A l’approche du carême, un prêtre du diocèse de New York, Mgr Roger Landry, directeur national des Œuvres pontificales missionnaires aux Etats-Unis, plaide pour que l’adoration eucharistique perpétuelle soit effectivement instaurée dans une chapelle construite et décorée à cet effet à Manhattan par une communauté dominicaine, « où manquent toujours des fidèles pour remplir l’agenda hebdomadaire ». Or on ne peut laisser le Saint-Sacrement exposé sans la présence d’adorateurs… Pour Mgr Landry, New York, où la pratique religieuse est importante et où convertis et « recommençants » sont nombreux, devrait être capable de faire ce que des paroisses de 500 fidèles sont capables d’instaurer en d’autres lieux des Etats-Unis, et « d’exceller dans l’amour du Seigneur Jésus Eucharistique ». Sa lettre d’exhortation comprend bien des conseils dont d’autres fidèles, d’autres paroisses, d’autres pays pourraient s’inspirer.

Il commence par citer l’exemple du Sacré-Cœur de Montmartre où l’adoration n’a jamais cessé depuis le 1er août 1885, soit 51.000 jours que n’ont interrompu ni les guerres mondiales, ni les pandémies, ni la sécularisation croissante.

L’adoration eucharistique, « un hommage collectif et continu d’amour reconnaissant »

« Pour que l’adoration perpétuelle fonctionne, il faut deux adorateurs qui s’engagent à être présents au cours de chacune des 168 heures que compte la semaine », rappelle le prélat, avant d’inviter ses concitoyens à envisager un tel engagement à l’occasion du carême à la chapelle Saint-Joseph des Dominicains pour qu’au moins pendant ces quarante jours de pénitence avant Pâques, « nous puissions offrir au Seigneur Jésus dans la sainte Eucharistie cet hommage collectif et continu d’amour reconnaissant ».

Il a baptisé l’initiative « Opération miséricorde divine », surtout « parce que le fait que Jésus se rende si accessible à nous constitue une grande action de son amour miséricordieux ». « Notre prière devant lui, alors que nous offrons au Père éternel le corps, le sang, l’âme et la divinité de son Fils bien-aimé, est une grande et belle façon d’appeler la miséricorde de Dieu sur nous-mêmes, sur ceux qui nous sont chers, sur l’Eglise et sur le monde », ajoute Mgr Landry.

Celui-ci répond à quelques objections de ceux qui hésiteraient à s’engager pour cause d’imprévisibilité de leurs obligations familiales, professionnelles ou sociales. Les logiciels de planification actuels sont « superbes », rappelle-t-il, et permettent d’organiser les choses de telle sorte que les adorateurs puissent choisir des créneaux différents chaque semaine en fonction des besoins du moment.

Un engagement de Carême centré sur la miséricorde divine

« Une autre façon de faire face à un emploi du temps chargé est de s’inscrire avec un ami ou un membre de la famille à la même heure. Certaines semaines, vous ne pourrez peut-être pas venir ; d’autres semaines, l’autre ne pourra peut-être pas, mais, ensemble, il est plus facile de s’engager afin de pouvoir se remplacer l’un l’autre et de s’assurer qu’il y aura au moins un adorateur présent », souligne Mgr Landry.

Un autre frein à ce type d’engagement est le fait que bien des catholiques n’ont jamais appris comment « remplir » une heure d’adoration avec profit : « Une heure devant notre Créateur et Rédempteur, cela peut sembler intimidant. » Quant à lui, il compte proposer pour le Mercredi des Cendres une formation Zoom en ligne pour proposer quelques « meilleures pratiques ». Belle idée !

Et il conclut :

« Comme en témoignent les adorateurs qui s’engagent ainsi, nous ne pouvons jamais vaincre Jésus en générosité. Si nous commençons à prendre du temps pour lui chaque semaine de cette manière – même et surtout si cela exige un sacrifice – il nous bénira énormément. Il nous demande ce qu’il a demandé à Pierre, Jacques et Jean au jardin le Jeudi Saint : de veiller avec lui dans la prière pendant une heure, confiants que c’est ainsi qu’il fortifie notre chair faible pour qu’elle s’aligne sur notre esprit bien disposé. Jésus a dit à de nombreux saints et mystiques à quel point il lui est agréable chaque fois que nous prenons le temps d’être avec lui. C’est l’une des raisons pour lesquelles les papes encouragent aussi fortement l’adoration eucharistique. »

Jeanne Smits