La Chine communiste collecte des données génétiques humaines, et ce n’est pas une bonne nouvelle

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Iain Duncan Smith, membre conservateur du Parlement britannique, ancien ministre, eurosceptique et climatosceptique, se distingue par ses mises en garde contre la politique de la Chine communiste. Sa dernière tribune en date, publiée par le Telegraph de Londres, met en lumière ce qu’il estime être la plus grave menace posée à ce jour par le parti communiste chinois (PCC), parti unique et maître de tout en son pays, qui par l’accès aux données génétiques des individus peut les utiliser à mauvais escient, y compris pour la mise au point d’armes biologiques ciblées. Les progrès actuels de la biotechnologie appuyée sur la génomique, avertit Duncan Smith, sont d’autant plus inquiétants que celle-ci est désormais couplée avec l’intelligence artificielle.

« Comme d’autres technologies de pointe, la génomique, lorsqu’elle est utilisée de manière licite, peut contribuer à la création de nouveaux médicaments pour lutter contre des maladies tel le cancer. Toutefois, son potentiel de double utilisation signifie qu’elle peut également être employée pour créer des armes biologiques ou des agents pathogènes ciblés. Et il est inquiétant de constater que le PCC a déjà utilisé des données génomiques pour établir le profil de minorités ethniques, tout en éditant des embryons humains à des fins de modification des performances », écrit l’élu.

 

Pour la Chine communiste, les données génétiques ont un intérêt militaire

Alors que la Chine n’autorise pas théoriquement la modification génétique des êtres humains un cas a en effet été répertorié, dans lequel He Jiankui a modifié le génome de deux jumelles au stade embryonnaire en utilisant la technique CRISPR-cas9 afin de les protéger contre le virus du sida (avec une possible amélioration de leurs performances cérébrales) et les a implantées. Les petites filles sont nées et « vont bien », a-t-il récemment déclaré. Entre-temps, il a été condamné en 2019 avec deux membres de son équipe et a écopé d’une peine de trois ans de prison, et les lois chinoises ont été précisées – non pour interdire la pratique, mais pour proscrire l’implantation des embryons modifiés qui doivent légalement être détruits au bout de quatorze jours de développement. Ce qu’il faut en retenir, évidemment, c’est que la modification génétique fonctionne. Ce qu’on ne peut pas en déduire, c’est que cet interdit soit systématiquement respecté…

Le profilage génétique des minorités par l’étude leur ADN se fait quant à lui de manière officielle et reçoit fonds et soutien de la part des agences de surveillance chinoises, selon des articles publiés dans des revues scientifiques.

Iain Duncan Smith poursuit : « Les Etats-Unis ont pris conscience de cette menace et ont récemment introduit une législation historique qui entrave la capacité des adversaires étrangers à collecter les données génomiques des citoyens américains. Le projet de loi, soutenu à la fois par les Républicains et les Démocrates, interdit aux géants chinois de la génomique, tels que BGI Group et MGI Tech, d’accéder aux contrats fédéraux. »

Et d’accuser le gouvernement d’être conscient du danger mais de permettre néanmoins à BGI Group, en particulier, à accéder au secteur génomique britannique.

 

Les données génétiques servent à la surveillance et aux entreprises transhumanistes

« La génomique est une industrie de 4.000 milliards de dollars, qui revêt une importance stratégique pour la prospérité du Royaume-Uni. Permettre aux entreprises chinoises d’y accéder compromet notre sécurité et notre secteur de pointe des sciences de la vie, qui ne peut rivaliser en termes de prix avec des entreprises subventionnées par l’Etat chinois », observe Iain Duncan Smith.

Celui-ci pointe également le rôle de ce secteur dans le système de guerre hybride que la Chine développe grâce à l’absence de frontières entre le parti communiste, son appareil militaire et le secteur industriel et médiatique, en écrivant :

« Le groupe BGI, qui se présente comme une entreprise privée, fait néanmoins fonctionner les principaux laboratoires et la banque nationale de gènes du gouvernement chinois. BGI figure sur la liste noire du Pentagone en tant qu’“entreprise militaire chinoise” et a collaboré avec l’Armée populaire de libération pour mettre au point des tests prénataux vendus dans le monde entier et dont les données génétiques sont renvoyées en Chine.

« La commission américaine de sécurité nationale sur l’IA a conclu que le groupe BGI servait de véhicule de collecte d’ADN pour le compte de l’Etat chinois. Fait étonnant, notre gouvernement n’a toujours pas classé la génomique en tant qu’infrastructure nationale critique (INC), ce qui laisse les citoyens et les entreprises britanniques dans une situation de vulnérabilité à cet égard.

« Si de grands prestataires de soins de santé privés britanniques tels que Bupa ou Oxford Nanopore collaborent avec BGI ou MGI, les tentatives de protection des citoyens britanniques s’en trouveront gravement compromises.

« Le discours du gouvernement sur la “réduction des risques” liés à la Chine ne sert à rien si le secteur privé et les organismes de recherche ne sont pas conscients que les coûts à long terme pour la sécurité nationale et économique l’emportent sur les avantages à court terme de l’utilisation d’entreprises chinoises moins chères. Pire encore, des entreprises publiques, telles qu’Eurofins, travaillent déjà avec des sociétés chinoises de génomique comme MGI, tout en ayant accès à des contrats sensibles avec le ministère de la défense, l’agence nationale de lutte contre la criminalité et Porton Down [zone gouvernementale de recherche militaire]. »

On comprend l’inquiétude d’Iain Duncan Smith quant à la récolte de données génétiques du monde entier par une entité militaire chinoise, fût-ce au sens large. L’élargissement continu de l’objet des diagnostics prénataux permet une récolte de données de plus en plus importante. Au service de la Chine, comme il le dénonce… Mais pas seulement, puisque le pistage génomique d’une part importante de la population est désormais théoriquement accessible à tout pays disposant d’un secteur technologique capable de séquencer le génome à grande échelle.

 

La Chine communiste peut profiter de la récolte de données génétiques à partir de tests non invasifs

Le sujet n’est pas nouveau : il est régulièrement porté sur le devant de l’actualité, notamment au Royaume-Uni où malgré la demande politique en vue de l’ouverture d’une enquête urgente, l’autorité britannique de régulation des données (ICO) a rejeté les appels de parlementaires à enquêter sur les tests prénataux de la société BGI Group. Tests non invasifs puisqu’il suffit de disposer d’un échantillon de sang de la femme enceinte pour les réaliser.

Le site Gènéthique avertissait dès 2021 : « Par le biais de l’intelligence artificielle, la société BGI amasse et analyse les échantillons de sang en provenance d’au moins 52 pays. Ce qui pourrait conduire, selon les conseillers américains, “à des soldats génétiquement améliorés ou à des agents pathogènes modifiés pour cibler la population américaine ou l’approvisionnement alimentaire”. La société a travaillé avec l’armée chinoise sur ces tests prénataux afin qu’ils puissent permettre l’amélioration de la “qualité de la population” et “la recherche génétique pour lutter contre la perte auditive” et les maladies liées à l’altitude chez les soldats. Dans ce cadre, de nombreuses informations génétiques sur les femmes enceintes testées ont été collectées ainsi que des informations personnelles : leur taille, leur poids et leur pays d’origine notamment. Jusqu’à présent plus de 8 millions de femmes ont effectué ce test vendu par la société BGI. »

Depuis 2021, et sachant qu’à l’époque une demi-douzaine d’autres sociétés proposaient déjà le même type de services, la quantité de données génomiques disponibles (et éventuellement vendues ou échangées) n’a pu qu’exploser.

Ajoutez à cela le développement des « vaccins génomiques » (c’est leur appellation officielle) à ARNm et leur large diffusion à la faveur du covid, et vous comprendrez que les êtres humains sont exposés comme jamais à la malveillance technologique.

 

Anne Dolhein