Chine, Canada, France, Europe, Arctique : qui se réchauffe le plus vite ?

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Si l’on en croit la littérature réchauffiste, chaque partie du monde se réchauffe plus vite que les autres. Hier, c’était la Chine, aujourd’hui, le Canada tient la corde, avec quelques autres, France, Europe, avec une nette préférence les régions situées près du pôle Nord. Le 2 avril 2019, le gouvernement du Canada annonçait dans un communiqué de presse que le climat du Canada se réchauffe deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale, citant un tout frais Rapport sur le climat changeant du Canada. Pour la Noël 2021, tv5monde nous affirmait que le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. Avec ce que cela signifie de diminution du manteau neigeux et de précipitations en hausse. Moins de deux ans plus tard, Le Figaro, reprenait le même titre. Sans dire un mot dans son article des incendies monstres qui ravageaient le pays : ceux-ci étaient attribués, au même moment, par d’autres médias, au réchauffement du climat et d’exceptionnelles sécheresses peu compatibles avec les « précipitations en hausse ».

 

Un gros lobbying pour le Canada et l’Arctique

Enfin, en mars 2024, le rapport de l’Organisation mondiale pour le climat nous confirmait que le nord du Groenland, l’Islande, le Canada (la Sibérie n’était pas citée dans le résumé) voient leur température moyenne augmenter plus vite. Mais le 22 mars 2024, l’hydrologue française Emma Haziza lançait sur France Inter : « Nous sommes le pays qui se réchauffe le plus rapidement dans le monde, 20 % plus vite que le reste du monde ». Alors ? France, Canada, ou zone arctique ? Pour nous tirer d’embarras, les Dernières nouvelles d’Alsace ont publié un long article de « fact checking » intitulé « Est-il vrai que la France se réchauffe “20 % plus vite” que le reste du monde ». Et Le Monde a fait paraître le 5 mai une synthèse : « Climat : pourquoi la France et l’Europe se réchauffent plus vite que la moyenne ». Ces éminents confrères méritent une analyse.

 

Ça se réchauffe et ça surchauffe aux dernières nouvelles d’Alsace

Voici quelques précisions quantifiées par les DNA. « Selon le ministère de la Transition écologique, sur les continents et en particulier en Europe, le réchauffement constaté est plus important que la moyenne mondiale. En France métropolitaine, le réchauffement est environ 50 % plus élevé. » Voilà qui est net. Poursuivons donc : « Quant au continent européen, il se réchauffe depuis les années 1980 “au rythme moyen de 0,5 °C par décennie ”, selon le Giec, soit plus du double du réchauffement mondial. C’est “ce continent qui se réchauffe le plus vite”, affirmait déjà l’Organisation mondiale pour le climat en 2022. » Prenons notre calculette : l’Europe s’est donc réchauffée de 2 degrés en moyenne depuis 1980. Mais en même temps, ce réchauffement serait de « 1,7 degré par rapport à la période préindustrielle » soit 1850.

 

La France moins que l’Europe aujourd’hui mais plus demain !

Arrivé ici, un cerveau normal aura explosé. Mais les DNA vont plus loin : « En résumé : les terres se réchauffent plus vite que les eaux, parmi les continents l’Europe se réchauffe nettement plus vite que le reste du monde, mais la France un petit peu moins vite que la moyenne européenne. » Bon. Et voyons les prévisions maintenant : « Selon les dernières projections établies par Copernicus, Météo-France et le CNRS, la France devrait connaître un réchauffement supérieur de 30 % environ à celui du reste du monde : +2 °C contre 1,5 d’ici à 2030, et +4 °C contre 3 d’ici à 2100. » Eh bien voilà : un gloubiboulga de données fausses et contradictoires suivi d’une prophétie alarmiste tirée d’un chapeau, sur le ton du plus grand sérieux avec des autorités bien intimidantes, Copernicus et le CNRS. On compte manifestement sur la sottise ou l’inattention des lecteurs censés ne rien comprendre à l’article présenté comme une « désinfox », mais ce qui est plus instructifs, c’est que le rédacteur (J.C.) ne comprend manifestement pas ce qu’il écrit.

 

Ça se réchauffe plus ici, moins là : quid du réchauffement global ?

Au Monde, ce sont des intellectuels d’élite. Ils comprennent donc ce qu’ils écrivent. Matthieu Goar commence : « Le 22 avril, deux grands instituts, l’Organisation météorologique mondiale et l’observatoire européen Copernicus, ont signé un communiqué alertant sur l’importance du réchauffement sur le Vieux Continent. » « Les trois années les plus chaudes jamais enregistrées en Europe se sont toutes produites depuis 2020, peut-on lire avant un constat sans appel : C’est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, avec des températures qui augmentent environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale. » Cela tient à « un aspect fondamental de la climatologie », tous les endroits de la planète ne se réchauffent pas de la même manière. Certes, mais on peut se demander alors pourquoi le discours réchauffiste parle toujours de température globale et comment il mesure, ou même conçoit, cette température globale, question qui rencontre un silence buté.

 

Chine, Canada, France, Europe, Arctique : simples suppositions

Poursuivant son analyse, le Monde donne la parole non pas à un climatologue reconnu mais à un homme de météo : « C’est une des caractéristiques du système-Terre, les changements du climat ne sont pas uniformes dans l’espace, avec notamment des variations de température plus marquées sur les continents et au voisinage de l’Arctique, résume Aurélien Ribes, chercheur à Météo-France au Centre national de recherches météorologiques (CNRM, CNRS). C’était le cas lors de la dernière période glaciaire, et c’est également le cas à l’heure actuelle, avec des différences importantes sur l’amplitude du réchauffement climatique d’origine humaine selon les zones. » Joli, le « système-Terre », ça fait très pro, intimidant, « scientifique » : mais quant au fond, il n’a été dit qu’une chose : les continents et le pôle Nord se réchauffent plus vite. On n’avance pas, on n’explique pas. Ah, si, quand même, une précision : la différence de réchauffement se remarquait lors de la dernière période glaciaire, c’est aujourd’hui encore le cas. Ici, on sort du vide pour entrer dans l’imposture, puisque ça laisse supposer qu’on dispose de mesures pour dire que tel est le cas aujourd’hui : or il n’en est rien. Ce sont des suppositions tirées de modèles mathématiques qui permettent d’affirmer ce réchauffement plus rapide !

 

La Chine deux fois plus vite, et le Sahel c’est pire !

En somme, il ne résulte de ces nombreuses annonces depuis cinq ans, de ces fact-checking et de ces précisions qu’une immense barbe-à-papa de pseudo-information, de données contradictoires, de phrases vides qui montrent l’incapacité des partisans du réchauffement par l’homme à produire le moindre essai de vulgarisation scientifique propre à convaincre le public de leur dada. Et ne vise qu’à faire peur, par tous les moyens. En voici une preuve surnuméraire en prime : en 2015, c’était la Chine qui prétendait se réchauffer deux fois plus vite depuis 1950, cette fois. Et c’était catastrophique : « le réchauffement lui a fait perdre 1 % de son PIB, huit fois plus que dans le reste du monde, depuis l’an 2000, sans compter la pression sur la production agricole, les réserves d’eau et le danger pour la sécurité de divers barrages. » A ce propos, si l’on prenait au sérieux la nouvelle mode des réchauffistes, que le réchauffement frappe plus vite près du pôle Nord, au Canada et en Europe, cela ferait tomber un des arguments « humanitaires » largement répandus par la FAO et l’ONU, qui veut que le réchauffement lèse particulièrement l’Afrique pauvre et tropicale.

 

Pauline Mille