Négociations entre le Saint-Siège et la Chine : silence sur les prêtres de l’Eglise clandestine, fidèles à Rome

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Les prêtres de l’Eglise catholique clandestine en Chine vont bientôt se trouver face à un dilemme inextricable par la faute du Saint-Siège. Alors que les pourparlers entre le Vatican et les autorités chinoises (le parti communiste, donc) sont en train d’aboutir à un accord de normalisation, leur sort est largement passé sous silence. Que les négociations « l’oublient » est grave : avant la fin de l’année, ils vont théoriquement devoir, en applications de décisions prises par le gouvernement communiste au début de l’année, s’enregistrer auprès de l’Eglise patriotique sous contrôle de l’Etat communiste, puisque tout prêtre voulant exercer son ministère devra passer sous ses fourches caudines pour obtenir un certificat d’autorisation.
 
Mais ce ne sont pas seulement les prêtres clandestins qui vont se trouver face à ce cas de conscience : même certains prêtres « officiels » qui ont trouvé un arrangement avec l’association patriotique hésiteront à signer un texte visé par celle-ci, au motif que la démarche créera de « nouveaux troubles ».
 

Eglise patriotique et prêtres de l’Eglise clandestine : quelle solution ?

 
Rome a traditionnellement dénoncé les statuts de l’Eglise patriotique chinoise, faisant remarquer qu’ils sont « incompatibles » avec la doctrine catholique, souligne le site catholique d’information sur l’Eglise d’Orient, AsiaNews.
 
De nombreux appels au secours sont arrivés à la rédaction d’AsiaNews de la part de prêtres de l’Eglise clandestine depuis le début de cette année. Ils mettent en évidence leur difficulté principale : l’Eglise patriotique proclame son autonomie par rapport à Rome et au pape et se soumet à l’autorité du parti communiste chinois. Elle affirme également le principe de l’administration démocratique. Ces prêtres fidèles s’inquiètent de voir les pourparlers entre le Saint-Siège et la Chine se focaliser sur l’élection des évêques et la mise en place de relations diplomatiques, tandis que leur sort est apparemment oublié.
 
Si le cardinal John Tong de Hong Kong a publié récemment un article pour demander aux uns et aux autres de mettre en sourdine leurs craintes et leurs critiques par rapport à ces négociations, souligne AsiaNews, cela concerne essentiellement les rapports au plus haut niveau entre la Chine et le Vatican. « Les problèmes quotidiens et les difficultés du clergé chinois et des fidèles ne semblent pas faire l’objet d’une attention suffisante », souligne cette source, pour qui la question de la signature d’un document émanant de l’Eglise patriotique fait partie des questions les plus urgentes à l’heure où la Chine augmente la pression sur les différentes religions présentes dans le pays.
 

Négociation entre la Chine et le Saint-Siège : les prêtres fidèles à Rome s’inquiètent

 
L’article rappelle ainsi que le 13 février dernier, que le média sous contrôle gouvernemental Global Times annonçait la mise en place d’une campagne de grande envergure visant à répertorier et enregistrer l’identité de tous les « travailleurs religieux », qui se verront remettre un certificat comportant leur nom en religion, leur nom civil, leur numéro de carte d’identité et un numéro individuel d’« opérateur religieux ». L’entreprise menée par le gouvernement central a commencé avec l’enregistrement des moines bouddhistes avant d’être étendu aux taoïstes et finalement aux prêtres catholiques, pour qui la date limite d’enregistrement est fixée à la fin de l’année. Le certificat n’est pas donné d’office : en cas de rejet de la demande par les autorités politiques, le demandeur ne l’obtiendra pas de la part de l’association religieuse dont il dépend. Et en ce cas, il lui sera interdit de se livrer à des activités religieuses.
 

Les affres de l’Eglise du silence en Chine face au silence du Vatican

 
Ces dispositions ont été validées – sans surprise – par l’Association patriotique catholique ainsi que par la « conférence des évêques » appartenant à cette organisation : elles ont accepté de mettre à la porte ceux qui refuseraient de s’enregistrer. Pour beaucoup, c’est une exigence crucifiante qui contredit directement leur foi ; d’après AsiaNews, même des prêtres de l’Eglise officielle en sont ébranlés.
 
Ce n’est pas le principe de l’enregistrement des prêtres qui est en cause, puisque dans de nombreux pays la qualité de prêtre de l’Eglise catholique fait l’objet d’une reconnaissance officielle de la part du pouvoir civil : c’est le passage obligé par l’Association patriotique catholique que de nombreux prêtres ne sont pas prêts à accepter. Cette question de foi ne semble pas intéresser Rome.
 

Anne Dolhein

 

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Fidèle de l’Eglise catholique clandestine.