Christine Lagarde annonce des « années de douleur » aux pays producteurs de pétrole – et une aide du FMI ?

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Crise des pays producteurs de pétrole : vers une plus grande coopération internationale, selon Christine Lagarde et le FMI.

 
La directrice du FMI s’attend à une stagnation durable des prix du pétrole, qui ont chuté de 66 % par rapport à leurs « hauts » les plus récents. C’est ce qu’elle a déclaré lors d’une conférence à l’université de Maryland – pour affirmer aussitôt que le Fonds monétaire international est prêt à aider les pays producteurs en détresse et réclamer davantage de coopération internationale entre banques centrales et autres institutions mondialistes pour gérer ce « stress » imposé à l’économie. Christine Lagarde apporte ainsi une nouvelle illustration de l’utilisation des situations de crise pour faire avancer une idée.
 

Christine Lagarde veut aider les pays producteurs de pétrole

 
Parmi les pays durement touchés par la chute des cours du pétrole et d’autres matières premières, l’Azerbaïdjan et le Nigeria font partie de ceux que Mme Lagarde a suggéré d’aider, d’autant que ce dernier a déjà frappé à la porte de la Banque mondiale pour obtenir un soutien pendant cette passe difficile.
 
Mais de nombreux pays devenus richissimes grâce à l’or noir – comme l’Arabie Saoudite – ou qui dépendent largement de leurs exportations d’énergies fossiles, comme la Russie, font face eux aussi à une forte chute de leurs revenus. Les pays les plus industrieux vont-ils devoir éponger les dégâts ? Et qu’en est-il du recours au pétrole dont on nous dit d’une part qu’il fera l’objet d’une demande croissante, alors que dans le même temps le monde entier s’apprête au nom de la COP21 à supprimer progressivement le recours aux énergies fossiles ?
 
Christine Lagarde voit la solution dans un « filet de sauvetage » global qui exigerait d’abord que les économies avancées renoncent au recours massif aux politiques monétaires souples destinés à maintenir les taux d’intérêt à un niveau très bas, comme elles ont « dû » le faire depuis la crise de 2008. « Mais les banques centrales ne peuvent y arriver seules. Les pays qui disposent d’une marge de manœuvre budgétaire doivent utiliser la politique fiscale pour stimuler leur économie : par exemple, en finançant une amélioration très nécessaire des infrastructures publiques », a-t-elle dit.
 

La douleur des exportateurs de pétrole… et la COP21 ?

 
Traduisez : les pays riches, généralement endettés jusqu’au cou, devraient accentuer leur pression fiscale pour payer de gigantesques travaux d’infrastructures – sans oublier de soutenir la recherche, les télécommunications et autres facteurs qui ont abouti à la culture du Smartphone…
 
Le FMI compte participer à la réflexion qui permettra de mieux coordonner les politiques des banques centrales alors que la Fed est en train de mettre en péril les économies émergentes avec la montée du dollar et le crédit plus difficile, a indiqué Christine Lagarde aux étudiants de Maryland. Il est vrai que la chute importante du dollar enregistrée jeudi n’avait pas encore eu lieu…
 

L’aide du FMI, un marchepied vers la mondialisation

 
Avec cela, il faut transférer savoirs et technologie aux pays en développement ou émergents, faciliter l’investissement de capital à l’étranger, augmenter la liberté des échanges et les accords de commerce régionaux et internationaux, a affirmé Christine Lagarde, pour prévenir la montée de l’« inégalité, du protectionnisme et du populisme ».
 
Le FMI estime avoir dans ce contexte un rôle de premier plan – avec l’arrivée des BRICS (Brésil, Chine, Inde et Russie) dans sa structure de gouvernance – , Mme Lagarde estime qu’il reflète mieux la « dynamique de l’économie globale du XXIe siècle ». Elle préconise « le renforcement et l’élargissement d’instruments financiers de précaution qui pourront servir à tous ».
 
L’intégration mondiale est en marche.
 

Anne Dolhein