Cette année, le cardinal Pietro Parolin participera à la réunion du groupe des Bilderberg

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Turin, 7 au 10 juin : on sait que le groupe Bilderberg tiendra sa 66e réunion annuelle dans la ville italienne ou dans ses environs, dans un lieu maintenu secret, tout comme la discrétion sera de mise à propose de l’identité des intervenants, de la teneur de leurs interventions et des conclusions éventuelles qui en seront tirées. Mais on connaît la liste des participants, publiée mardi sur le site du club des puissants : ils seront 128, parmi lesquels, et c’est une « curiosité » selon Il Giornale, figure le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin.
 
Le quotidien italien s’interroge sur cette présence de celui qu’on peut qualifier de numéro 2 du Saint-Siège dans une réunion qui revendique à ce point le secret. Avec raison. Si l’Eglise interdit la participation à la franc-maçonnerie, par exemple, ce n’est pas seulement en raison de ses objectifs anticatholiques, mais en sa qualité de société secrète. Pietro Parolin, très proche du pape François et membre de son conseil rapproché, le C9, sera pourtant présent lors d’une réunion qui tient beaucoup de la maçonnerie.
 
Il y côtoiera – par exemple – l’Italienne Elena Cattaneo, sénatrice à vie, fondatrice et directrice d’un laboratoire de biologie des cellules souches de l’université de Milan, militant pour la totale liberté de recherche scientifique, notamment celle qui détruit les embryons humains. Il partagera également, pour quatre jours, la vie d’autres grands de ce monde qui participent à l’avancement de la culture de mort. Le Forum économique mondial, l’OTAN et bien d’autres y envoient leurs plus hauts représentants.
 

Le cardinal Pietro Parolin sera à Turin pour la réunion groupe Bilderberg

 
Pourquoi un cardinal se rend-il donc à cet événement, demande Il Giornale. « Mystère. En outre, certains font remarquer cette (autre) curiosité : cette 66e édition démarre au cours du sixième mois de l’année, 6-6-6 dans la “città del diavolo” », la ville du diable, fait remarquer le journaliste. Turin doit cet réputation sulfureuse au fait d’avoir abrité au XIXe siècle des cultes satanistes, grâce à la bienveillance d’un gouvernement du Piémont alors particulièrement anti-chrétien. L’occultisme y a été répandu jusqu’à ce qu’une série de procès ne le frappe à la fin du XIXe. Depuis lors, en 1968, Turin est devenu, rapporte Aleteia, une « ville-laboratoire » de la franc-maçonnerie anticléricale avec la mise en place d’une « Eglise de Satan ».
 
Quoiqu’il en soit de cet aparté, la presse italienne s’interroge sur l’atmosphère particulière qui entoure la réunion des puissants du monde. Il Giornale s’est fait fermement rembarrer par le service de presse du club Bilderberg qui a refusé de donner des précisions sur le lieu de la rencontre, qui de toute façon n’est pas ouverte aux journalistes (hormis les invités bien sûrs, comme l’Américaine Peggy Noonan, ou le directeur d’El País).
 
Le site des Bilderberg justifie cette fermeture par la volonté de « favoriser les plus hauts niveaux d’ouverture et de dialogue ». Il Giornale traduit : « Les grands de ce monde pourront se parler librement, sans craindre de devoir répondre publiquement de leurs théories. » C’est aussi pourquoi il n’est prévu aucun rapport, aucune communication sur la nature des propos échangés.
 

La réunion du groupe Bilderberg se tient du 7 au 10 juin à Turin

 
Cette année, de nombreux ministres, chefs de gouvernement, industriels, responsables de multinationales, banquiers, journalistes tenus au secret mais tous en provenance d’Europe ou d’Amérique du Nord discuteront de thèmes divers sous la présidence d’Henri de Castries de l’Institut Montaigne. Il sera question en premier lieu du « populisme en Europe », du « défi des inégalités », de « l’avenir du travail », de « l’intelligence artificielle », des « Etats-Unis à l’orée des élections à mi-mandat », du « libre-échange », du « leadership mondial des Etats-Unis », de la Russie, de « l’informatique quantique », de l’Arabie saoudite et de l’Iran, et même de l’ère « post-vérité » – ce monde où les politiques agissent sur les électeurs à travers le registre de l’émotion.
 
A noter que pour les Etats-Unis, les présences annoncées ne concernent guère l’administration Trump, sinon à travers celle de James Baker qui travaille au secrétariat pour la défense et de Matthew Turpin du National Security Council. Les grands noms des grandes multinationales sont bien là ; ils côtoieront Henry Kissinger et le général Petraeus et foultitude d’autres banquiers, universitaires et responsables de cercles de réflexion mondialiste. N’oublions pas José Barroso, recyclé chez Goldman Sachs après sa présidence de la Commission européenne, ni le gouverneur de la Banque centrale d’Angleterre. Le groupe Bilderberg est avant tout un lieu de pouvoir.
 

Le cardinal Pietro Parolin avec les puissants de ce monde

 
Pour d’autres pays, ce sont des ministres ou dirigeants en exercice qui sont attendus, tels Jean-François Blanquer, Paschal Donohue (Irlande), John Hickenlooper, gouverneur du Colorado, la Norvégienne Sigrid Haag, Ursula von der Leyen, le Premier ministre belge Charles Michel et son homologue néerlandais Mark Rutte, et celui d’Estonie Jüri Ratas, mais aussi le roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, le vice-Premier ministre espagnol Soraya Saenz de Santamaria et son homologue turc Mehmet Simsek, flanqué par le rédacteur en chef de Hürriyet, Murat Yetkin. (Car chez Bilderberg, la Turquie fait partie de l’Europe.) Et beaucoup d’autres hommes et femmes politiques en exercice ou non.
 
Les autres participants français sont Patricia Barbizet (Temaris), Anne Bouverot (Morpho), Bernard Cazeneuve, Bernard Emié, directeur général au ministère de la Défense, Bruno Patino, directeur éditorial d’Arte, et Patrick Pouyanné de Total.
 
Sans surprise, il n’y aura pas de membre du gouvernement italien.
 

Jeanne Smits