Converties à l’islam

Converties islam Virginie Riva
 
Le titre exact du livre est Converties, sans aucune précision. Et l’éventuel lecteur moyen comprend parfaitement ce dont il s’agit, à savoir de femmes converties à l’Islam. Elles seraient converties au Catholicisme qu’il faudrait préciser l’objet de l’étude. Là, non, ce n’est pas la peine ; tout le monde comprend. Ce simple fait en dit déjà beaucoup sur notre époque. Pour les quelques grands distraits, des photographies de visages de femmes islamisées, plus ou moins strictement voilées, ôte tout éventuel doute. Le voile est donc bien un accessoire indispensable de la tenue féminine musulmane, chose contestée véhémentement par les grands progressistes il y a peu. Cette couverture en dit donc déjà beaucoup. Le livre lui-même est intéressant, même s’il renvoie à des réalités inquiétantes, et pour les âmes des premières concernées, et pour la France.
 

La démarche du livre

 
Le titre court Converties joue donc sur une fausse évidence médiatique. Les phénomènes de conversion de populations européennes issues le plus souvent du catholicisme, ou d’origine extra-européenne, sont numériquement plus nombreux vers le néo-protestantisme, de type pentecôtiste, ou le bouddhisme. Il est vrai que ce dernier, qui tient tout autant de la philosophie que de la religion au sens sociologique, est basé sur des explorations intérieures et ne requiert aucune démarche explicite et publique de conversion ; il est un outre fort peu orthodoxe car l’ersatz de bouddhisme répandu en Occident est très éloigné des modèles extrême-orientaux.
 
L’islamisation en cours du territoire français doit beaucoup plus à l’immigration, continue, et à sa descendance, qui reste culturellement massivement musulmane, qu’aux conversions. Ces dernières concernent tout de même plus de 200.000 individus des deux sexes, ce qui n’est donc pas un phénomène marginal.
 
Il existe un flou statistique total sur les appartenances religieuses. Par principe, la République laïque, c’est-à-dire concrètement athée, y répugne. Il y a aussi une volonté de dissimulation de l’importance numérique de l’Islam en France, avec un total compris vraisemblablement entre 9 et 12 millions d’individus. Les journalistes désinformateurs en restent invariablement depuis une quinzaine d’années à 6 millions, voire moins, mensonge manifeste.
 
Ici, l’auteur, Mme Virginie Riva, sociologue et politologue, spécialiste des phénomènes religieux, entend donc s’intéresser spécifiquement aux conversions féminines. Elles ont été beaucoup moins étudiées que les conversions masculines. Elles seraient plus sincères, car non-obligatoires dans un couple ethniquement mixte, d’origines religieuses différentes. Le musulman peut avoir une épouse chrétienne ou juive, étant entendu que les enfants seront forcément musulmans, tandis que la musulmane ne peut épouser qu’un musulman, de naissance ou converti. La majorité des conversions masculine serait de pure forme, totalement insincère, durant le temps d’une union avec une femme musulmane ; après le divorce, phénomène massif touchant tous les milieux ou toutes les ethnies en France, le mari se sépare tant de l’Islam que de son ex-conjointe. De façon générale, plus de la moitié des convertis à l’Islam abandonneraient après quelques années leur nouvelle croyance, phénomène encore moins étudié que les conversions. Les femmes quitteraient moins l’Islam.
 
Mme Riva recueille des témoignages, avec sérieux, empathie, ce qui fournit un bon document primaire. Il ne faut pas croire nécessairement tout ce que disent ces converties, qui cherchent aussi à promouvoir leur croyance. Mais leur sincérité est hors de doute, tout comme l’honnêteté de la transcription. En introduction et conclusion, tout en se défendant de toute islamophobie, évidemment, perce comme une tristesse et une inquiétude de l’auteur, car ces dames n’ont en rien été Charlie et sortent complètement de l’univers laïc et républicain. Sans adhérer à ce dernier, on ne niera pas l’exactitude de ce constat. Le lecteur échappera à la propagande du commentaire sur l’Islam des Lumières, de la Tolérance, etc…Les converties sont plutôt enthousiastes et déterminées, mais le livre ne sombre pas dans une hagiographie ridicule et trop courante de l’Islam, aussi fausse que parfaitement insupportable.
 

Une diversité apparente des converties ?

 
L’auteur insiste dans ses commentaires sur deux éléments : une diversité sociale et ethnique apparente, tout comme une culture catholique originelle, pour beaucoup.
 
Or il y a plus d’uniformité qu’il n’y paraît. La culture catholique se limite, dans des familles guère croyantes, à une première communion, ou parfois à une pratique irrégulière jusqu’à la confirmation à l’adolescence. Une femme et une seule déclare une pratique religieuse catholique à l’âge adulte avant l’apostasie au profit de l’Islam : pratique étrange, éloignée de la Messe et les sacrements, mais recourant aux contraires aux médailles, statues et images réputées plus ou moins miraculeuses…Les musulmans ont triomphé en son esprit de ces pratiques périphériques qui ne constituent pas le cœur de la religion catholique. La dame a été élevée durant l’enfance dans une communauté charismatique, nominalement catholique mais à l’identité religieuse floue, très protestantisante, voire judaïsante ; elle a été marquée par l’apostasie complète de son père à l’adolescence, passé de l’exaltation à l’athéisme et abandonnant sa famille nombreuse, d’où la perte de la foi de toute la famille.
 
Les diversités ethniques ou sociales sont moins niables, mais là encore on retrouve pourtant une unité fondamentale : une commune culture de gauche, de la gauche populaire, de la gauche immigrée, de la gauche bourgeoise, de la gauche sous toutes ses formes, mais toujours de gauche.
 

Avant la conversion à l’islam, une culture normée de gauche

 
Si l’on ne niera donc pas la diversité ethnique ou sociale, avec des femmes d’ascendance françaises ou venues d’ailleurs, ou issues de milieux populaires – du reste les plus nombreuses – ou bourgeois, il y a tout de même une culture commune avant la conversion. Cette culture est elle-même la culture dominante de notre époque, la culture de gauche imposée par les médias et l’enseignement, la culture Charlie.
 
Elle prend toute démarche religieuse par la dérision, développe un athéisme au moins pratique sinon théorique. Mais pourtant elle survalorise l’islam, un islam très idéalisé. Au-delà de qualités imaginaires, comme la tolérance et le féminisme – qualité ô combien discutable – elle apprécie le monothéisme le plus restrictif, le rejet explicite de la Trinité et de l’Incarnation de Dieu en Jésus. Ceci est formulé de manière explicite dans les témoignages. Ces croyances catholiques fondamentales, qui différencient la religion révélée des conceptions philosophiques, sont explicitement niées par le Coran et rejetées aussi par les idéaux maçonniques du XVIIIème siècle qui ont voulu voir une convergence entre leur déisme « philosophique » et le monothéisme restrictif coranique. A l’aune du rationalisme le plus étroit, l’Islam serait pourtant balayé beaucoup plus facilement que le Christianisme ; mais cette honnêteté intellectuelle, même dans les pires démarches, est des plus rares.
 
A cette survalorisation de l’Islam s’ajoute une survalorisation des immigrés, considérés comme des êtres nécessairement extraordinaires, victimes du racisme encore aujourd’hui, du colonialisme et de l’esclavagisme hier. Le tout serait la faute des Européens, haïs comme les méchants de l’Histoire, et aux traditions culturelles propres, en particulier le Christianisme, totalement méprisables et méprisées. L’antiracisme militant intégré a visiblement poussé des jeunes femmes à préférer les hommes de couleur, en une démarche de racisme inversé, qui se trouvent être souvent de culture musulmane.
 
Significativement, les jeunes femmes en recherche spirituelle ont parfois testé, comme d’autres le font pour des voitures, différentes traditions religieuses en excluant a priori et absolument le catholicisme. Sont relevés des essais de conversion au judaïsme, au bouddhisme, etc.…Le judaïsme est estimé proche de l’islam, ce qui n’est pas forcément faux, mais est trop exigeant dans sa démarche de conversion, imposant sept ans d’études, contre quelques semaines pour l’islam.
 
Ainsi ces conversions à l’islam ne viennent pas directement du christianisme, mais du fonds commun d’athéisme républicain, qui est la norme de fait de notre époque. Le parcours semble comme pré-orienté vers un culte admis et considéré comme moins contraire à l’essence de la République que le catholicisme.
 

L’intégration à une contre-société musulmane

 
Les converties passent souvent des mois, voire des années, en une proximité avec l’islam. Beaucoup vivent dans les fameuses banlieues, ou des quartiers dits « populaires », ce qui veut dire largement islamisés, avec des populations d’origine largement extra européenne.
 
Ainsi certaines ont accompagné les voisins durant le ramadan, partageant les repas aux heures nocturnes, puis se retenant aussi de manger, voire de boire, durant la journée. Ainsi une femme concubine d’un Malien tient à s’intégrer à la nombreuse famille de celui-ci, pour laquelle l’islam est une évidence fondamentale, distinguant la parente de l’étrangère. Une pression sociale reste clairement perceptible, même si toutes ces converties insistent sur le caractère parfaitement volontaire de leur démarche, et la dimension personnelle. L’un n’exclut pas l’autre. Pour ce cas, relevons aussi le désir de se faire épouser, même civilement ! Une concubine chrétienne, ou pire athée, pourrait être abandonnée du jour au lendemain. Or ce ne serait certainement pas le cas d’une femme considérée comme musulmane, avec laquelle mariages coranique et civil s’imposeraient. Le divorce existe, largement pratiqué chez les musulmans ; mais la pression des familles tend à le limiter et cette sagesse humaine n’est pas blâmable en soi. Ces témoignages sont aussi intéressants en creux, par tout cet implicite que ces converties révèlent malgré elles.
 
S’il y a une démarche spirituelle, elle se double d’une volonté d’intégration, d’intégration totale à la contresociété musulmane aujourd’hui très présente en France. Ainsi les mariages à la mosquée précèdent systématiquement les mariages civils à la mairie. Car Allah primerait évidemment sur la République. Si des chrétiens voulaient faire passer Dieu avant les lois humaines, ils seraient frappés, eux, de toutes les rigueurs de la législation de la IIIème République, conformément à son esprit anticatholique. Alors que le phénomène est massif, à notre connaissance aucun couple musulman n’a jamais été ennuyé à ce sujet.
 
Chaque convertie doit choisir un nouveau prénom, musulman, symbole d’une nouvelle identité, et seul usité dans sa nouvelle communauté. La grande majorité de ces femmes s’intègre parfaitement dans la culture d’importation nord-africaine ou malienne. Deux cas divergent un peu : une fondamentaliste critiquant les superstitions traditionnelles marocaines, contaminant selon elle le pur islam, suivant le discours salafiste typique, ou une fantaisiste se définissant comme féministe lesbienne musulmane… Cette dernière est la seule qui a conservé des attaches avec la culture républicaine et qui souffre de son rejet par les musulmans qui ne veulent pas d’elle, et surtout pas de son discours qu’ils qualifient de satanique.
 
Une différence significative existe aussi entre les converties mariées à des conjoints musulmans, parfaitement intégrés à la famille musulmane, et via celle-ci à la communauté musulmane, et celles demeurées célibataires, souvent séparées ou divorcées. Ces dernières inspirent de la retenue, sinon de la méfiance, et avouent éprouver des difficultés à trouver un conjoint à leur goût. Peut-être se montrent-elles fort exigeantes, car les jeunes hommes musulmans ne manquent pas en France. Du moins, il leur manque les réseaux communautaires, importés des pays d’origine, qui traditionnellement arrangent, ou du moins suggèrent, les mariages. Les rencontres libres hommes-femmes ne sont pas du tout dans la culture musulmane. Celles qui ne pratiquent pas l’arabe souffrent aussi d’isolement linguistique, et le célibat et la non-maîtrise de l’arabe se conjuguent souvent.
 

Tristes perspectives, à vue humaine

 
L’on avouera ne pas s’inquiéter de la perte de tout républicanisme chez ces converties, mais plutôt de leur adhésion endurcie à une fausse religion. Le mariage, les enfants, les familles, les amitiés, tous ces liens rendront humainement bien difficile un retour à la seule vraie religion, celle du Christ, souvent connue superficiellement dans l’enfance, même en cas d’élans du cœur. Il faut certainement prier pour elle. Jean Madiran, dans ses derniers articles, s’était inquiété du devenir de ces âmes, que les pasteurs catholiques maintiennent dans l’ignorance absolue des conséquences de leur apostasie dans l’autre monde.
 
Ces converties illustrent le phénomène plus général, massif, de l’islamisation en cours de la France. Il y a aussi lieu de s’en inquiéter. Partout où l’islam s’est emparé du pouvoir politique, ou est devenu simplement majoritaire, il a détruit les chrétientés.
 

Octave Thibault