Le journaliste et vaticaniste britannique Michael Haynes a interrogé en exclusivité pour son blog, permariam.com, Mgr Salvatore Cordileone, archevêque de San Francisco en Californie, pour lui demander d’expliciter ses récentes remarques favorables à la liturgie traditionnelle. Il en ressort que l’archevêque américain, par ailleurs très soucieux de l’art de bien célébrer – il a créé l’Institut Benoît XVI avec son « Reverent Liturgy Project » qui cherche à promouvoir notamment un renouveau de la musique véritablement sacrée – souhaite un accès beaucoup plus généreux à la messe traditionnelle.
Il souligne en particulier la capacité de cette dernière à attirer la jeunesse et à l’évangéliser, mais pas seulement : il note que les habitués de cette liturgie sont bien souvent plus respectueux de l’ensemble des enseignements de l’Eglise, en particulier sur le plan moral.
Mgr Cordileone : la messe traditionnelle amène les jeunes à la vérité
Comme souvent lors de ses prises de parole au sujet des fidèles traditionnalistes, Mgr Cordileone s’applique à promouvoir aussi le concile Vatican II, dont il reconnaît cependant qu’il faut l’interpréter « à la lumière de la continuité constante de la tradition de l’Eglise ».
Mais l’essentiel de son propos est dans cette reconnaissance de la richesse et du « potentiel » évangélisateur de cette messe qui porte en elle les marques de 2000 ans de développement « organique » – dont on est en droit de supposer qu’il ne trouve pas les mêmes marques dans la messe réformée. Le propos a beau être prudent, il en vient tout de même à dire que la messe traditionnelle est ce qui mène de nombreux jeunes à la vérité elle-même. Quoi de plus logique, puisqu’elle est centrée sur le Christ, et que Jésus est la Vie, la Voie et la Vérité ?
Voici la traduction intégrale de cet entretien de Michael Haynes avec Mgr Cordileone. – J.S.
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Mgr Cordileone : La beauté de la messe traditionnelle attire les jeunes
Michael Haynes : Votre Excellence, Mgr Cordileone, je vous remercie sincèrement pour le temps que vous m’accordez. (…) Vous vous êtes exprimé en ligne pour appuyer certaines remarques du cardinal Goh au sujet de la messe traditionnelle et des autorisations accordées pour la célébrer. Vous avez déclaré : « Je soutiens l’idée selon laquelle la levée des restrictions sur l’utilisation du Missel de 1962 serait une mesure admirable, source d’apaisement et d’unité. »
Pourriez-vous tout d’abord nous en dire davantage, en expliquant en quoi elle serait source d’apaisement et d’unité ?
Mgr Salvatore Cordileone : Je crois que de nombreux catholiques aiment la forme traditionnelle de la messe – ils assistent aux deux formes, mais sont enrichis par la forme traditionnelle – sans pour autant rejeter le Concile Vatican II, mais en appréciant cette manifestation de la tradition de l’Eglise.
D’autres sont très attachés à la messe traditionnelle et y assistent toujours, ou presque.
Ceux-là aussi, en tout cas ceux que je connais, essaient de mener une vie catholique exemplaire, en respectant tous les enseignements de l’Eglise.
Je pense que nous devons les garder dans la famille, ne pas les tenir à distance ou leur donner l’impression qu’ils sont des citoyens de seconde zone. Je pense que nous devons respecter leur sensibilité et la dévotion qui anime leur cœur, et les garder au sein de la famille.
Il existe une faction, dont j’ai entendu parler, qui est très militante et qui rejette peut-être certains enseignements du Concile Vatican II. Je pense que c’est une question beaucoup plus complexe que les gens ne l’imaginent.
Je ne pense pas que les gens comprennent vraiment ce qu’ils veulent dire lorsqu’ils parlent de Vatican II ou du Concile Vatican II. De mon point de vue, il y a trois niveaux.
Voici ce que dit réellement le Concile Vatican II dans ces 16 documents. Il s’agit d’un concile œcuménique. Certes, le Concile a déclaré dès le début que son but n’était pas de définir quoi que ce soit de manière dogmatique. Néanmoins, cela fait partie du Magistère ordinaire de l’Eglise et c’est un enseignement qui doit être accepté.
Ensuite, il y a les documents sur la mise en œuvre du Concile, qui ont eux-mêmes différents niveaux d’autorité : le pape, les dicastères de la Curie romaine, les conférences épiscopales et les évêques dans leurs Eglises locales.
Le troisième niveau correspond à ce qui s’est réellement passé sur le terrain, dans la paroisse, dans les bancs. Il existe ici de nombreuses complexités. Je pense que beaucoup de personnes qui réagissent contre le Concile Vatican II réagissent principalement contre ce qui s’est passé à ce troisième niveau. Peut-être qu’au deuxième niveau, qui est également sujet à critique, à une critique constructive, aurait-on pu prendre diverses décisions prudentielles. On peut donc en discuter.
« Plus ils sont jeunes, plus ils semblent être attirés par la forme traditionnelle de la messe »
Ce qui est en discussion, ce ne sont pas les documents eux-mêmes ni l’enseignement qu’ils contiennent. Et il est certainement bon de lire ces documents à la lumière de la continuité constante de la tradition de l’Eglise. Je pense que très peu de catholiques tomberaient alors dans la catégorie de ceux qui rejettent le Concile Vatican II à ce premier niveau. Je pense, dès lors, que pour essayer de garder tout le monde dans la famille en respectant l’héritage de l’Eglise, y compris les enseignements du Concile Vatican II, il serait utile de rendre généreusement la messe traditionnelle plus accessible.
M. H. : Les restrictions frappant la messe traditionnelle, ou la question de la messe traditionnelle, ont certainement été au centre de l’attention ces dernières semaines et ces derniers mois. J’ai l’impression que votre intervention et celle du cardinal Goh sont survenues à un moment où plusieurs diocèses américains avaient annoncé des restrictions particulièrement médiatisées. Il semble que, sur cette question, une attention particulière soit accordée aux restrictions visant la messe traditionnelle, ce qui semble étrange au regard d’autres problèmes qui pourraient être abordés et, oserais-je dire, qui doivent être abordés.
Avez-vous une idée des raisons qui peuvent expliquer cette situation, de ce qui peut se cacher derrière cette volonté très zélée de mettre en place des restrictions ?
Mgr Cordileone : C’est une très bonne question. Je ne peux m’exprimer qu’à partir de mon expérience personnelle, car je suis assez âgé pour me souvenir de l’époque où tout a changé. J’ai fait ma première communion en 1964. Je suis donc à peine assez âgé pour me souvenir de ce qu’était la messe d’avant. J’ai des souvenirs très vivaces de l’époque où tout a changé après Vatican II. Il y avait une sorte de, si je peux employer ce mot, de manie ou de frénésie. Il y avait une sorte d’angoisse de voir l’Eglise en décalage avec les temps et le besoin de rattraper ce retard, l’impression que l’Eglise était en train de perdre sa pertinence.
Bien sûr, nous devons toujours chercher à communiquer plus efficacement les vérités de l’Evangile dans une culture donnée, en tenant compte du contexte historique et social : cela est vrai. Mais ce qui évangélise véritablement, c’est la beauté de l’héritage de l’Eglise. Nous devons donc en vivre d’une manière qui soit communicable.
« La vérité de la beauté de la tradition de l’Eglise »
Je pense qu’il y avait ce sentiment que « nous devions faire les choses d’une manière nouvelle et que les anciennes méthodes allaient nous faire perdre des fidèles ». Je pense que cette idée persiste chez certains. A mon avis, ces personnes considèrent que les jeunes attachés à la forme traditionnelle de la messe vivent dans une réalité différente de celle du monde actuel, très différente de celle de la grande majorité des jeunes. Je pense qu’il y a une part de vérité dans cela, mais il y a aussi la vérité de la beauté de la tradition de l’Eglise. Encore une fois, il faut la vivre d’une manière qui puisse attirer les gens.
Pour moi, le signe révélateur, c’est que les jeunes sont attirés par cette tradition, sous l’une ou l’autre forme, mais plus ils sont jeunes, plus ils semblent être attirés par la forme traditionnelle de la messe. Pour moi, le signe révélateur, c’est qu’en la découvrant, en s’y impliquant et en s’informant à son sujet, ils découvrent aussi la vérité. Ils font l’expérience de la beauté, puis la vérité apparaît. Ils embrassent alors la plénitude de la foi catholique. Ce n’est pas seulement une question d’esthétique – le rite est beau, la musique est belle –, mais la vérité en fait intimement partie.
Autre signe révélateur : elle [la messe en latin] est efficace pour évangéliser, car ces jeunes vivent pleinement la vie catholique, y compris en suivant ces nombreux enseignements moraux qui ont été rejetés après Vatican II.
Nous n’avons pas constaté de véritable répression à l’encontre de ceux qui s’opposaient à ces enseignements moraux, pas même à l’encontre des évêques qui contestaient certains d’entre eux. Et je pense que cela a nui à l’Eglise.
Je dirais donc qu’elle est l’une des choses, certes pas la seule, qui contribue à l’évangélisation ; mais c’est une chose qui semble efficace, en particulier chez les jeunes. Utilisons-la donc à l’avantage de l’Eglise, pour le bien de l’Evangile et le salut des âmes.
M. H. : Cela rejoint une idée que vous avez évoquée il y a quelques années, si je ne m’abuse. Je vous prie de m’excuser de remonter aussi loin : vous discutiez avec Raymond Arroyo de la manière dont le mouvement traditionnel pourrait contribuer de manière décisive à l’urgence du renouveau dans l’Eglise. Je crois que vous avez même mentionné cela dans votre réponse au célèbre sondage envoyé par le Vatican avant la publication de Traditionis Custodes. Je crois que vous suggériez que la hiérarchie considère les fruits du mouvement traditionnel comme une partie intégrante de ce qui est nécessaire pour favoriser ce renouveau, en particulier à une époque où nous assistons à une grande perte de la foi dans de nombreux coins du globe, et à une grande perte de la pratique de la foi parmi ceux qui se disent catholiques mais qui, en réalité, finissent par rejeter une grande partie de l’enseignement de l’Eglise. Diriez-vous encore, après ces dernières années, que telle est toujours votre expérience aujourd’hui ?
Mgr Cordileone : J’ai utilisé le mot « mouvement » de manière très délibérée dans ma réponse à cette enquête, car la messe traditionnelle n’est pas techniquement un mouvement ecclésial au sens où nous l’entendons habituellement. Il y a eu de nombreux mouvements peu avant et certainement après le Concile Vatican II, comme le Cursillo, Marriage Encounter, le Chemin néocatéchuménal, le Mouvement des familles chrétiennes. Ce sont tous des mouvements au sein de l’Eglise.
La messe traditionnelle n’est pas un mouvement en ce sens, mais elle présente toutes les caractéristiques d’un mouvement. Or, ces mouvements ont un grand potentiel pour renouveler la vie de l’Eglise, à condition qu’ils restent au sein de la famille, ce qui signifie que l’autorité ecclésiastique doit y être impliquée.
Je vois la vie de l’Eglise progresser de manière bidirectionnelle, en quelque sorte. Il doit y avoir une base et l’exercice de l’autorité. Il ne peut pas y avoir uniquement l’un ou l’autre. Si c’est uniquement l’un, si c’est imposé par le haut, cela ne fonctionnera pas, car alors le développement ne sera pas organique. Si c’est uniquement la base, sans aucune intervention de l’autorité, alors les choses vont simplement devenir incontrôlables et chaotiques.
Les initiatives peuvent donc venir des deux côtés. On peut voir des mouvements populaires, mais les autorités doivent intervenir pour les réglementer, peut-être en corriger les excès, veiller à ce que les choses restent dans le cadre de la communion de l’Eglise.
Les autorités peuvent avoir proposé une idée, mais plutôt que de l’imposer d’emblée à tout le monde, elles peuvent la tester auprès de la base. Il doit donc y avoir une synergie entre les deux parties. Ainsi, si les mouvements sont ignorés, et plus encore s’ils sont punis, ils vont se marginaliser et commencer à développer une sorte d’Eglise parallèle. Cela favorise l’idée que « les vrais catholiques sont avec nous, les autres ne sont pas vraiment catholiques ». C’est là que réside le danger.
Mais si l’autorité ecclésiastique s’implique, est présente sur le plan pastoral, en les gardant au sein de la famille, cela peut alors apporter un formidable potentiel de renouveau pour l’Eglise. C’est ce que je constate également avec la messe traditionnelle.
Lorsque des personnes sont punies et rejetées parce qu’elles ne partagent pas l’opinion de ceux qui détiennent l’autorité, cela provoque des divisions, n’est-ce pas ? Et cela détruit le corps du Christ. En tant qu’autorités ecclésiastiques, en tant qu’évêques, nous devons donc corriger les excès. Nous devons corriger les erreurs. Nous devons donner de bonnes directives aux fidèles. Mais lorsque nous le faisons, cela représente un formidable potentiel de renouveau pour l’Eglise.
Un autre commentaire que j’ai pu faire en réfléchissant à cette question, c’est que depuis des décennies, nous avons entendu les papes et d’autres hauts responsables du Vatican demander que les abus liturgiques soient corrigés. Cela remonte au moins à Jean-Paul II et surtout à Benoît XVI, mais le pape François a lui aussi dénoncé les abus liturgiques. Le cardinal Roche lui-même, qui est le maître d’œuvre de Traditionis Custodes, critique les abus liturgiques. Il souhaite que la messe soit célébrée avec révérence, dignité et beauté.
Toutes ces voix qui s’élèvent parmi nos dirigeants du Vatican semblent avoir peu d’effet. Je me demande si nous ne devrions pas agir plutôt que de nous contenter d’en parler.
« L’expérience plus répandue de la messe traditionnelle pourrait bien être le remède dont nous avons besoin. »
L’expérience plus répandue de la messe traditionnelle pourrait bien être le remède dont nous avons besoin. Si elle faisait davantage partie intégrante de la vie catholique, les gens s’en rendraient compte, car les rubriques de cette messe sont très strictes. Elle peut être célébrée de manière négligée, mais la plupart des fidèles du rang ne le remarqueraient pas, tant les rubriques sont précises, l’effet serait très limité. Elle possède un caractère de révérence et de transcendance inhérent.
Je pense donc que si les gens en faisaient davantage l’expérience, nous parviendrions à ce que le pape Benoît XVI appelait l’enrichissement mutuel des deux formes. Cette célébration plus solennelle de la messe sous sa forme actuelle commencerait à s’imposer, et les gens la souhaiteraient. Et j’espère que lors des célébrations de la messe traditionnelle, davantage de personnes participeraient aux réponses.
C’était là toute la question de la participation active, qui remonte au pape saint Pie X, saint Pie X qui avec Tra Le Sollecitudini en 1903, appelait à une participation active. J’aimerais voir davantage cela aussi dans la messe traditionnelle, que les gens chantent en particulier les parties ordinaires de la messe en latin.
Je pense donc que grâce à une plus grande familiarité avec ce rite, lorsque celui-ci fera davantage partie intégrante de la vie catholique, nous aurons un grand avantage à célébrer les deux formes de la messe.
M. H. : Et ce faisant, cela permettrait également de s’éloigner de la situation actuelle, que vous avez beaucoup commentée, où nous semblons avoir ravivé la guerre liturgique, en particulier lorsqu’une forme semble privilégiée et plus libre, tandis que l’autre ne bénéficie pas de la même liberté et se trouve en quelque sorte un peu mise à l’écart.
Pensez-vous que l’Eglise court un danger si ces restrictions devaient se poursuivre sous leur forme actuelle, en particulier dans le style franchement répressif que nous avons pu observer ? Surtout ces derniers mois, où des communautés florissantes ont vu restreindre l’accès à leur messe traditionnelle, déplacée ou limitée, passant de nombreuses églises à une seule… Pensez-vous qu’il y ait un danger si cette situation devait se prolonger ?
Mgr Cordileone : Le danger immédiat serait de voir des fidèles rejoindre des communautés dissidentes, ou simplement se décourager et cesser d’aller à l’église. Ce serait un danger immédiat, mais je pense qu’il ne durera pas, car je suis le dernier de ma génération à avoir cette mentalité de « l’avant et de l’après Vatican II ». Tout cela nous était inculqué par la culture et par l’Eglise à l’époque. Les générations postérieures à la mienne ne l’ont pas reçu. Je ne vois personne, parmi les jeunes ni même dans la génération intermédiaire, qui ait cette animosité envers la messe traditionnelle. Je pense donc qu’à terme, nous reviendrons à une époque où nous accepterons que certaines personnes aiment cette forme de messe et que nous les laisserons y assister. Je pense encore une fois que le danger réside dans une restriction excessive ou dans l’absence totale d’implication. Nous devons trouver le juste équilibre.
M. H. : Vous avez mentionné qu’il y a une certaine beauté et un certain ordre qui attirent les jeunes. J’ai relevé en interviewant le cardinal Burke qu’il a également noté ce point lors de ses voyages à travers le monde, où il a rencontré des communautés d’âges différents, et il a toujours trouvé que c’était un aspect assez constant.
Pour terminer, j’aimerais citer une remarque très émouvante faite récemment par Mgr Reed, évêque de Boston. Il a raconté qu’après avoir célébré sa première messe traditionnelle, il a retiré ses ornements, s’est rendu au fond de l’église et s’est agenouillé en pleurant. Avez-vous vécu une expérience similaire en célébrant la messe traditionnelle, ou qu’est-ce qui vous a le plus marqué personnellement lorsque vous l’avez célébrée ?
Mgr Cordileone : Je sens qu’avec cette messe, je respire les 2000 ans d’histoire de l’Eglise, grâce à son développement organique au fil des siècles. Je ressens un lien très fort avec mes prédécesseurs dans la foi.
Je ressens cela encore plus fortement lorsque je célèbre de manière solennelle, avec le rite de la vêture et de la dévêture, car le pontife est revêtu pour aller offrir le sacrifice. Une fois, un verset des Ecritures m’est venu à l’esprit, la prophétie du Christ sur le martyre de Pierre, qui dit que lorsque tu étais jeune, tu t’habillais toi-même et allais où tu voulais, mais que lorsque tu serais vieux, on t’habillerait et on t’emmènerait là où tu ne voudrais pas aller. Je pense donc que le sens profond de la messe ressort avec plus de force. Cela me rappelle un exemple donné par un ami prêtre.
Je suis originaire de San Diego. Il est prêtre à San Diego. Il passe beaucoup de temps à Tijuana et il est également un fervent adepte de la messe traditionnelle. Il m’a donc fait cette comparaison.
Il m’a dit qu’il se rendait dans les nouveaux quartiers de Tijuana, qui sont tous très ordonnés, avec des lignes droites, des maisons bien construites, tout est disposé selon un plan et tout est identique, très rationnel.
Il se rend dans les quartiers plus anciens et constate à quel point les choses ont changé au fil du temps : les rues tournent et aboutissent à des impasses, il voit un garage qui est aujourd’hui un petit appartement, il voit où se trouvait la porte du garage et où se trouve maintenant la porte d’un appartement, et tous ces changements qui se sont produits au fil du temps. Il a donc comparé les deux formes de messe à cela.
Il y a des choses qui peuvent nous sembler étranges dans la messe traditionnelle, mais il y a des raisons pour lesquelles elles ont été adaptées au fil du temps. C’est pourquoi je dis qu’il y a une impression de respiration avec l’Eglise à travers les siècles et dans la célébration de cette messe.
M. H. : C’est une belle façon de voir les choses. Comme vous l’avez mentionné dans d’autres domaines ou dans d’autres articles, il y a [un besoin] d’un développement organique, non pas d’un développement en termes de révolution et de rupture, mais d’un développement naturel, véritablement liturgique.
Mgr Cordileone : Encore une fois, Il faut qu’il s’agisse d’un mouvement bidirectionnel. Cela ne peut pas être créé d’en haut et imposé. Il doit y avoir une certaine direction venant d’en haut, parfois une initiative venant d’en haut, mais cela doit aussi venir de l’expérience vécue par les gens. Nous avons besoin des deux pour tout développement légitime et vivifiant dans l’Eglise.