Hangzhou, Chine, ville sous surveillance : le programme « City Brain » d’Alibaba traque le moindre mouvement

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C’est le géant chinois de la vente sur Internet, Alibaba, qui a mis en place un système de surveillance quasi universelle dans la ville de Hangzhou pour traquer chaque mouvement des 9 millions de résidents, que ce soit dans la circulation réelle ou dans le monde virtuel. Le système d’intelligence artificielle « City Brain », installé en octobre 2016, fonctionne désormais depuis un an en partenariat avec Foxconn – groupe industriel taiwanais – pour « optimiser » le fonctionnement urbain. Mais c’est au prix de l’omniprésence de Big Brother.
 
City Brain est en lien avec toutes les infrastructures de la mégapole et permet de récupérer des données sur le trafic, les délits et autres vols, les déplacements et achats des habitants, et ce en temps réel.
 

Big Brother s’est installé à Hangzhou, ville sous surveillance

 
Selon le New Scientist, l’outil de surveillance fonctionne extrêmement bien : il aurait permis de réduire le nombre des délits, des accidents de la circulation et même des bouchons aux heures de pointe. Le système permet en effet de prédire les pics de circulation et d’ajuster les feux pour prévenir les bouchons avant même qu’ils ne commencent à se constituer. En pistant les malfaiteurs à la semelle, City Brain à amélioré le taux d’interpellation des délinquants. Et les forces de l’ordre sont averties au moindre stationnement illégal.
 
Les citoyens de Hangzhou sont eux aussi « connectés » par le biais de leurs Smartphones qui les alertent en cas de mauvais temps ou de bouchons en leur proposant des itinéraires plus sûrs.
Le logarithme d’intelligence artificielle d’Ali Baba fonctionne grâce au « deep learning » (apprentissage profond) et fait largement appel à des technologies de reconnaissance d’images en vue d’améliorer la circulation : c’est ainsi que le dispositif était vanté il y a un an lorsque sa mise en place était annoncée. On créditait le système d’une précision de 92 % dans son analyse du trafic et des incidents de voirie, sans mettre l’accent sur la surveillance plus personnelle que permet City Brain.
 

City Brain, le programme d’intelligence artificielle d’Alibaba que la Chine rêve d’exporter

 
A l’occasion du sommet mondial sur l’intelligence officielle qui s’est tenu au début de ce mois, des responsables de la division AI d’Alibaba, Xian-Sheng Hua ont cependant attiré l’attention sur le fait qu’« en Chine, on se soucie moins des questions de vie privée, ce qui nous permet d’avancer plus vite ».
 
Plus vite ? On peut le dire : les résidents de Hangzhou voient pister toute leur activité sur les réseaux sociaux, en même temps que City Brain « apprend » à partir de l’ensemble de leurs allées et venues, notamment pour rejoindre leur lieu de travail, de leurs achats, et de leurs interactions sur Internet. Tout est « absorbé » par la base de données d’Alibaba Cloud.
 
Le dispositif a été conçu comme un programme pilote, l’objectif des autorités chinoises étant de l’étendre à l’ensemble des grandes villes du pays en attendant de l’exporter dans le monde entier.
Mais personne ne semble avoir eu l’idée de dénoncer le pouvoir inouï que donne ce type de surveillance prétendument bienveillante aux tyrans de tout poil, en particulier en Chine où elle est au service d’un communisme de plus en plus affirmé.
 

Anne Dolhein