Depuis l’admission de la Chine à l’OMC en 2001, dumping aux dépens des Etats-Unis, domination mondiale en vue

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Le bilan de l’entrée de la Chine communiste dans l’organisation mondiale du commerce (OMC) n’est pas celui qu’en attendaient ses promoteurs irénistes. Lorsqu’en 2001 l’OMC admit Pékin en son sein, les partisans américains de l’organisation globaliste affirmaient que cette décision allait créer des emplois aux Etats-Unis et augmenter leurs exportations vers la Chine. Faisant mine d’être persuadés de la validité éternelle du dogme du doux commerce, ils prétendaient être sûrs que cette intégration persuaderait les dirigeants communistes d’adopter les lois de l’honnête et libre concurrence. L’intégration de la Chine à l’OMC allait libérer cet immense pays de sa férule communiste et y favoriser l’initiative privée. Las ! Une étude de l’Economic Policy Institute (EPI) vient de montrer qu’il en est allé tout autrement, avec un déficit commercial bilatéral atteignant les 500 milliards de dollars pour les Etats-Unis, un dumping massif et la volonté affichée par Pékin de domination mondiale.
 

Depuis l’admission de la Chine dans l’OMC, 3,4 millions d’emplois perdus aux Etats-Unis

 
Le bilan de l’admission de la Chine dans l’OMC dressé par l’EPI est sévère. « La Chine a poursuivi ses pratiques déloyales, qui ont limité la croissance des exportations états-uniennes », dénonce l’organisme qui chiffre à 3,4 millions le nombre d’emplois perdus de ce fait par les Etats-Unis depuis 2001. Les auteurs du rapport ajoutent : « Les pratiques de distorsions commerciales, amplifiées par les manipulations monétaires chinoises, le non-respect des droits des salariés et la pression sur leurs rémunérations, ont entraîné une avalanche d’exportations à bas coût de production, favorisées par des aides publiques, qui a largement dépassé la croissance des exportations américaines vers la Chine. »
 
Et c’est ainsi que le déséquilibre commercial Chine-Etats-Unis a atteint plus de 500 milliards de dollars en faveur de Pékin, que le secteur industriel américain a perdu des quantités d’emplois alors qu’il était un exemple pour le monde entier avant 2001. L’admission de la Chine à l’OMC « n’a pas entraîné la création d’un régime libéral ni d’une économie de marché » analyse Rich Lowry dans la National Review, qui ajoute : « Elle n’a même pas convaincu la Chine de se soumettre aux normes du marché libre. »
 
Même l’émergence d’une importante classe moyenne n’a pas poussé le régime communiste vers des réformes démocratiques. La Chine, ajoute Rich Lowry, est toujours caractérisée par un capitalisme d’Etat plus que par un capitalisme de marché. « Elle profite de l’OMC, avec ses suppressions de droits de douane et sa politique industrielle pour faire avancer ses pratiques mercantilistes », dénonce-t-il.
 

Après son entrée dans l’OMC, la Chine vise une domination mondiale

 
Mais notre analyste oublie un élément plus déterminant encore, selon Gordon Chang, spécialiste du sujet. La Chine, selon lui, « ne vise pas seulement à dominer dans le secteur des industries de pointe », elle vise à « une domination mondiale » en « renversant le système international actuel ». In fine, ce n’est pas la Chine qui semble s’intégrer dans un monde de libre entreprise, mais le monde de la libre entreprise qui semble être intégré et soumis à la stratégie chinoise.
 
L’exemple des Etats-Unis est sidérant, laissant deviner une situation au moins aussi grave en France, prise en étau entre le dumping chinois et l’excellence allemande et accablée d’un euro surévalué pour elle. Le rapport de l’EPI relève ainsi, pour les Etats-Unis, une perte de 3,4 millions d’emplois entre 2001 et 2017 en raison du déficit commercial avec la Chine. Ces pertes d’emplois concernent les cinquante Etats de l’Union et tous les districts électoraux fédéraux. Le déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine dans les domaines de l’électronique et de l’informatique est celui qui a crû le plus rapidement, entraînant une perte de 1,2 million d’emplois américains dans ce secteur.
 
Les importations massives d’acier, d’aluminium et d’autres produits à forte intensité capitalistique menacent, aux Etats-Unis, des milliers d’emplois dans des industries stratégiques telles que les métaux primaires, les machines-outils et les produits métallurgiques. Quant aux produits à technologie avancée, ils voient leur commerce désormais dominé par la Chine, y compris les biotechnologies, les sciences de la vie, l’aérospatiale et le nucléaire.
 

La Chine, menace existentielle pour les Etats-Unis et l’Europe

 
Gordon Chang, fils d’émigrés chinois, juriste et journaliste, félicite Donald Trump pour avoir choisi d’affronter la question chinoise et sa menace d’hégémonie planétaire. Mais « Nous avons devant nous un long chemin, en nous souvenant que la Chine constitue une menace existentielle » pour le mode de vie occidental, Etats-Unis ou Europe, estime Chang. Or la stratégie est à la fois frontale et insidieuse, dit-il : « La Chine ne se comporte pas seulement de façon plus agressive, elle tente de s’en prendre à la démocratie, à notre société et à ce jour elle y a assez bien réussi ». Avec l’aide d’une large partie des élites occidentales qui lui ont grand ouvert la porte.
 

Matthieu Lenoir