La Chine est sur le point de prendre le contrôle de l’Organisation des Etats américains (OEA), affirme Dick Morris, ancien conseiller de Bill Clinton dont il aurait « piloté » la victoire en 1996, mais réputé « non partisan ». Il propose son analyse dans Newsmax, média conservateur pro-Trump dans lequel il publie des contributions régulières ; il se pose en opposant au socialisme (ce qui paraît quelque peu curieux vu sa mobilisation aux côtés de Clinton…).
Pour Morris, la situation est telle que seule l’action de Donald Trump peut aujourd’hui empêcher la Chine d’arriver à ses fins, alors que l’OEA s’est déjà montrée très favorable à sa montée en puissance dans la région ces dernières années. C’est la raison du message menaçant de Trump au Panama, affirme-t-il, le résumant ainsi : « Si vous jouez avec la Chine, nous reprendrons notre canal. » « Le Panama a répondu au quart de tour pour relâcher ses liens avec la Chine », commente Morris.
La Chine pose ses pions en Amérique centrale et latine
La Chine espère voir l’un de « ses » affidés en prendre la tête, assure-t-il, notant à quel point l’équilibre dans la région a déjà changé : « Les Etats-Unis étaient autrefois le principal partenaire commercial de la plupart des pays d’Amérique latine. Aujourd’hui, la Chine domine le commerce dans une grande partie de la région. Le jeu de Pékin consiste à contrôler les ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz, tout en entourant les Etats-Unis de régimes hostiles. »
L’élection du nouveau secrétaire général de l’OEA est prévue pour le 10 mars, et elle oppose deux candidats : d’une part Ruben Ramirez Lezcano, ministre des Affaires d’étrangères du Paraguay, dont le président est encore plus favorable à Trump que Xavier Milei, de l’autre, Albert Ramdin, son homologue au Suriname (ex-Guyane néerlandaise), homme de gauche qui s’est appliqué à faire « accroître l’influence de la Chine dans son pays et dans la région ».
Très favorable à l’initiative « Nouvelle Route de la Soie » de Xi Jinping, il s’est vanté dans le Global Times, journal anglophone sous contrôle du parti communiste chinois, de ce que le Suriname ait été le premier pays des Caraïbes à y adhérer ; il voit Pékin comme le grand ami de son pays et de l’Amérique latine, et va jusqu’à souhaiter une plus grande présence culturelle de la Chine au Suriname – et assure en passant qu’il est favorable à la politique de la « Chine unique » par rapport au Taïwan. Au demeurant, il a vanté la manière dont les « missions diplomatiques du Suriname à Washington, New York et ailleurs travaillent de concert » avec celles de la Chine.
La Chine contrôle l’OMS. Bientôt l’OEA ?
Rappelant comment la Chine a déjà pris le contrôle de l’OMS comme on a pu le voir au moment de la crise du covid, Dick Morris met en garde contre une évolution similaire de l’Organisation des Etats américains dont le budget annuel financé par les Etats membres atteint 100 millions de dollars, dont les deux tiers à la charge du contribuable américain, sans compter le contrôle par l’OEA d’« un autre financement de 2 milliards de dollars par le biais d’organisations alliées ».
Albert Ramdin soutient fortement la politique de lutte contre le « changement climatique » – et c’est tout bénéfice pour l’industrie chinoise des panneaux solaires et des batteries électriques, observe Dick Morris.
Il soutient également les politiques migratoires, et la migration clandestine vers les Etats-Unis, et affirme qu’il ne faut pas « prendre parti » contre les dictateurs à Cuba, au Venezuela ou au Nicaragua. Sans surprise, ce sont ces derniers pays qui soutiennent sa candidature à l’OEA (et autres pays de gauche caribéens ou latino-américains). Mais aussi, assure Morris, des fonctionnaires du Département d’Etat américain qui en veulent à Trump, voire, dans certains cas, ont des intérêts financiers au Suriname et dans d’autres pays à forte présence chinoise.
La seule solution, selon Dick Morris, est que l’administration Trump soutienne Lezcano, non sans envoyer un message clair : si Ramdin est élu, les Etats-Unis se retireront de l’OEA.