Le cardinal Müller confirme : l’enquête sur une agression sexuelle imputée au cardinal Murphy-O’Connor a bien été interrompue

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Quelque peu poussé dans ses retranchements par un journaliste de LifeSiteNews, le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, a reconnu qu’une enquête en cours dans le cadre de ce dicastère à l’encontre du cardinal Murphy-O’Connor a bien été interrompue faute d’approbation du pape François, dont l’accord est indispensable pour toute procédure d’investigation visant un cardinal. Voilà qui vient renforcer l’idée que le cardinal britannique ait pu bénéficier d’une protection pontificale.
 
La chose est d’autant plus remarquable que le dit Murphy-O’Connor faisait partie du « groupe de Saint-Gall » – ou « mafia de Saint-Gall » comme aime à le désigner un autre de ses membres, le cardinal Danneels – constitué pour éviter l’élection du cardinal Ratzinger ou d’un cardinal conservateur à la chaire de Pierre, et pour promouvoir un homme du style de Bergoglio.
 

Le cardinal Müller dit ne pas vouloir rompre le “Secret pontifical”

 
C’est à l’occasion d’une réunion à Washington DC, la conférence du Napa Institute sur la réforme catholique authentique que le cardinal a répondu au moins partiellement à la question précise d’une journaliste de LifeSiteNews. Avait-il oui ou non été interpellé par le pape François en vue de mettre fin à une enquête en cours contre Murphy-O’Connor, accusé d’agression sexuelle par une femme britannique parlant de faits remontant aux années 1960 alors qu’elle avait 13 ou 14 ans ?
 
Dans un premier temps, le cardinal Müller a répondu qu’il était « lié par le Secret pontifical », ajoutant cependant qu’il faut « l’approbation du pape pour une enquête » visant un cardinal.
 
On lui rappela que certaines sources d’information laissent penser qu’il avait mené à bout cette enquête, plutôt que de l’avoir interrompue en l’empêchant de se poursuivre. LifeSite lui demanda dans la foulée s’il voulait bien confirmer publiquement que l’enquête avait été stoppée, et non menée à bien : sur ce point, le cardinal Müller a accepté de répondre « oui ».
 

Une enquête ouverte contre le cardinal Murphy-O’Connor pour agression sexuelle a bien été interrompue

 
Prises ensemble, ces déclarations mettant en parallèle l’obligation du respect du Secret pontifical et la confirmation d’une décision prise, même sans que la raison de celle-ci en soit donnée, rend pour le moins vraisemblable l’existence d’une intervention ou à tout le moins d’un refus d’approbation de la part du pape François quant à l’enquête menée un propos d’un cardinal – aujourd’hui défunt – que l’on peut compter parmi ses soutiens.
 
Le fait de savoir si le cardinal Murphy-O’Connor a participé à l’agression sexuelle dont la femme britannique a certainement été victime de la part d’un prêtre pédophile notoire, Michael Hill, si bien que le diocèse d’Arundel et Brighton lui avait versé une compensation, est une autre question. On sait en tout cas que le cardinal britannique a transféré ce prêtre vers un nouveau poste comme aumônier de Gatwick où il est de nouveau passé à l’action.
 
On sait aussi, d’après une source anglaise sérieuse citée par LifeSite, qu’une enquête policière a été ouverte en Angleterre contre le cardinal, que la crédibilité de la victime n’a pas été d’emblée écartée, mais que, faute de preuves concordantes, les investigations sont restées au point mort, sans jamais être closes toutefois. On sait aussi que l’archidiocèse de Westminster a carrément refusé d’examiner la plainte de cette victime, au mépris des protocoles établis par l’Eglise, et que c’est par le biais de deux autres diocèses, Portsmouth et Northampton, que l’affaire a atterri sur le bureau de la Congrégation pour la Doctrine de la foi en 2011. Mais à cette époque-là, la victime elle-même n’avait pas été interrogée personnellement par les responsables de ce dicastère, dont le préfet était alors le cardinal William Levada.
 

Le cardinal Müller a reçu des ordres du pape en septembre 2013 à propos d’un cardinal ami de celui-ci

 
C’est en 2013 que l’évêque de Northampton, qui connaît la victime et l’estime « crédible » en tant que personne, a insisté pour que la CDF rouvre l’enquête, selon une source anglaise longuement citée par LifeSiteNews. Et c’est alors que le cardinal Müller l’a relancée.
 
Pour la voir tuée dans l’œuf par le pape lui-même ? François a fait irruption, selon le vaticaniste italien Marco Tosatti, en septembre 2013, lors d’une messe célébrée par le cardinal Müller pour lui faire part avec irritation de « quelques ordres à propos d’un dossier concernant un de ses amis, un cardinal »…
 
Tout cela tend à justifier l’accusation lancée par Mgr Carlo Maria Viganò dans son deuxième témoignage à l’encontre de François, où il parle de la décision de ce dernier de « mettre fin à l’investigation d’allégations d’abus sexuels à l’encontre du cardinal Cormac Murphy-O’Connor ».
 
La question n’est pas, répétons-le, de savoir si celui-ci était coupable ou non, mais de noter qu’une enquête qu’il aurait fallu mener du fait des accusations visant ait été interrompue de manière irrégulière.
 

Jeanne Smits