organisation, et sa contribution ne venait pas d’en haut. Dans les anciens synodes, tous les évêques en plénière pouvaient dire ce qu’ils voulaient. Aujourd’hui, tout est dirigé, pré-organisé, et il est difficile de parler en plénière parce qu’on ne dispose que de peu de temps et que, selon ces règles, on ne peut parler qu’une seule fois, et seulement pendant trois minutes. »

Le cardinal Müller a confirmé à Edward Pentin qu’il n’a pu s’exprimer qu’une seule fois, trois minutes.

Voilà qui révèle une technique proprement révolutionnaire, dont d’autres exemples ont abondé au cours de l’assemblée qui a duré près d’un mois. La prise de parole était organisée, cadrée, canalisée, pour aller dans une direction bien précise, sous prétexte d’« écoute » du peuple de Dieu et du Saint-Esprit parlant à travers lui.

 

Au synode, une « conversation dans l’Esprit » soigneusement contrôlée

On a entendu parler abondamment de la « conversation dans l’Esprit » qui était censée permettre d’arriver à ce que « l’Esprit » veut insuffler à l’Eglise à travers l’expression de tous les membres du synode. Le cardinal Müller a vigoureusement contesté cette assertion :

« Certains orateurs ont dit que nous devions être ouverts à l’Esprit Saint, mais les voix de l’Esprit Saint étaient les personnes invitées à parler à l’assemblée. »

Edward Pentin lui a alors posé la question : « Pouvez-vous donner un exemple de la manière dont les organisateurs du synode ont compris l’action de l’Esprit Saint ? » Réponse :

« Oui. L’un des orateurs désignés, influencé par l’idéologie “LGBT”, a parlé d’un parent bisexuel qui s’est suicidé, et la conclusion a été que l’Eglise devait s’ouvrir, non pas à ces personnes, mais à l’idéologie. C’est l’idéologie qui est en cause. Mais nous ne pouvons pas résoudre les questions et les problèmes théologiques par l’émotion. Là, on parle de l’Esprit Saint seulement du point de vue émotionnel, et on nous a dit que nous ne devions pas créer de controverses, qu’il n’était pas possible de s’opposer à quoi que ce soit, sous peine d’être stigmatisé comme un ennemi de l’Esprit Saint. »

Lors d’un des points presse au Vatican, Diane Montagna avait posé la question de savoir comment on pouvait discerner ce qui venait du Saint-Esprit au synode, laissant le préfet du Secrétariat du Vatican pour les communications, le laïc Paolo Ruffini, bredouiller des propos confus. La Révélation et la tradition apostolique n’étaient pas à l’ordre du jour… Ou pire, selon l’avis du cardinal Müller, on a pu se tromper d’Esprit :

« Ils ne parlent pas de l’Esprit Saint, mais seulement de « l’Esprit », mais la première Lettre de saint Jean, au début du chapitre IV, dit :

« “Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils viennent de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde. Vous reconnaîtrez l’Esprit de Dieu à ceci : tout esprit qui confesse que Jésus-Christ est venu dans la chair est de Dieu, et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu.” »

 

La grave accusation du cardinal Müller

C’est l’accusation la plus grave qui puisse être contre ce synode. Le cardinal Müller a ajouté :

« Certains orateurs parlent également d’ouverture et définissent ce qu’est la tradition, [en disant] qu’elle “n’est pas statique, elle est dynamique”. Mais en fin de compte, toutes ces soi-disant réflexions synodales visent à nous préparer à accepter l’homosexualité. Seulement voilà : Ce dont on n’a pas parlé, c’est de Jésus-Christ [ou] de la Révélation divine, de la grâce des personnes humaines créées à l’image et à la ressemblance de Dieu, et de Dieu comme but de notre existence humaine. Tout est inversé pour que nous soyons ouverts à l’homosexualité et à l’ordination des femmes. Si vous l’analysez, il s’agit de nous convertir à ces deux thèmes. »

La technique révolutionnaire se manifeste ici encore : une minorité choisie (« certains », le mot revient souvent) avance les idées les plus contestables, au besoin en appuyant sur les aspects les plus émotionnels, et la majorité des votants se laisse embobiner, d’autant que la parole de l’opposition est contrôlée au point d’être tue.

Raison de plus pour crier cela sur les toits car il reste un an avant le deuxième épisode du synode pour faire la clarté.

Interrogé sur le fait de savoir s’il existe une tentative de renverser le gouvernement hiérarchique de l’Eglise, le cardinal Müller a répondu :

« Oui, certains ont cette image d’une “pyramide inversée” du gouvernement, mais au centre de cette pyramide se trouve la volonté personnelle du Pape, de ses conseillers et de ses collaborateurs. »

Il semble que le cardinal minimise un aspect fondamental de ce synode, même si on comprend son approche – il n’y a pas plus autocrate que le pape actuel et il a montré, notamment dans ce synode, comment il choisit de s’entourer pour faire avancer son programme. Cependant, les mots « pyramide inversée » sont de lui et nous avons montré dans nos analyses du rapport de synthèse le rôle joué par la « théologie du peuple » qui veut une Eglise écoutante plutôt qu’enseignante ; ainsi que le propos de mettre de la synodalité (l’écoute du peuple et la dilution de la prise de décisions) à tous les étages. Il s’agit bien de changer les structures, même si cela se fait de manière dictatoriale et manipulatrice.

 

La manipulation par l’émotion et par les sciences humaines

Le cardinal Müller dénonce avec grand force un des aspects les plus contestables de ce synode (très présent dans la théologie de la libération dont Müller ne fut pas si éloigné à titre personnel) :

« Certains orateurs avaient une idée sociologique de l’Eglise, une compréhension naturaliste de l’Eglise, mais ils n’avaient pas la compréhension théologique. Ils parlent toujours de l’Esprit, mais l’Esprit n’est pas un fluide. L’Esprit dans l’Eglise est la troisième personne de la Trinité. Il est une Personne. Et nous ne pouvons jamais parler de l’Esprit Saint sans le Fils et le Père. Nous parlons toujours et en tout temps de l’Esprit du Père et du Fils… Les interventions parlaient de notre relation à Jésus, mais pas de Jésus en tant que Parole de Dieu, qui nous a été donnée une fois pour toutes. »

Confusion entre nature et grâce, confusion entre le temporel et le spirituel, contemplation de la manière dont vit le peuple pour en dégager l’« enseignement » par induction… Tout est là, en effet, et tout cela était à l’œuvre dans la théologie révolutionnaire latino-américaine qui est bien là, en toile de fond.

Evoquant la réponse à une question posée par Diane Montagna à Mgr Overbeck, Edward Pentin a posé la question suivante au cardinal Müller : « Un évêque allemand participant au synode a déclaré aux journalistes pendant le synode qu’il était important de placer le Christ au centre, mais qu’en même temps, “nous devons mettre de côté la Tradition apostolique”. Que voulait-il dire par là ? » Réponse du cardinal :

« Il s’agit d’un tour de passe-passe. Ils ne présentent pas directement ces idées, mais ils envoient des gens comme cet évêque pour dire ces choses, et ils disent ensuite que c’est juste son opinion personnelle. Mais en réalité, ils développent une compréhension qui n’est pas cohérente avec la foi catholique. »

Cette autre déclaration du cardinal peut rassurer (ou pas…) quant à l’autorité dont prétend se revêtir le synode sur la synodalité. Rassurer, parce que la révolution recherchée reposera au mieux sur des actes sans fondement. Inquiéter, parce que toute son idéologie pourra s’imposer de facto… A retenir, avant tout, rien de tout cela n’est catholique :

« Les organisateurs du synode ont réaffirmé hier qu’il s’agissait d’un synode d’évêques, mais comment est-ce possible quand les laïcs ont la même voix, le même temps de parole, et qu’ils enlèvent aux évêques la possibilité de s’exprimer ? En réalité, il ne s’agit pas d’un synode des évêques, mais plutôt d’une conception anglicane d’un synode, avec trois chambres selon un parlement profane. Ce n’est pas l’Eglise catholique. Elle doit clarifier ce qu’elle est. La constitution de ce synode des évêques est-elle basée sur le sacrement de l’ordre ou s’agit-il d’un séminaire de bas niveau ? »

Côté manipulation, le cardinal Müller a confirmé les dires de plusieurs autres participants quant au fait que le synode « semblait très contrôlé » :

« Oui, très contrôlé. Ils ont présenté une “Lettre au peuple de Dieu” et nous ont demandé de l’applaudir par courtoisie, en disant que c’était le consensus de tout le monde. Les applaudissements étaient le vote. Ils l’ont ensuite apportée à chaque table et ont dit que tout le monde devait la signer. Une femme ou un homme a pris des photos de tout le monde en train de signer, et tout le monde a signé. Ils nous ont ensuite dit que nous avions jusqu’à 16 heures pour envoyer des amendements, mais que nous devions d’abord le signer. »

La « conversation dans l’Esprit » ? C’est plutôt marche ou crève ! Et si le rapport de synthèse a été aussi largement adopté, il semble que ce soit grâce à des techniques d’embrouille face à un auditoire qui manque de connaissances face à l’entreprise idéologique en cours… Ainsi le cardinal Müller a-t-il répondu à la question de savoir si une sorte d’OPA était en cours :

« Ce n’est pas clair. Ils ne disent pas ouvertement ce qu’ils veulent dire. Ils ne peuvent pas dire ouvertement : “Nous voulons contredire la Parole de Dieu.” Mais ils introduisent une nouvelle herméneutique par laquelle ils veulent réconcilier la Parole de Dieu avec ces idéologies – des idéologies anti-chrétiennes. Mais nous ne pouvons pas réconcilier le Christ et l’Antéchrist. Cette idéologie homosexuelle, “LGBT”, est, en son centre, une idéologie anti-chrétienne. C’est l’esprit de l’Antéchrist qui parle à travers eux. Elle est absolument contre la création. Et leur astuce consiste à mélanger la sollicitude pastorale pour ces personnes avec cette idéologie anti-chrétienne…

« Ils changent la définition des péchés. Il n’y a pas de péchés [pour certains d’entre eux]. “Ce ne sont que des personnes blessées. Ce ne sont pas des pécheurs, mais des personnes blessées, blessées par l’Eglise – par la doctrine de l’Eglise.” Ils ne croient pas au péché originel, ni au péché en tant qu’acte. Ils ne le nient pas théoriquement, mais en pratique. Pour eux, l’Eglise est l’agresseur, et c’est donc à l’Eglise de faire cela – l’Eglise est responsable. Mais qu’est l’Eglise pour eux ? En réalité, ils parlent d’eux-mêmes. Ils disent : “Nous sommes l’Eglise.” Mais s’ils parlent négativement de l’Eglise, ils parlent de l’Eglise comme d’un objet. L’article 11 de la constitution Lumen Gentium du concile Vatican II dit que l’Eglise est le corps saint du Christ et que nous pouvons blesser le corps du Christ avec nos péchés. Mais pour certains participants au synode, c’est le Christ qui nous blesse. Si je vole votre argent et que vous me traitez de voleur, pour eux, c’est vous qui me blessez. »

 

Un synode accompagné d’un plan de communication

Le cardinal Müller a enfin fait référence à ce que John-Henry Westen de LifeSiteNews a appelé l’« über-synode » : tout ce qui s’est fait à sa marge, notamment dans le cadre des déclarations et des audiences du pape François. Il a également suggéré que le synode sert des fins mondaines et même mondialistes en se mettant à la remorque des Objectifs du Développement durable (ODD) de l’ONU :

« Je pense que l’objectif est de faire en sorte que l’Eglise se conforme davantage au Programme 2030 international. Et nous l’avons vu dans la politique des personnes invitées à rendre publiquement visite au pape. Il ne s’agit pas de familles normales avec cinq enfants – celles-là ne sont jamais invitées. Non, ce sont généralement des bisexuels, des transsexuels, etc., et tout cela n’est qu’une provocation, entourée de toute cette propagande. Aucun évêque orthodoxe n’est montré en train de le rencontrer – mais les partisans de l’avortement, eux, sont toujours là.

« Jésus a dit d’aller dans le monde entier, vers tout le monde, mais d’en faire des disciples, de leur enseigner la foi et de les baptiser s’ils acceptent la foi. Cela signifie qu’il faut aller dans le monde entier – et non pas inviter le monde à entrer et laisser chacun être ce qu’il veut être. »

 

Jeanne Smits