Charia : la première banque islamique d’Allemagne, KT Bank, ouvre ses portes à Francfort, et Merkel participe à l’iftar

Charia : la première banque islamique d’Allemagne, KT Bank, ouvre ses portes à Francfort, et Merkel participe à l’iftar
 
En plein ramadan – renforçant encore le symbole – la première banque islamique autorisée à fonctionner sans restriction en Allemagne a ouvert ses portes, mercredi, à Francfort. La veille, Angela Merkel participait officiellement à la rupture du jeûne, l’iftar… Kuveyt Turk Bank (KT Bank) est un établissement turc à capitaux majoritairement koweïtiens par le biais de sa maison mère, Kuwait Finance House. Elle avait mis un premier pied en Allemagne en ouvrant une petite agence à Mannheim en 2010 ; deux ans plus tard, elle déposait sa demande en vue d’obtenir une licence d’opération complète de la part des autorités allemandes. Celles-ci n’ont pas vu d’objection à ce qu’elle opère selon le modèle particulier de la finance islamique qui proscrit le prêt à intérêt, mais contourne l’interdiction par le biais de plusieurs artifices. Elle sera dotée d’un comité de surveillance chargé de vérifier la conformité des opérations avec l’islam.
 
Aujourd’hui, KT Bank est installée pour de bon en Allemagne : outre le bureau principal qui a ouvert à Francfort, elle a installé des agences à Mannheim et à Berlin et projette des ouvertures prochaines à Cologne, Hambourg et Munich.
 

La première banque islamique d’Allemagne ouvre à Francfort avec un comité de surveillance de la charia

 
Elle vise un marché considérable et dans une certaine mesure captif : l’Allemagne compte officiellement 4,5 millions de musulmans, parmi lesquels quelque 21 % sont déjà prêts à utiliser les services d’une banque islamique, selon un sondage commandé par KT Bank. Mais celle-ci entend s’adresser également à une clientèle non musulmane et jouer d’égal à égal sur le marché allemand.
 
Pour être « charia compliant », selon le jargon utilisé dans le monde de la finance, les services et investissements proposés par une banque islamique doivent échapper à toute accusation de participer à des activités « haram » : l’investissement dans les armes, les jeux d’argent, la prostitution, l’alcool, l’élevage de porcs… Exigences parfois paradoxales lorsqu’on sait que les pays arabes ne sont pas moins armés que les autres et qu’au nom de la charia, le trafic d’armes est même particulièrement florissant.
 

KT Bank utilise des artifices pour être « charia compliant »

 
Parmi les artifices utilisés pour échapper à l’accusation d’usure, l’achat immobilier se fait non par le biais d’un prêt mais par l’achat du bien au client qui le rachète pour un montant supérieur – et qui tient forcément compte du niveau des prêts à intérêt pratiqués dans l’économie environnante. L’opération s’avère même plus chère que le prêt immobilier puisque les taxes assises sur les ventes sont dues deux fois…
 
En soi, la volonté de moraliser la finance n’est pas critiquable – à supposer que cela ne se fasse pas seulement de manière cosmétique. Ce qu’on retiendra ici, c’est l’implantation d’un système islamique dans les pays d’Occident qui ont largement oublié les exigences de la morale : un système qui profite du vide laissé et qui n’est pas sans volonté conquérante, puisqu’il cherche à séduire les populations autochtones. Ainsi le Royaume-Uni, qui a été l’un des premiers pays non musulmans à accueillir des banques islamiques, voit-il fleurir ces institutions : l’Islamic Bank of Britain s’enorgueillit d’avoir vu augmenter les dépôts de clients non islamiques de 55 % en 2014 (on suppose qu’elle s’enquiert de la religion de ses clients au moment de l’ouverture des comptes…).
 

Angela Merkel fête le ramadan en participant à l’iftar

 
En Allemagne, l’ouverture de la KT Bank coïncide avec un autre événement fortement symbolique : le chancelier Angela Merkel a participé à l’iftar, la rupture du jeûne, en ce début de ramadan, organisé à la Villa Borsig à Berlin, où le ministère des Affaires étrangères allemand tient ses réceptions. C’était la première fois qu’un chef d’Etat allemand participait à cette cérémonie islamique.
 
« Il est évident que l’islam fait partie de l’Allemagne », a déclaré à cette occasion Angela Merkel, appelant à davantage de confiance et de respect à l’égard de l’islam dans l’ensemble de l’Europe. Evoquant le grand nombre d’actes violents perpétrés au nom de diverses religions ces dernières années, Angela Merkel a exprimé un regret : « Il est dommage que la plupart de ces actes soient attribués à l’islam. » Vraiment : c’est l’attribution qui est regrettable ?
 
Assistaient également à l’iftar des responsables juif, protestant et Alois Glück, président du Comité des catholiques allemands.
 

Anne Dolhein