Royaume-Uni : un prêcheur de rue chrétien arrêté pour avoir exprimé des opinions sur l’islam

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Un pasteur chrétien a été arrêté et placé en garde à vue pendant 13 heures pour avoir, selon les autorités, exprimé des opinions sur l’islam et affirmé que le sexe est binaire lors d’un prêche de rue près de l’université de Bristol, au Royaume-Uni, rapporte l’organisation Alliance Defending Freedom (ADF) UK. Son crime ? Avoir mis en regard les enseignements moraux du christianisme à ceux de l’islam et a affirmé sa conviction que Dieu a créé les hommes et les femmes.

Encore ces propos ne faisaient-ils pas partie de son prêche. L’incident, qui remonte à mars 2024, a éclaté lorsqu’un passant a interrogé Moodley sur ses opinions religieuses. Celui-ci s’étant exprimé, un passant a poussé Moodley du haut de son petit escabeau, tandis que d’autres ont saisi et piétiné ses pancartes, refusant de les rendre.

Malgré le fait que ce fut lui, la victime d’une agression au cours de l’incident, la police territoriale d’Avon et Somerset a arrêté Dia Moodley au motif que ses propos pouvaient constituer une offense religieuse, en particulier pendant le mois du ramadan. La police a indiqué qu’il était soupçonné de « harcèlement sans violence, avec la circonstance aggravante de la race ou de la religion », en vertu de la loi de 1998 sur la criminalité et les troubles (Crime and Disorder Act) et de la loi de 1986 sur l’ordre public (Public Order Act).

 

Dia Moodley, un prêcheur chrétien dans l’œil du cyclone

ADF-UK indique que le pasteur a entamé une action en justice contre la police, après que l’Alliance eut obtenu l’abandon de l’enquête à son encontre par le biais d’une intervention juridique. Dia Moodley a déposé une plainte officielle contre la police pour le traitement qu’il a subi et la destruction de ses biens, indique un communiqué de l’ADF daté du 10 octobre.

De fait, au moment de l’incident en mars 2024, si Moodley se voyait embarquer par la police, aucune mesure immédiate n’était prise à l’encontre des personnes qui l’avaient agressé et détruit ses biens. La police s’était contentée de récupérer les pancartes piétinées, et a par la suite demandé au personnel de l’université de Bristol de se débarrasser de quatre des panneaux de Moodley, dont un comportant des versets bibliques.

La police s’est par la suite excusée, mais de manière privée, pour la destruction des biens. Cela s’est fait par voie de courriel, un vrai modèle de langue de bois signé par un officier de police : « Je suis désolé de vous aviser que les panneaux ont été remis à l’université de Bristol pour qu’elle s’en débarrasse… Je ne peux pas expliquer pourquoi cette décision a été prise (car je n’étais pas présent à ce moment-là), mais je voudrais m’excuser au nom de mes collègues. »

 

Arrêté pour avoir critiqué l’islam et l’idéologie du genre

L’ADF UK a confirmé qu’elle aiderait Moodley à intenter une action en justice pour « traitement discriminatoire ». Moodley a quant à lui critiqué la réaction de la police, qualifiant celle-ci de « police à deux vitesses » qui protège certaines idéologies alors que d’autres sont réduites au silence.

« La police à deux vitesses n’est malheureusement pas une fiction ou une théorie du complot, c’est une réalité dont les chrétiens du Royaume-Uni font l’expérience depuis des années. Ce n’est pas à l’Etat de décider quelles religions et quelles idéologies peuvent ou ne peuvent pas être critiquées en public », a-t-il déclaré, dénonçant « l’augmentation de la censure de l’Etat au Royaume-Uni et dans l’ensemble de l’Occident ».

Le pasteur Moodley ne s’est pas laissé intimider par l’affaire et a repris ses prêches dans l’espace public. En juillet dernier, alors qu’il parlait de la Bible dans les allées d’un centre commercial, il a été bruyamment pris à partie et encerclé de façon menaçante par un groupe de passants dont l’un des membres a par la suite mis en ligne la vidéo de l’incident, illustrée d’un drapeau Antifa et proclamant : » Je ne regrette rien. »

Le pasteur Moodley, qui est d’origine Afro-américaine, avait déjà eu maille à partir avec la police britannique : à la suite d’un prêche où il avait bénéficié de la protection des forces de l’ordre en raison de multiples agressions racistes dont il avait fait l’objet, la police lui avait signifié une mise en garde lui intimant l’ordre de ne jamais faire des commentaires sur d’autres religions que le christianisme (en particulier l’islam) ou de les comparer à celui-ci, et de s’abstenir de tout propos sur les croyances des athées ou des personnes qui croient en l’évolution.

Moodley avait refusé de signer le document et l’avait au contraire contesté avec l’aide de l’ADF : cela avait abouti en février dernier à la décision de la police de lui accorder des indemnités après qu’elle eut reconnu que les restrictions imposées au prêcheur étaient « disproportionnées ».

 

Le prêcheur de rue chrétien : une vieille tradition

La tradition des prêcheurs publics est fort ancienne et avait été reprise notamment par les Dominicains. Les protestants s’en sont vite saisis en Angleterre où l’évangélisation de rue a connu son essor au XIXe siècle et continue encore aujourd’hui dans de nombreuses villes du pays.

Mais le politiquement correct est passé par là : les lois contre les « discours de haine » (elles correspondent aux lois « antiracistes » en France) sont fréquemment invoquées pour arrêter, condamner ou réduire au silence des prêcheurs qui osent dénoncer le comportement homosexuel, critiquer l’islam ou proférer publiquement des propos qui pourraient causer de la « détresse » parmi les auditeurs. Ainsi la ville de Leeds a-t-elle publié un « code de conduite » à l’intention des prêcheurs qui les contraint d’éviter toute « homophobie » et tout « discours de haine », tout propos qui puisse « troubler les enfants », tout en les obligeant à donner leurs coordonnées à la police et aux autorités municipales sur simple demande.

On nous explique que le blasphème n’est plus un crime : en réalité, il a simplement changé de camp.

 

Jeanne Smits