La chute actuelle des cours des matières premières, provoquée par la diminution de la demande, menace l’économie de l’Australie, fortement dépendante des achats de la Chine dont l’économie est elle-même en forme nettement moins florissante qu’il y a cinq ou huit ans. Les jeux de dominos dans une économie mondiale globalisée sont l’un des effets du libre-échangisme couplé avec la décision de créer des « ateliers du monde » dans les zones de forte population et de bas salaires.
Image saisissante de cette contraction australienne : la situation de Gina Rinehart, la femme la plus riche de l’Australie. Mais pour combien de temps ? L’héritière de la dynastie minière de Perth, Hancock, vient de demander à ses employés d’Australie occidentale d’accepter une coupe de 10 % de leurs salaires pour éviter le risque de licenciements. Il faut dire qu’il y a trois ans, la fortune de Gina Rinehart était estimée à 30 milliards de dollars. Aujourd’hui, la chute des cours aidant, elle est évaluée à 11 milliards.
Chute des cours des matières premières : l’Australie est menacée par sa dépendance de ce secteur économique
Riche en minerai de fer, en charbon et en or, l’Australie a largement bénéficié du « super cycle » économique lié au boom de le Chine qui est devenu le principal partenaire du continent austral, achetant avidement une belle part de la production minière. La crise ouverte en 2008 devait laisser l’Australie impavide : tout allait bien, l’économie tournait à bloc et les excédents commerciaux restaient au beau fixe alors que tant d’autres pays peinaient. L’avantage était comparable à celui de l’Arabie saoudite à la grande époque de l’or noir : aujourd’hui, comme l’Arabie contrainte de brûler ses réserves de devises pour faire face à la chute des cours, l’Australie voit sa position excédentaire fortement remise en cause. Et ses réserves sont bien moindres que celle de la monarchie pétrolière.
La fin de son boom est bien là : dès avril de cette année, la balance extérieure de l’Australie est passée dans le rouge avec un déficit de plus de 3 milliards de dollars. Et l’ensemble de ses principales ressources atteignent des points bas records sur les dernières années : le minerai de fer se vend aujourd’hui à 50 $ la tonne contre 180 $ en 2011. La chute est comparable pour certains charbons, passés à 60 $ la tonne contre 150 $ à pareille époque. L’économie australienne dépendait à 65 % de ses ressources en matière première en 2012. C’est dire que les conséquences s’annoncent lourdes.
Le ralentissement de la Chine menace son fournisseur : l’Australie contrainte de de s’endetter
L’Australie est aujourd’hui « contrainte » d’emprunter pour financer les dépenses de l’Etat (bienvenue au club !) avec tous les risques que cela fait courir aux générations futures. L’économiste australien Stephen Koukoulas craint même de voir son pays poussé, par les circonstances, à devenir une sorte de nouvelle Grèce dont la Chine serait le « banquier de dernier recours », comme l’est l’Union européenne pour la Grèce.
La dette étrangère nette de l’Australie a atteint à la fin du premier trimestre 955 milliards de dollars, soit près de 60 % du PIB. Une paille, si on la compare avec celle de la Grèce (qui en est à 175 %)… ou de la France. Mais ce n’est pas une situation « durable ».
L’Australie – contrairement aux pays de la zone euro – peut contrer ses effets néfastes par une dévaluation. La décision a été prise par le gouvernement et par la banque centrale australienne, la Reserve Bank of Australia, sans pour autant parvenir à compenser le déclin de son industrie minière. Plus inquiétant encore : le seul secteur économique à afficher une vraie croissance est celui de l’immobilier.
L’instabilité politique et militaire sert les avancées globalistes. L’instabilité économique aussi.