La conception socialiste du cumul

Conception socialiste cumul
Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, au palais de l’Elysee.

 
On apprend sur le site internet du Point, que Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, et élu au début du mois président de la région Bretagne, pourrait renoncer à ses indemnités d’élu régional. Une annonce pour confirmer cette information devrait être faite dans le courant de la semaine prochaine. Une façon comme une autre d’affirmer que Jean-Yves Le Drian renoncerait donc au cumul de ses indemnités, mais pas de ses fonctions – ce qui est bien une conception restrictive de la règle socialiste officielle sur le non-cumul.
 
Le ministre ne prend d’ailleurs ni les Français, ni même les Bretons en traître. Durant sa brève mais intense campagne, Jean-Yves Le Drian avait prévenu que, s’il était élu à la tête de la région Bretagne, il serait amené à cumuler ses deux fonctions pendant une durée indéterminée, compte-tenu de la situation actuelle de notre pays. Le tout sous la houlette du président normal de la République.
 

Le cumul des sous et du pouvoir

 
On le voit, les attentats justifient désormais toutes les entorses aux règles habituelles de la démocratie, même lorsque celles-ci ont été édictées par les socialistes eux-mêmes.
 
« La team Le Drian a déjà été très efficace pendant la campagne. Elle le sera par la suite et le temps qu’il faudra », estime un conseiller régional socialiste. On veut bien le croire, même s’il n’est pas sûr que les Bretons supportent bien de n’avoir un président qu’à mi-temps.
 
On s’interroge en revanche sur les capacités nationales des socialistes. Si Le Drian est aussi indispensable comme ministre qu’on nous le laisse entendre, cela signifie-t-il que les autres sont incapables d’assumer la charge du portefeuille de la Défense ? Et si oui, n’y avait-il donc personne d’autre, au Parti socialiste, en mesure d’assumer la charge de tête de liste aux régionales en Bretagne, voire de président de la région ?
 

Une conception socialiste pas très « normale »

 
On veut nous faire croire que, Jean-Yves Le Drian abandonnant les 5.512 euros d’indemnités correspondant à son poste de président de région, pour se contenter – ô grandeur d’âme ! – de celles de ministre, soit 9.940 euros, le principe du cumul sur lequel les socialistes se prétendent si tatillons serait sauf.
 
Voire ! D’abord, parce que, à côté des indemnités, il y a les notes de frais et toutes sortes de gratuités, qui, si elles sont justifiées pour chacun des postes, ne le sont sans doute pas de la même façon pour un mi-temps. Et l’on ne nous dit rien de ce cumul-là…
 
Quoi qu’il en soit, la règle du cumul ne concernait pas d’abord la question pécuniaire, mais bien la capacité d’un homme à remplir deux fonctions qu’on n’hésite pas à nous présenter habituellement comme prenantes.
 
D’ailleurs, on ne nous dit pas ce que deviendra le ministre lorsque Jean-Yves Le Drian sera son mi-temps de président de région. Cela signifie-t-il qu’il ne sera plus ministre qu’à mi-temps ?
 
Ce qui poserait d’autres questions par ricochet. Et tout d’abord celle de se demander à quoi peut bien servir un ministre s’il peut gérer son portefeuille à l’occasion. Ou alors, celle de savoir qui le gère en son absence.
 
En tout état de cause, cela expliquerait qu’il préfère conserver les indemnités, plus confortables, du ministre…
 

François le Luc