Le régime communiste chinois prépare un inquiétant durcissement législatif destiné à supprimer les structures religieuses indépendantes, nouvel élément de sa croisade contre les « trois démons » : le séparatisme, le terrorisme et « l’extrémisme religieux ». Mais cette entreprise répressive semble avoir l’effet inverse de celui recherché. Bob Fu, membre de l’organisation missionnaire China Aid, basée aux Etats-Unis, qui aide les Eglises persécutées dans l’Empire du Milieu, a déclaré à la rédaction du site LifeSiteNews : « Ce que je distingue, derrière cette nouvelle vague de persécution, c’est une nouvelle vague de renouveau religieux ! » Emily Fuentes, de l’organisation Open Doors (Portes ouvertes), déclare quant à elle que « Le christianisme se développe d’autant plus vite que la répression est sévère » Et ajoute, ironique : « Le gouvernement se demande bien pourquoi les gens continuent de pratiquer cette foi. C’est un peu l’appel vers un tabou ».
David Aikman, auteur de Jesus in Beijin, ouvrage en anglais révélant la force du christianisme chinois, ancien correspondant de Time à Pékin, évalue le taux de croissance du christianisme en Chine à 7 % par an. Cette envolée expliquerait, selon un rapport publié par China Aid, la raison pour laquelle que le Conseil d’Etat de la République populaire de Chine a édicté ces nouvelles réglementations religieuses, pour application dès ce mois d’octobre. Selon China Aid « ces restrictions visent à supprimer toute activité religieuse non officielle (hors tutelle gouvernementale, NdT) en éloignant les Eglises mères, en bâillonnant les Tibétains (bouddhistes) et les séparatistes du Xinjiang (musulmans) et en tarissant l’influence du Vatican sur les catholiques chinois ».
La Chine communiste interdit les chrétiens de sortie
L’influence étrangère sur les Eglises chinoises est le prétexte à cette nouvelle réglementation. Les chrétiens chinois souhaitant partir à l’étranger pour étudier ou enseigner sont interdits de visas. Une partie de ces textes va jusqu’à assimiler l’influence hiérarchique d’un centre spirituel étranger, tels que le Vatican ou le Dalaï Lama, avec le terrorisme.
Derrière cet argumentaire spécieux, quelle est la motivation réelle ? Fu estime que le régime entend selon ses propres termes limiter « la surchauffe de croissance » du christianisme. Mais pourquoi ? Parce que le christianisme est considéré comme un rival politique de la dictature communiste. « Personne en Chine ne croit plus dans le communisme », estime Fu. Tout le monde constate la corruption de la classe dirigeante, qui contraste violemment avec les vies des fidèles chrétiens.
La « théologie de la prison » des persécutés
« Quand les chrétiens persistent dans la foi malgré les persécutions, cela attire la compassion des gens », explique Fu, qui explique : « C’est particulièrement vrai des gens intégrés dans le système dominant, lorsqu’ils voient les chrétiens ne pas se plaindre de leur sort mais prier pour les individus qui les persécutent. Nous appelons cela le théologie de la prison ».
Gao Baosheng, pasteur d’une Eglise chinoise basée aux Etats-Unis, estime que « les lois sont de plus en plus élaborées pour interdire les activités des Eglises indépendantes » et que la répression a été confiée aux autorités locales par souci d’efficacité. Les Eglise indépendantes constituent des tentatives clandestines de chrétiens destinées à échapper aux diktats de l’Etat communiste, qu’elles soient protestantes ou catholiques.
68 millions de chrétiens, harcèlement contre les croix et les églises
L’année dernière ont été publiées une série de nouvelles réglementations destinées à limiter la taille et la forme des croix élevées au sommet des Eglises officielle, des arrestations de pasteurs, de militants des droits de l’homme et d’avocats osant accepter de les défendre. Des persécutions de musulmans ouigours au Xingjinag, de bouddhistes et de fidèles du Falungong ont été rapportées, ciblés pour des prélèvements d’organes. Le gouvernement de Pékin a affirmé que cette pratique avait été interdite l’an dernier. Selon la Commission américaine pour la liberté religieuse internationale, la Chine abrite 68 millions de chrétiens pratiquants et près de 25 millions de musulmans. Leur persécution, estime la Commission, fait partie d’un viol délibéré et permanent des droits de l’homme et de la liberté de penser.
Mme Fuentes explique que la répression est irrégulière et aléatoire. Parce que les musulmans, dans plusieurs régions, ont commis des actes de violence et se sont réunis en secret, « les autorités ont persécuté aussi toutes les Eglises chrétiennes indépendantes ». Parce que les chrétiens d’une région ont érigé de grandes croix sur leurs édifices, les chrétiens de tout le pays sont visés par des refus de permis de construire. Les autorités locales rasent les églises qu’elles estiment contraires aux plans d’urbanismes et emprisonnent les fidèles qui tentent d’empêcher les démolitions.