Et si le confinement n’avait servi à rien pour éviter les morts du COVID-19 ? La Suède pourrait en apporter la preuve

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Selon les pouvoirs publics français, le confinement a permis de « sauver » quelque 30.000 vies qui auraient pu être perdues à cause du COVID-19. C’est la principale justification de la privation de libertés inédite qui a frappé la totalité de la France, y compris dans les zones très largement épargnées par le coronavirus chinois. Mais ce n’est qu’une hypothèse, qu’aucune vérification ne permettra jamais de venir contrôler. Une hypothèse au coût faramineux : celui d’une crise économique d’une gravité inouïe. Il se trouve, en outre que nous possédons désormais un élément de comparaison : un pays développé, européen, qui a refusé depuis la première contamination constatée fin janvier d’imposer le confinement. Il s’agit de la Suède. Si la Suède sort de la crise sans dégâts majeurs, cela permettrait de soutenir l’hypothèse inverse : dire que le confinement n’a eu qu’une faible incidence sur la mortalité dans les pays qui l’ont imposé.
 
Depuis le début de la crise, la Suède irrite ses partenaires internationaux en ne prenant qu’un nombre assez restreint de mesures coercitives. Pour l’ensemble de la population, liberté et responsabilité sont la règle, chacun étant supposé capable de décider par soi-même s’il préfère se claquemurer chez lui ou continuer de voir ses proches, circuler et même profiter des vacances de Pâques. L’isolement a même été présenté comme un mal à éviter…
 
D’où vient l’irritation ? Paradoxalement, il semblerait que les partenaires de la Suède soient surtout inquiets à l’idée que le pays scandinave réussit son pari. C’est-à-dire qu’il arrive à traverser la crise sans détruire irrémédiablement des pans entiers de son économie, sans précipiter sa population dans la pauvreté et la dépendance accrue à l’égard de l’État.
 

Le confinement vu depuis la Suède

 
On pourrait croire que la réussite du modèle suédois en matière d’épidémie du COVID-19 puisse rendre l’espoir à des pays qui maintiennent virtuellement leur population sous clef et qui font mine de se demander comment résoudre les énormes problèmes qu’apportera avec lui un arrêt brutal et prolongé de la vie économique. Mais c’étaient des problèmes acceptés d’avance…
 
Il n’en est rien. À croire que le confinement est le but recherché, et non la préservation des vies humaines.
 
En Suède, en ce 29 avril, on annonçait 19.390 cas de coronavirus, et un total de 2.335 décès, sachant le chiffre quotidien des nouveaux décès baisse de manière assez importante depuis une dizaine de jours. Cela correspond assez aux prévisions des autorités sanitaires suédoises qui considéraient que le pic de l’épidémie avait été atteint le 8 avril. Si les tendances se maintiennent, cela signifierait que la courbe des infections et des décès inconnus en Suède une évolution assez comparable à ce qu’elle a été dans les autres pays européens et d’ailleurs dans les autres pays du monde qui ont imposé des confinements draconiens.
 

Pour éviter les morts du COVID-19, le confinement n’a pas fait ses preuves

 
Certes, les Suédois en mesure de télé-travailler ont été encouragés à le faire, on recommande d’éviter les contacts dans la mesure du possible, et les réunions sportives et autres sont interdites au-delà de 50 personnes. Les cafés et les restaurants sont restés ouverts, cependant, et s’il est interdit de s’y accouder au zinc, on est servi à table comme d’habitude.
 
La vie économique est ralentie, mais elle est loin d’être sinistrée. Les dépenses personnelles ont chuté de 30 % en Suède au fil de la crise, mais ce pourcentage atteint 66 % en Norvège et 70 % en Finlande. Les écoles sont restées ouvertes et la fermeture de l’enseignement supérieur est récente.
 
La grande peur du coronavirus ne semble pas être au rendez-vous. La population suédoise approuve massivement (à plus de 70 %) l’approche des autorités sanitaires – même si certains les accusent d’avoir sacrifié les personnes âgées. Mais que veut dire une telle critique par rapport à la France où l’on annonce plus de 8.000 morts liés au COVID-19 dans les EHPAD : ce sont des personnes qui n’ont pas été soignées à l’hôpital et que le confinement, et même l’abominable isolement, n’ont manifestement pas protégées.
 

Moins de morts par rapport à la population en Suède qu’en France ou en Espagne

 
La Suède reste d’ailleurs assez loin derrière l’Espagne, l’Italie et la France en termes de mortalité générale attribuée au coronavirus avec actuellement 21,8 décès pour 100.000 habitants, contre 58,3 en Belgique, 48 en Espagne, 42,7 en Italie et 33,2 en France. l’Allemagne fait mieux, c’est vrai, avec 6,4 décès pour 100.000 habitants mais là encore, le confinement a été nettement plus souple qu’en France ou en Italie.
 
Les hôpitaux suédois n’ont pas été débordés et, cerise sur le gâteau, les autorités s’attendent à ce que la proportion totale de Suédois contaminés par le COVID-19 atteigne un tiers de la population au 1er mai : on n’y attend pas franchement une deuxième vague qui pourrait conduire à un nouveau pic de contamination dans la mesure où l’immunité générale est déjà importante.
 

Le confinement n’a servi à rien pour modifier la courbe des contaminations

 
La Suède a ouvertement pris le risque d’une plus grande mortalité liée au virus. Mais dans le même temps, elle s’assure de sortir de l’épidémie avec moins d’inquiétude quant à l’avenir des contaminations – la fameuse « deuxième vague » qu’on nous annonce en France. Et elle est moins perdante que les autres pays qui ont pris des mesures aux conséquences gravissimes pour l’ensemble de la population, au prix de mesures dictatoriales qu’on n’aurait pu imaginer il y a seulement deux mois.
 
Le scientifique israélien Isaac Ben-Israel cité par le Telegraph de Londres estime quant à lui que le coronavirus agit partout selon un modèle constant : « Il s’avère qu’un schéma similaire – une augmentation rapide des infections qui atteint un pic à la sixième semaine et diminue à partir de la huitième semaine – est commun à tous les pays dans lesquels la maladie a été découverte, quelle que soit leur politique de lutte. »
 
Si c’est vrai, on nous a enfermés – en mettant plus d’un salarié sur deux au chômage –pour rien. C’est ce qui s’appelle un remède bien pire que le mal.
 

Jeanne Smits