La haute finance est dans le viseur : la Chine pourrait lancer dès le mois prochain un nouveau contrat à terme de référence sur le pétrole brut, rivalisant avec ceux adossés au Brent et au WTI à Londres et New York où « jouent » les très grands acteurs de la haute finance : principaux marchés mondiaux, Londres et New York voient circuler la part du lion des échanges qui s’évaluent en milliers de milliards chaque année. Traditionnellement au premier rang, les Rockefeller et les Rothschild ont toujours joué un rôle crucial sur le gigantesque marché mondial du pétrole : le projet chinois remet directement en cause leur domination, d’autant que les contrats seront libellés en yuans. En cherchant à s’imposer sur le marché, la Chine ne s’attaque pas seulement à la haute finance qui le domine, mais aussi au dollar.
La décision de la Chine d’ouvrir plus largement son marché vise ouvertement à mieux asseoir son rôle, déjà important, dans la fixation des prix du brut. Le pétrole constitue sa principale source d’énergie et elle en est le deuxième consommateur mondial, important 60 % de ses besoins. La moitié des contrats d’actifs en matières premières se conclut déjà sur le sol chinois, mais dans le cadre d’un quasi monopole d’Etat, même si des autorisations ont été données au coup par coup depuis 2014. Les raffineries privées d’une certaine importance – 11 % du total – vont désormais toutes avoir le droit d’importer elles-mêmes du brut et, vu les volumes en cause, les experts estiment donc que les contrats chinois pourraient à terme rivaliser avec ceux de Londres et de New York.
La Chine libéralise son marché du pétrole et s’attaque à la haute finance et au dollar
Le Brent sert toujours de référence mondiale aujourd’hui, et c’est à partir de ses cotations que sont fixées les valeurs à terme de quelque deux tiers des transactions, malgré le volume relativement modeste de la production de pétrole Brent. C’est le Brent londonien qui stabilise les prix et atténue leur volatilité, mais la décision chinoise pourrait changer la donne.
Des contrats à terme en yuans
La réforme crée en effet le premier contrat à terme chinois autorisant la participation directe d’investisseurs étrangers : dès le mois dernier, le Shanghai International Energy Exchange a proposé des projets de contrat à terme aux acteurs du marché. « Le développement d’un marché à terme est étroitement lié au marché physique », explique le Shanghai International Energy Exchange (INE) dans un communiqué, « plus il y a de participants physiques, meilleure sera la liquidité du marché à terme », ajoute-t-il. Pour fonctionner, le contrat à terme doit en effet s’appuyer sur un marché physique animé dont les prix servent de référence.
Pour la première fois, la Chine veut coter le pétrole en yuans et non plus en dollars
Reste la question de savoir si les investisseurs vont se laisser séduire par ces contrats proposés dans un secteur qui demeure fortement étatisé et dans un contexte d’incertitude sur les marchés boursiers chinois, alors que les acteurs majeurs du marché en Chine, PetroChine, Sinopec et CNOOC, tous propriété de l’Etat, sont dans la tourmente. Les prix du pétrole ont fortement chuté et le marché a été éclaboussé par des affaires de corruption. HSBC encourage ses clients à la « prudence » même si les raffineries autorisées à importer du brut devraient présenter une demande importante, doublée par rapport aux volumes actuels.