Il a fallu une nuit intense de négociations et tout le savoir-faire des Emirats arabes unis, grands producteurs de pétrole devant l’Eternel et riches de la pression que leur donne leur poids en dollars pour parvenir à ce que la presse internationale qualifie d’« accord historique ». Les pays réunis à Doubaï – parmi eux, la Russie en bonne place, le mondialisme avance tranquillement l’actualité guerrière – ne se sont pas engagés à « sortir » des énergies fossiles, chose que les pays producteurs de pétrole voient finalement d’un mauvais œil, mais à « transitionner ».
Le mot est à la mode. On « transitionne » aussi pour « devenir homme » ou « devenir femme » quand on est en désaccord avec ce que la nature a disposé. A ce titre, il n’est pas si mal choisi : il s’agit d’une contradiction de la réalité.
L’idée est de privilégier des énergies dites « vertes » qui dépendent des aléas de météo – soleil et vent – pour fournir l’électricité quand le temps le veut bien, et surtout pas à la mesure des besoins réels de l’homme : un « carburant » pour faire fonctionner l’économie, l’industrie, l’agriculture, les transports, mais aussi de quoi s’éclairer… ou se chauffer. L’énergie photovoltaïque et l’éolien brillent justement par leur absence quand il fait le plus froid.
La COP28 aboutit à un consensus sur l’urgence d’attendre (au moins pour certains)
Une autre expression fait son entrée dans un accord de la COP : celle de « combustibles fossiles ». Jusqu’ici, on parlait de réduction des « gaz à effet de serre », pour « décarboner » l’atmosphère (alors même que la végétation terrestre a besoin de CO2 pour sa croissance). La nouveauté, c’est qu’on a désormais gravé dans le marbre la théorie qui fait le lien entre les « combustibles fossiles », la production de CO2 et la responsabilité des hommes dans ce processus. Il y a de quoi pavoiser pour le lobby des alarmistes du climat, même si l’accord de Dubaï va nettement moins loin.
Il est vrai que le chef émirati de cette 28e édition de la Conférence des Parties, Sultan Al Jaber, par ailleurs patron de la compagnie pétrolière Adnoc, avait en substance déclaré à la veille de la rencontre de Dubaï qu’il était urgent d’attendre pour parler de « sortie » des énergies fossiles :
« Je ne souscrirai en aucun cas à des discussions alarmistes. Aucune étude scientifique, aucun scénario, ne dit que la sortie des énergies fossiles nous permettra d’atteindre 1,5 °C. 1,5 °C est mon étoile du Nord. Et une réduction et une sortie des énergies fossiles sont, selon moi, inévitables. C’est essentiel. Mais il faut être sérieux et pragmatique… Montrez-moi la feuille de route d’une sortie des énergies fossiles qui soit compatible avec le développement socio-économique, sans renvoyer le monde à l’âge des cavernes. »
Il faut ajouter ceci, que l’on entend moins souvent : les pays qui multiplient déjà les recours aux sources d’énergie « renouvelable », mais aléatoire, comme le soleil et le vent, n’ont pas d’autre choix que de mettre sur pied des centrales capables de prendre le relais quand le soleil est absent, le temps trop froid ou le vent insuffisant. Charbon, gaz, pétrole sont les choix les plus logiques (les centrales atomiques n’ont pas d’interrupteur à actionner à volonté) et qui proclame la fin des énergies fossiles signe en même temps l’arrêt de mort des panneaux voltaïques et des éoliennes – en tout cas, s’il n’est pas envisagé de couper le courant au moment où l’on en a le plus besoin.
Les Emirats ont imposé le consensus autour du mot « transitionner »
Comme on n’en parle guère, l’attention des médias est focalisée sur l’abandon progressif des énergies fossiles sur lequel se sont mis d’accord les diplomates de plus de 200 pays au royaume de l’or noir. Démarche qui se fera, nous dit-on, « de manière juste, ordonnée et équitable »… Autrement dit, c’est toute la logique des COP successives, en couvrant de honte les pays riches présentées comme étant responsables du réchauffement et des dommages que celui est censé occasionner. Et en autorisant les pays en développement (comme la Chine qui en a déjà largement profité) d’augmenter ses émissions de CO2, pour un avantage concurrentiel évident.
Ils parlent de sauver la planète ; mais en réalité, c’est un jeu de politique et de confrontation planétaire qui se déploie sous nos yeux. Avec en substrat, la haine de l’homme ordinaire qui demande surtout à se loger, se chauffer, se nourrir, travailler et croître en fonction de ses besoins réels.