La Chine insiste : un diplomate chinois la dit prête à assumer la charge du leadership mondial

Chine prête leadership mondial
 
Un haut responsable du ministère des affaires étrangères de la Chine a laissé entendre que Pékin est prêt à reprendre le flambeau du leadership global, pour ainsi dire à son corps défendant. Le diplomate, Zhang Jun, veut croire – ou plutôt faire croire que son pays ne prendrait un rôle directeur dans le monde qu’en raison du retrait de ceux qui l’ont assumé jusqu’à présent : les Etats-Unis, pour parler clair. Alors que Donald Trump joue la carte de l’Amérique d’abord, la Chine se montre depuis quelque temps plus ouvertement avide de ramasser le drapeau de la gouvernance globale. On l’a vu à Davos ; la voici qui se présente comme dévoué serviteur d’une cause en déshérence. Pour le bien de tous ? Voire.
 
« Si quelqu’un devait dire que la Chine joue un rôle de leader dans le monde, je dirais que ce n’est pas la Chine qui fait tout pour prendre la tête mais que ceux qui étaient en tête se sont retirés, laissant la place à la Chine », a déclaré le directeur général du département économique international ministère des affaires étrangères chinois. Assurant que la Chine ne rejetterait pas cette occasion de conduire le monde si cela était nécessaire au bien commun, Zhang Jun a ajouté : « S’il est demandé à la Chine de jouer ce rôle de leader, alors la Chine assumera ses responsabilités. »
 

La Chine est prête à prendre la tête du monde

 
On croit rêver, bien sûr. La Chine qui a exploité sa population, qui a imposé sa brutale politique de l’enfant unique, devenue aujourd’hui brutale politique des deux enfants, la Chine qui est la nation la plus polluante au monde, qui a capté les emplois industriels de tant de pays développés, est tout sauf un leader moral. Il devrait au demeurant suffire de dire que la Chine est communiste, qu’elle l’est toujours. On croit rêver, mais nul, dans les sphères de la gouvernance globale et de la promotion du mondialisme, ne semble y trouver à redire. Xi Jinping a bien été accueilli comme un héros à Davos.
 
C’est là que le président chinois a vanté les mérites de la mondialisation et dénoncé tout protectionnisme. Il est le nouveau champion de la cause. Zhang Jun a repris le flambeau en déclarant à la presse qu’une éventuelle guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine se ferait au détriment de l’économie américaine, et notamment de la promesse de Donald Trump de mener l’Amérique vers une croissance de 4 %.
 

Du leadership mondial à la gouvernance globale

 
Alors que Donald Trump est largement présenté dans les médias mondiaux comme un affreux populiste, nationaliste, partisan du repli sur soi et de la fermeture des frontières, la Chine peut en effet jouer les contrastes avec la complicité des promoteurs du libre échangisme mondial, et elle ne s’en prive pas. Difficile de croire que tout cela relève simplement de l’altruisme, comme l’a suggéré son diplomate…
 
En revanche, cela oblige à passer sous silence les nombreuses pratiques protectionnistes chinoises ainsi que le dumping social et sa politique d’exportation agressive. Pourquoi la laisse-t-on faire, sinon parce que son « leadership mondial » est en définitive considéré comme acceptable, voire souhaitable ?
 

Anne Dolhein

 
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