Chine : les autorités annoncent la poursuite des sacres illicites d’évêques catholiques

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L’administration chinoise des affaires religieuses (SARA) vient de publier son plan d’action pour 2015 sur son site internet, qui remet clairement en cause toute normalisation des relations que Pékin et Rome avaient pourtant laissé entrevoir. Le plan présente plusieurs points inacceptables par Rome.
 
Le directeur de l’administration chargée de superviser l’ensemble des activités religieuses, Wang Zuoan, précise que « 2015 sera une année importante pour le travail religieux », travail religieux évidemment géré et organisé par le parti communiste chinois.
 
Parmi les priorités énoncées dans le document, figure notamment un soutien à l’Association patriotique des catholiques chinois et à la conférence des évêques « officiels » pour l’élection et le sacre « indépendants » des évêques catholiques.
 

Pékin continuera de sacrer des évêques sans l’autorisation de Rome

 
En clair, Pékin va poursuivre le sacre d’évêques sans autorisation de Rome en 2015, principal point d’achoppement entre Pékin et le Saint-Siège puisque ces sacres effectuées sans mandat papal sont considérés par ce dernier comme « illicites » et engendrent l’excommunication immédiate des évêques concernés…
 
Le pape François, comme son prédécesseur Benoît XVI, avaient laissé entrevoir la possibilité d’un dialogue sur le choix des candidats, mais avaient toujours exigé que le dernier mot revienne au pape, garant de l’unité universelle de l’Eglise.
 
Les autorités chinoises ne semblent pas disposées à plier sur ce point précis ; elles qui avaient fait sacrer cinq évêques illicites entre 2006 et 2012.
 

La Chine ne dialoguera pas avec Rome sur les « catholiques officiels »

 
Le plan d’action chinois pour 2015 prévoit également la convocation du Congrès national des représentants catholiques et du Conseil des évêques (officiels), sorte de conférence épiscopale non reconnue par le Saint-Siège, afin de « promouvoir la démocratie dans la gestion de la Chine ».
 
Une deuxième annonce qui rejette donc toute union entre l’Eglise officielle contrôlée par le parti communiste, via l’Association patriotique des catholiques chinois, et l’Église clandestine toujours fidèle à Rome et persécutée en Chine. Ainsi, Mgr Thaddeus Ma Daqin qui avait démissionné publiquement de l’Association patriotique des catholiques chinois le jour de son ordination comme évêque auxiliaire de Shangaï, vit depuis en résidence surveillée.
 

La Chine met en place des contrôles bancaires pour les organisations catholiques

 
Le plan d’action prévoit également le contrôle des « comptes bancaires » des « lieux religieux et des séminaires », un prolongement logique de la campagne anti-corruption lancée par le président chinois et qui s’attaque depuis plusieurs mois à la gestion de l’administration des Affaires religieuses.
 
Pour le père Cervellera, directeur de l’agence vaticane AsiaNews, ce troisième point est un signal important : « La persécution en Chine n’existe plus seulement pour des motifs idéologiques, mais au nom de l’avidité et de l’enrichissement injuste. » En clair : les autorités chinoises ont détourné d’importants biens immobiliers et avoirs de l’Eglise : la somme se compte déjà en milliards et l’on craint des détournements supplémentaires.
 
Du côté des catholiques de l’Eglise clandestine, la réaction a été immédiate : ils ont été nombreux à s’opposer fermement à cette nouvelle tentative de contrôle de l’Eglise par le parti communiste.
 

De nombreux catholiques s’opposent fermement au contrôle des autorités communistes

 
L’un d’entre eux a interpellé le clergé : « Quand les pasteurs de l’Eglise de Chine refuseront-ils de se mettre à plat ventre et décideront-ils de se tenir debout pour défendre la foi authentique de l’Eglise catholique ? Tout membre du clergé ou fidèle qui réfléchit en conscience devrait boycotter ces sacres illégaux et abandonner l’Association patriotique des catholiques chinois, tout comme le Conseil des évêques », a-t-il déclaré.
 
Un commentateur prévoit en outre que ces nouvelles directives augmenteront encore le nombre d’ordinations clandestines et que la situation sera rapidement hors de contrôle.
 
Dans une lettre ouverte adressée au président de SARA, un autre catholique accuse le gouvernement de s’immiscer dans les affaires internes de la l’Eglise catholique avant de l’interroger : « Puisque l’Eglise est une communauté d’amour, pourquoi les autorités devraient-elles semer le chaos dans l’Eglise et pousser la communauté catholique à s’opposer à elles ? »
 
Un prêtre chinois a affirmé que le gouvernement signifiait sans doute par ce biais qu’il voulait rompre tout dialogue avec le Saint-Siège tandis qu’un laïc pressait récemment les évêques, prêtres et tous les fidèles des deux Eglises, officielle et clandestine, à s’opposer clairement aux sacres illicites : « Ne laissez pas les forces du Mal supprimer notre Église. N’acceptez aucun compromis. Nous devons nous battre pour la liberté religieuse en Chine », a-t-il déclaré.