L’ex-cardinal McCarrick, prédateur homosexuel, a joué un rôle de premier plan dans les négociations avec la Chine communiste

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L’annonce d’un très prochain accord entre le Vatican et Pékin sur la nomination des évêques par le pouvoir communiste a donné l’occasion à divers médias anglophones et hispanophones de s’interroger sur le rôle joué par l’ex-cardinal Thoedore McCarrick dans les négociations avec la Chine. Accord qui irait de pair avec une reconnaissance du pape de Rome comme chef des catholiques. Aujourd’hui en disgrâce, ce prédateur homosexuel aux nombreuses victimes dans les séminaires et parmi les jeunes prêtres de son diocèse américain a en effet, selon ces journalistes, aidé au rapprochement entre l’Eglise catholique et les autorités chinoises depuis deux décennies.
 
C’est un fait qu’il faut sûrement considérer à la lumière du fait que Theodore McCarrick a longtemps fait partie du conseil du très mondialiste Centre for Strategic and International Studiesqui a beaucoup œuvré pour que l’Occident s’ouvre aux pays communistes d’Orient, l’URSS notamment en son temps.
 
En l’espace d’une vingtaine d’années, déjà en tant qu’archevêque, Mgr McCarrick s’est rendu en Chine à huit occasions au moins, séjournant parfois dans un des séminaires de l’Association patriotique de l’Eglise catholique en Chine – l’Eglise soumise au contrôle et aux ordres du parti communiste, et en tant que telle, non reconnue par Rome.
 

Le cardinal McCarrick s’est rendu au moins huit fois en Chine communiste

 
A l’occasion de ces déplacements, McCarrick a souvent servi de « pont officieux » entre le Vatican et les évêques nommés par Pékin, affirme le journaliste Courtney Grogan de la Catholic News Agency. Ces activités se sont poursuivies jusqu’en 2016 (il avait alors 86 ans).
 
Il n’avait d’ailleurs jamais caché son opinion favorable à la conclusion d’un accord entre le président chinois Xi Jinping – malgré la dérive de plus en plus manifestement totalitaire de ce sectateur de Mao Tsé toung – et l’Eglise du pape François, selon ce qu’en disait la presse chinoise.
 
Dans un entretien exclusif accordé au site d’informations anglophone contrôlé par le parti communiste chinois, The Global Times, McCarrick affirmait ainsi en février 2016 : « Je vois bien des choses s’accomplir qui pourraient vraiment ouvrir de très nombreuses portes parce que le président Xi et son gouvernement sont préoccupés par des questions qui préoccupent le pape François. » Le cardinal était également cité comme ayant affirmé que les similitudes entre le pape François et Xi Jinping pouvaient constituer « un don spécial pour le monde ».
 
On croit rêver : d’un côté, le chef de l’Eglise catholique, de l’autre, le potentat d’une dictature communiste qui persécute les chrétiens, contrôle des naissances, contraint les femmes à des avortements forcés, recherche la domination du monde de l’économie par ses pratiques déloyales et son dumping social, seraient-il donc au service des mêmes objectifs ?
 

Un rôle de premier plan dans les négociations du Vatican avec la Chine communiste

 
Mais au fond, pourquoi s’en étonner puisqu’un autre (très) proche du pape a déclaré, pas plus tard qu’en février 2018, que la Chine est le pays qui met le mieux en œuvre la doctrine sociale de l’Eglise. Mgr Marcelo Sanchez Sorondo revenait lui aussi de Chine lorsqu’il a prononcé ces mots ahurissants…
 
C’est encore The Global Times qui a évoqué un voyage de McCarrick en février 2016 pour « rencontrer quelques vieux amis ». Le journal précisait : « Ses visites antérieures avaient été marquées par des rencontres avec Wang Zuo’an, chef de l’Administration de l’Etat pour les affaires religieuses, et avec feu Mgr Fu Tieshan, ancien président de la conférence des évêques de l’église catholique de Chine (BCCCC), un organisme qui n’est pas reconnu par le Saint-Siège. »
 
Deux ans plus tôt, en juin 2014, le Washington Post rapportait que le cardinal McCarrick s’était rendu en Chine « au cours de l’année précédente (…) en vue de pourparlers délicats à propos de la liberté religieuse ».
 
Ce détail donne une confirmation au moins partielle aux dires de l’ancien nonce apostolique à Washington, Mgr Carlo Maria Viganò, qui rend compte dans son témoignage sur les protections dont a bénéficié l’ex-cardinal McCarrick de la part de certains cardinaux et même du pape François alors que son activité prédatrice sur de jeunes hommes sous son autorité était déjà connue de longue date. Viganò évoque ainsi une rencontre qu’il avait eue en juin 2013 avec McCarrick, à l’occasion de laquelle celui-ci lui aurait dit : « Le pape m’a reçu hier, demain je vais en Chine. »
 

Wikileaks a révélé plusieurs interventions du cardinal McCarrick en Chine

 
Des documents du département d’Etat des Etats-Unis diffusés dans le cadre de WikiLeaks font état en 2006 du fait que le cardinal américain a été logé dans un séminaire officiel à Pékin au moins à deux reprises. L’un des documents en question rapporte des propos du vice-recteur dudit séminaire pékinois portant l’estampille du pouvoir communiste. Le P. Shu-Jie Chen y raconte comment il a par deux fois reçu McCarrick, et le compte rendu a été transmis par Christopher Sandrolini, vice-chef de mission de l’ambassade américaine près le Saint-Siège.
 
Chen s’y présenté comme le « roi » du séminaire, affirmant qu’il « pouvait faire ce qu’il voulait à l’intérieur de ses murs ». Sandrolini observe dans ses commentaires du récit que ledit vice-recteur « minimisait la persécution dont l’Eglise clandestine fait l’objet », en la présentant comme « sans éducation » et « vieillotte ». Le diplomate américain ajoutait que Chen semblait « ne pas se préoccuper » du fait que « l’évangélisation n’est pas une option pour le personnel religieux officiel ».
 
Un autre télégramme adressé cette fois par l’ambassadeur des Etats-Unis près le Saint-Siège Francis Rooney au Département d’Etat, en mars 2006, soulignait que Mgr Claudio Celli, qui était à l’époque le principal négociateur du Vatican avec Pékin, affirmait avec insistance que McCarrick n’était pas habilité à négocier avec la Chine et que ses visites en Chine étaient officieuses.
 
Selon le journaliste de la Catholic News Agency, il semble y avoir un hiatus dans les voyages de McCarrick en Chine entre 2006 et 2013, même si l’influence du cardinal était toujours « active ». On notera que c’est la période correspondant au pontificat de Benoît XVI.
 

Une « pause » de 2006 à 2013

 
Ainsi, en 2009, McCarrick est-il passé par Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, pour faire transmettre ses salutations à Mgr Aloysius Jin de Shanghai, jésuite qui avait joué un rôle de premier plan. C’est ce que révèle un autre télégramme du Département d’Etat, où l’on peut lire qu’elle (Nancy Pelosi) « a transmis les bons vœux du cardinal McCarrick à Mgr Jin ». « Mgr Jin a dit que lui et le cardinal McCarrick s’étaient mutuellement rendu des visites, dès l’époque où ce dernier était évêque de Newark », précise le télégramme. Theodore McCarrick est devenu évêque de Newark en 1986.
 
C’était à une époque où Aloysius Jin Luxan n’était pas reconnu comme évêque par le Vatican, ayant été ordonné évêque auxiliaire de Shanghai sans l’approbation du pape en 1985. Il devait être reconnu par la suite en 2004. Il est mort en 2013.
 
The Atlantic évoquait en 2007 l’étroite amitié liant McCarrick et Jin, ajoutant que l’évêque américain assurait avoir relayé des messages de l’évêque chinois nommé par le gouvernement au pape au cours des années 1990.
 
Sur une visite effectuée en Chine en 1998 par Mgr McCarrick, alors archevêque, le département d’État et les médias chinois tombent d’accord. Il faisait alors partie du groupe de trois clercs américains qui se rendaient en Chine pour évoquer la liberté religieuse, notamment à travers une rencontre avec Mgr Michael Fu Tieshan, vice-président du Comité permanent du Congrès national du peuple chinois du Parti communiste chinois. Celui-ci avait été fait évêque sans l’approbation de Rome à Pékin en 1979. Cette même année, en 1998, les médias chinois font état d’un séjour de McCarrick au séminaire national de Pekin.
 

Le cardinal McCarrick était encore à Pékin en 2016, et vantait la « similitude » entre le pape François et Xi Jinping

 
Il est encore question d’une visite « ostensiblement privée » à l’été 2003, évoquée cette fois par le South China Morning Post. Le journal soulignait que McCarrick « était le premier cardinal d’un pays occidental à visiter la Chine continentale depuis que les relations entre la Chine et le Vatican s’étaient fortement refroidi à la suite d’une dispute à propos d’une canonisation en octobre 2000 ». En décembre 2003, un télégramme adressé au Département d’Etat par l’ambassadeur américain près de cinq sièges, Jim Nicholson, précisait qu’au Vatican, le directeur du bureau pour la Chine Mgr Gianfranco Rota-Graziosi « ne s’attendait pas à des améliorations concrètes à la suite du voyage informel, l’été dernier, du cardinal McCarrick de Washington en Chine ».
 
Que tirer de tout cela ? Si les voyages « informels » de McCarrick n’étaient réellement d’aucune utilité à personne, il y a fort à parier qu’il y en aurait eu beaucoup moins. Le « trou » pendant le pontificat Benoît XVI est également significatif : on sait que ce pape était très circonspect quant au rapprochement avec la Chine. Plus intéressante encore est la reprise des déplacements d’un cardinal déjà discrédité par son comportement personnel après l’avènement du pape François à un moment où les rapports avec la Chine ont soudain viré au beau fixe, et ce nonobstant un resserrement idéologique marxiste du pouvoir à Pékin et une aggravation nette de la persécution à l’égard des catholiques fidèles à Rome et d’autres minorités religieuses.
 
Voilà encore un dossier sur lequel la lumière mérite d’être faite, et ce d’autant que ces événements convergent dans une direction favorable à un Nouvel Ordre Mondial où la Chine et l’ancien arc communiste jouissent des faveurs des institutions internationales.
 

Jeanne Smits