COP28 : et si on reparlait de Tuvalu, l’archipel que doit submerger la montée des océans ?

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A l’heure de la COP28, il faut reparler de Tuvalu, « première nation qui succombera du fait du changement climatique ». Les participants à la réunion de Doubaï ont pu visionner le 3 décembre un documentaire, Perdre le paradis, sur la « négociation de l’avenir » de cette contrée, dont les habitants sont érigés en « modèle » du « milliard » de personnes qui demain, seront chassées de leurs terres par la faute des « émissions carbone » et de la montée des océans. On notera la teinte religieuse du titre du film. Le péché originel est celui des pays industrialisés qui entraînent dans leur chute les paradis innocents.

Une déclaration du Premier ministre, Kausea Natano, à la COP28, réitère l’angoisse devant la montée des eaux sur un archipel qui culmine à 2 mètres au-dessus de la mer. Il a évoqué « la souffrance implacable » de tous les Tuvaluans. A défaut de terres englouties, il ne manque pas d’air. Et il prendrait bien un peu plus d’argent aux pays riches pour combattre ce mal… évanescent.

 

La COP28 n’est pas au courant des gains de terre à Tuvalu

On s’en souvient, l’Australie offrira jusqu’à 280 visas de résidents aux habitants de Tuvalu chaque année pour leur permettre d’« échapper à la montée des mers et aux autres ravages du changement climatique ». Sans doute un certain nombre de Tuvaluans (ils sont un peu plus de 11.000) se prévaudront-ils de l’offre, alléchante sur le plan économique, mais il y a peu de risques que ce soit la montée des eaux qui les y contraigne : les données scientifiques montrent que Tuvalu, comme bien d’autres îles nations, gagne du terrain alors que la température s’y élève de manière modeste. Elle gagne même des habitants, comme le rappelait ici Pauline Mille.

Le Premier ministre Anthony Albanese avait justifié la générosité australienne – l’administration est plutôt regardante en matière d’immigration – en affirmant : « Nous croyons que le peuple de Tuvalu mérite de pouvoir choisir de vivre, étudier et travailler ailleurs, alors que l’impact du changement climatique s’aggrave… l’Australie s’est engagée à ouvrir un chemin spécial pour que les citoyens de Tuvalu puissent venir en Australie. » C’est beau comme l’antique.

Mais il se trouve que la plupart des îles et des atolls de l’océan Pacifique, y compris Tuvalu, gagnent du terrain au lieu d’en perdre, car si le niveau de l’océan augmente en effet, cela entraîne le dépôt de sable et de sédiments sur les côtes au profit de leur hauteur, et les lignes côtières s’allongent.

A ce jour, les vagues de réfugiés qui devaient quitter les petites îles du Pacifique ont brillé par leur absence, souligne le site climaterealism.com. Et on sait que tout va mieux au moins depuis 2010.

 

La montée des océans se fait attendre, mais on peut toujours tendre la sébille

A l’époque, la recherche avait déjà permis de montrer que Tuvalu et Kiribati prenaient de l’ampleur. Même la BBC, media mainstream s’il en est, publiait alors un article citant l’étude géologique qui avait constaté que parmi les 27 îles basses du Pacifiques évaluées par les scientifiques, 80 % avaient gardé la même superficie et que certaines avaient grandi au lieu de rétrécir, et ce depuis 60 ans.

La comparaison de photos historiques et d’imagerie satellite a même permis de montrer que quelques îles ont connu une croissance spectaculaire. Rien de grave n’est attendu pour les prochaines cent années à venir. Alarmisme oblige, des scientifiques sur place ont tout de même mis en garde contre trop d’optimisme, affirmant que le risque d’inondation et d’érosion côtière constituent encore des « risques majeurs ».

Mais 5 ans plus tard, l’étude de 600 îles pacifiques constituées de récifs coralliens montraient que 40 % d’entre elles étaient restées stables, et 40 % avaient gagné en superficie. Le plus gros atoll de Tuvalu, constitué des 33 îles Funafuti, a ainsi pris 32 hectares sur la mer au cours des 115 dernières années. C’est pourtant de là que le ministre de la Communication et des Affaires étrangères de l’archipel des Tuvalu, Simon Kofe, s’est adressé en 2021 à la COP26, hilare devant son pupitre planté en plein lagon, et l’eau jusqu’aux genoux.

Une autre bonne nouvelle peut inciter les Tuvaluans à rester chez eux. Alors que la région connaît une montée « modeste » des températures, les cyclones tropicaux qui font partie du climat local n’ont gagné ni en intensité ni en fréquence.

D’ailleurs, Tuvalu et les îles environnantes attendent toujours les touristes à la recherche d’expériences paradisiaques dans une nature splendide. Elle semble être vouée à le rester.

 

Anne Dolhein