COP30 : la Chine tance l’UE qui n’en fait pas assez sur le front du CO2

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L’hôpital qui se moque de la charité ? Non, c’est plutôt le grand mafieux qui prétend voir une poutre dans l’œil du voleur à la petite semaine. En marge de la COP30 qui se déroule actuellement à Belém au Brésil, l’envoyé pour le Climat de la Chine a dénoncé, dans les colonnes de Politico, l’insuffisance des objectifs de diminution de la pollution de l’Union Européenne. Il a également condamné le « mauvais exemple » donné par les Etats-Unis, qui sont carrément absents de la conférence. Liu Zhenmin, qui donne rarement des interviews, a balayé les critiques qui peuvent être faites à la politique de la Chine en ce domaine, affirmant que les nations développées, UE comprise, doivent décarboniser plus vite.

Sachant que la Chine a imposé en sa faveur des délais prolongés pour lutter contre le CO2, et que l’Union européenne (comme d’autres pays développés) est en train de saborder ses propres industries et le niveau de vie de ses habitants pour assurer la transition verte, tout cela ne manque pas de sel. D’autant que la Chine représente aujourd’hui environ un tiers des émissions carbone du monde entier, ce qui la place en toute première position et qu’elle continue de construire des centrales à charbon. L’UE, elle, émet moins de 6 % des émissions totales mondiales.

 

A la COP30, la Chine fait la morale à l’UE

Ne parlons même pas de l’affaire de la prétendue « pollution » au CO2, celui-ci étant indispensable à la vie, et de la prétendue responsabilité des émissions de dioxyde de carbone dues à l’activité humaine dans le réchauffement climatique. Contentons-nous de noter que cette histoire « neutralité carbone » recherchée est on ne peut plus favorable à la Chine, qui profite de règles auxquelles elle échappe en tant que pays en voie de développement, malgré sa position de deuxième économie du monde, et qui lui permettent de concurrencer avantageusement les pays développés, qui eux, en portent tout le poids.

L’Union européenne, faut-il le rappeler, s’est engagée à atteindre la neutralité carbone (appelée aussi « zéro net ») d’ici à 2050. Ses politiques font partie des plus « ambitieuses » (c’est-à-dire des plus contraignantes, quoi qu’il en coûte pour ses habitants) au monde. Tout récemment, les pays membres de l’Union européenne se sont mis d’accord pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 66,3 % à 72,5 % d’ici à 2035. En 2040, la baisse devra atteindre 90 % par rapport au niveau de 1990.

Liu trépigne. Pour lui, l’UE devrait atteindre ce dernier pourcentage bien avant 2040, et ce pour permettre aux nations en développement d’avoir plus de temps pour s’industrialiser. Comme si l’ajustement à la baisse de 6 % des émissions, quoi que l’on en pense par ailleurs, était de poids à compenser les émissions croissantes de la Chine en particulier.

 

CO2 et « justice climatique » : une logique socialiste

« Il s’agit de justice climatique », a-t-il avancé tout en abattant ses cartes : « Il nous faut traiter les objectifs différemment selon les pays développés et les pays en développement. » Et la Chine se range parmi ces derniers, comme une bernique accrochée à son rocher. Pour elle, la date du zéro net carbone est fixée à 2060. C’est en tout cas ce qu’elle annonce, et on est prié de la croire. On se plaît actuellement à croire que les émissions chinoises ont atteint leur pic en 2024, mais c’est notamment en raison d’une chute de la construction qui ne restera pas fortement d’actualité pendant très longtemps.

Liu Zhenmin verrait bien l’UE agir de concert avec la Chine dans ce domaine et propose un partenariat qui, selon lui, ne serait que promouvoir le nouveau « multilatéralisme » – cette réorganisation géopolitique du monde a les faveurs de la Russie et de l’ensemble de ses alliés. Il a dénoncé le manque d’unité et de cohérence politique de l’Union Européenne et a déclaré : « J’espère que l’Union Européenne parviendra à améliorer sa coordination interne. » C’est ainsi qu’on fait la promotion du fédéralisme au nom du « climat » !

 

La Chine veut que l’UE parle d’une seule voix

L’un des gros sujets à la COP30 est le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontière (MACF), un droit de douane que l’UE veut imposer aux pays qui n’ont pas de tarification carbone ou une tarification faible, afin de protéger ce qui reste de l’industrie européenne. Bruxelles a fait savoir que tout cela devra être arbitré par l’OMC et non par l’ONU, ce qui déplaît à Liu, comme on pourrait l’imaginer si l’OMC n’avait pas permis depuis les années 1980 à la Chine de devenir « l’usine du monde », ce qui lui assure aujourd’hui une position écrasante sur le marché des « renouvelables », par sa domination en matière de production de panneaux solaires et de véhicules électriques en particulier.

Politico a interrogé la porte-parole de la Maison Blanche, Taylor Rogers, au sujet des propos du délégué chinois à la COP30. Réponse : « Le président Trump a donné un exemple fort au reste du monde en renversant la tendance sur l’arnaque de l’énergie verte et en libérant nos ressources naturelles. » Et d’exhorter les autres pays à « suivre l’exemple du président Trump avant qu’il ne soit trop tard ».

Quant au Département d’Etat des USA, il s’est contenté d’expliquer l’absence des Etats-Unis à la COP30 : « L’administration Trump a refusé d’utiliser l’argent des contribuables pour envoyer ou faciliter tout déplacement officiel à cette conférence, qui vise à paralyser l’économie américaine et à ruiner le peuple américain. »

 

Anne Dolhein