La dernière cartouche de Manuel Valls pour inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution

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Manuel Valls introduit les débats sur le projet de réforme constitutionnelle à l’Assemblée nationale le 5 février 2016.

 
Tandis que le Sénat votait la prolongation de l’état d’urgence, les députés adoptaient, à une courte majorité, l’article controversé inscrivant la déchéance de nationalité dans la Constitution pour les auteurs de crimes et délits terroristes. Il faut dire que, de peur de voir la gauche devenir la dernière victime du 13 novembre, Manuel Valls a joué son va-tout, misé sur sa dernière cartouche.
 
L’article ayant été réécrit sans référence à la bi-nationalité, les députés l’ont adopté par une courte majorité de 162 voix contre 148. Quant aux 267 députés restants, sans doute étaient-ils fatigués par cette énième journée consacrée à cette question… D’autant que l’Assemblée devait se prononcer ce mercredi sur l’ensemble de la révision constitutionnelle.
 
En tout état de cause, Manuel Valls se veut confiant.
 

Les députés votent pour inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution

 
Et pourtant, ce vote obtenu à quatorze voix près constitue en réalité un affront pour le tandem Hollande-Valls. Un manque de confiance caractérisé.
 
Et ce d’autant plus que, mardi matin, Manuel Valls avait sorti devant les députés socialistes sa dernière cartouche, prévenant les nombreux élus de gauche hostiles à l’inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution qu’un vote négatif, bien plus que de constituer une sanction contre l’exécutif, risquerait de « mettre en minorité le président ». Or, précisait le premier ministre, « on ne peut pas découper en morceaux le serment du président ».
 
On ne sait si l’argument a encore quelque valeur pour les députés de gauche, et notamment pour les députés socialistes. D’autant que les frondeurs ont plutôt laissé entendre qu’ils ne supportaient pas la politique mise actuellement par l’exécutif.
 
Lors de la discussion générale, Christian Paul, le chef de file des frondeurs, a ainsi souligné que cette révision constitutionnelle constituait « une faute politique majeure », qui « divise la droite, la gauche », et qui a « divisé le gouvernement ». Benoît Hamon a de son côté critiqué « une mesure historiquement défendue par l’extrême droite ». Bref, l’ambiance était loin d’être au beau fixe…
 

Hollande, dernière cartouche de Manuel Valls

 
Et le bras de fer a ainsi continué entre Manuel Valls et les députés socialistes…
 
A l’oral seulement. Car sans doute les frondeurs ont-ils eu peur de l’impact qu’une déchéance présidentielle pourrait avoir sur 2017. D’autant que, malgré les aspirations diverses, personne ne semble aujourd’hui en mesure de prendre à François Hollande les habits de candidat.
 
Certains évoquent, bien sûr, une candidature Valls. Mais le premier ministre s’est fait trop d’ennemis ces derniers temps, au point que nombre de proches du président le pressent de faire monter Manuel Valls dans la charrette du remaniement…
 
En attendant, cédant à la peur de l’épouvantail cataclysmique agité par Valls, les députés de gauche ont fait juste ce qu’il fallait pour sauver la mise à François Hollande.
 

François le Luc