Xi Jinping, président de la République populaire de Chine, secrétaire général du parti communiste et patron de sa commission militaire, a plaidé à Davos pour une gouvernance mondiale et un monde ouvert. Un monument d’hypocrisie quand on lit le Global Times, organe anglophone du parti unique, qui révèle que durant toute l’année 2016 la Chine « populaire » n’a accordé que… 1.576 permis de longue durée de résidence et de travail à des étrangers. Ce qui fait de ce pays peuplé de 1,37 milliard d’habitants et aussi vaste que les Etats-Unis l’un des plus fermés au monde. Les Etats-Unis acceptent de délivrer la carte de résident de longue durée (Green Card) à 467.681 personnes chaque année, sans compter les demandeurs d’asile politique et les épouses, époux ou enfants de résidents permanents, toutes catégories « hors quotas ».
La Chine globaliste, un des pays les plus fermés au monde
Le Global Times tente assez comiquement de relativiser ce chiffre microscopique qui trahit la quasi-totale fermeture de la Chine aux flux migratoires, en écrivant que si cette « carte verte » chinoise « est l’une des plus difficiles à acquérir au monde », le nombre de titres délivrés « a augmenté de 163 % » par rapport à 2015. Mais à partir de presque rien. Cette hausse est « intimement liée aux programmes pilotes lancés dans les métropoles chinoises qui traduit la volonté d’attirer un plus grand nombre de talents internationaux pour améliorer la compétitivité globale du pays », écrit-il. Cette politique, lancée en 2015, a permis à Shanghai « de multiplier par six » le nombre d’étrangers ayant obtenu un permis permanent de résidence. Quand on sait que la métropole compte 24 millions d’habitants le chiffre, même en croissance, reste évidemment homéopathique.
Au total, quelque six cent mille étrangers résident en Chine, la plupart donc avec des permis de séjour et de travail temporaires. Soit moins que le flux total annuel des installations définitives aux Etats-Unis, demandeurs d’asile et regroupement familial inclus. Pressentant l’image désastreuse de que ces chiffres peuvent donner à l’oligarchie globaliste, à laquelle Xi Jinping prétend appartenir tout en restant mû par un chauvinisme Han congénital, des « experts » du régime appellent à un assouplissement de la délivrance du permis de dix ans (ou « permanent »). Aujourd’hui, le candidat à la carte de résident de longue durée doit soit être « un expert étranger de haut niveau capable de collaborer au développement économique, scientifique et technologique de la Chine ou à son progrès social », soit apporter une aide exceptionnelle au pays, soit investir plus de 500.000 dollars soit avoir des parents en ligne directe de nationalité chinoise.
1.756 permis de résidence permanente en Chine en 2016
La Chine n’a commencé à délivrer des permis de résidence permanente qu’en 2004 mais de 2008 à 2014 seulement 7.356 étrangers se sont vu attribuer ce sésame, tous recommandés par des ministères ou des gouvernements provinciaux. Aujourd’hui encore, les démarches relèvent du sport de haut niveau. Il faut compter six mois de constitution de dossier avec une pléthore de formulaires à remplir. Et pour autant, la carte de résident ne garantit pas les mêmes droits que les nationaux et n’est pas reconnue par de nombreux services, privés ou publics (hormis les contrôles aux frontières), tellement elle est rare. Un témoin turc cité par le Global Times explique qu’un service de paiement en ligne et des loueurs de voitures la refusent.
Lu Miao, directrice du centre de réflexion Center for China and Globalization explique qu’une libéralisation de l’attribution des cartes de résident attirerait talents et étudiants et que Pékin réfléchit à créer un nouveau ministère destiné à promouvoir l’immigration. La condition d’avoir travaillé quatre années consécutives en Chine pourrait être assouplie à trois années. Signalons qu’actuellement trois métropoles permettent un séjour sans visa de 144 heures, soit six journées, pour les passagers en transit international originaires de certains pays. Il en faudra un peu plus pour convaincre, dans le monde idyllique de la globalisation, que la Chine joue le jeu de la réciprocité.