La Chine, premier bénéficiaire de la chute des cours des matières premières

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La Chine a notamment gonflé de 2,2% ses importations de minerai de fer en volume l’an dernier, à 953 millions de tonnes.

 
En 2015, selon les calculs de l’ancien vice-président de Goldman Sachs Inc. pour l’Asie, Kenneth Courtis, la Chine a été le premier bénéficiaire mondial de la chute des cours des matières premières, avec des économies estimées à 460 milliards de dollars. La chute du prix du pétrole représente les trois quarts environ de ces économies, le reste résultant des factures allégées pour d’autres formes d’énergie, les métaux et le charbon, mais également pour les produits agricoles alors même que la Chine n’a jamais importé autant de minerai de fer, de soja et de concentré de cuivre.
 
Le ministère du Commerce du gouvernement communiste chinois a indiqué pour sa part que sur un « panier » de 10 matières premières et produits agricoles comprenant le pétrole, le soja et le gaz naturel, la Chine a économisé 188 milliards de dollars sur l’importation. Et ce, faudrait-il ajouter, malgré une poussée de fièvre acheteuse en vue stocker les biens et produits à prix cassés.
 

La Chine est à la racine de la chute des cours des matières premières

 
C’est l’ensemble de l’économie chinoise qui est censée bénéficier de ces prix bas, depuis les consommateurs qui paient moins cher leur chauffage alors qu’il fait – 15° à Pékin, aux industriels dont les coûts de fabrication chutent au rythme des cours.
 
Selon Courtis, « la Chine est le grand gagnant du crash des prix des matières premières, et une part significative de l’aubaine est actuellement transférée sur sa propre population ».
 
Situation paradoxale, puisque c’est le ralentissement de l’économie chinoise, affectée par une baisse de la demande étrangère et domestique, qui a poussé les prix des matières premières vers le plancher. La baisse des prix permet à ses industries de tenir le coup malgré des profits en berne. Elle permet également de relâcher sa politique monétaire pour soutenir la « croissance », tandis que les effets de la chute des commandes à l’exportation ont été fortement atténués : l’excédent commercial a malgré tout augmenté fortement en 2015 pour atteindre 594,5 milliards de dollars.
 

Mais la Chine en est aussi le premier bénéficiaire face à ses concurrents émergents

 
Selon les analystes de Bloomberg, la chute des cours des matières premières permet à l’économie chinoise de s’éloigner doucement du modèle appuyé sur l’industrie lourde pour favoriser la consommation et les services. En même temps les Chinois, bénéficiant de prix plus bas, profitent d’une inflation très ralentie et de la possibilité de s’équiper davantage, selon Louis Kuijs d’Oxford Economics à Hong Kong.
 
Tout va donc pour le mieux en Chine même lorsque tout va mal…
 
En attendant, les autres pays émergents comme le Brésil ou l’Afrique du Sud, exportatrices de matières premières, souffrent durement de la chute des cours.
 

Anne Dolhein