La crise du coût de la vie menace la transition énergétique de l’Europe

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Jusqu’où l’Europe mènera-t-elle son paradoxe ? Celui d’un Parlement qui impose, le regard halluciné, de nouveaux objectifs sur l’énergie pour satisfaire aux oukazes de l’idéologie verte, pendant que les peuples se serrent la ceinture et s’inquiètent, en proie au coût de la vie qui n’en finit plus de croître… Elle l’affiche, en tout cas, avec une tranquillité qui confine au ridicule. Le tout face à une Chine qui tient, il faut le craindre, les cordons de la bourse, au vu de son marché qui va nous submerger.

A un moment donné, la politique de l’autruche a ses limites.

 

Un mix énergétique pour la transition énergétique rehaussé

Tout doit se dérouler comme prévu – Bruxelles l’a dit. Malgré une opposition croissante et des défis économiques évidents, le Parlement européen a voté cette semaine en faveur d’un relèvement des objectifs énergétiques à faible émission de carbone, visant désormais à produire plus de 42 % de son électricité à partir de l’énergie éolienne, solaire et d’autres sources d’énergie à faible émission de carbone et ce d’ici à 2030.

Cela émane en droite ligne du plan européen REPowerEU, lancé en mai 2022, en réponse à la perturbation du marché mondial de l’énergie provoquée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine et visant à économiser l’énergie, à produire de l’énergie propre et à diversifier ses approvisionnements énergétiques.

« Cette directive est la preuve que Bruxelles peut être non bureaucratique et pragmatique », a déclaré l’eurodéputé Markus Pieper. Nous aurions dit l’inverse….

Entre autres résolutions, une nouvelle loi a été votée qui vise à accroître l’adoption de « carburants durables » dans le secteur de l’aviation. Bruxelles va obliger les aéroports et leurs fournisseurs à garantir qu’à partir de 2025, au moins 2 % des carburants d’aviation seront écologiques, cette part augmentant tous les cinq ans, jusqu’à atteindre 70 % en 2050. Carburants de synthèse, biocarburants produits à partir de résidus agricoles ou forestiers, d’algues, de biodéchets, d’huiles de cuisson usagées… En 2025, un label européen indiquera aux heureux passagers la performance environnementale de chaque vol.

 

La Chine aux premières loges – une Europe à la traîne

Les développeurs éoliens et solaires font, eux, plutôt grise mine. Plusieurs d’entre eux ont averti que les panneaux chinois bon marché compromettaient leur propre rentabilité grâce aux généreuses subventions de Pékin et à une main d’œuvre moins chère. Mercredi, la présidente Ursula von der Leyen a d’ailleurs accusé la Chine de « pratiques commerciales déloyales ».

Cela n’empêche que l’Union européenne a l’ambition de fabriquer chez elle 30 GW de technologie d’énergie solaire d’ici 2030… Et en plus, pour une fois, alors qu’on délocalise à tout crin depuis des décennies, elle veut du local ! « De l’énergie éolienne à l’acier, des batteries aux véhicules électriques, notre ambition est limpide : l’avenir de notre industrie des technologies propres doit être fabriqué en Europe », a déclaré la présidente de la Commission.

Mais le coût du développement de technologies à faibles émissions de carbone en Europe est beaucoup plus élevé qu’en Chine. Qui plus est, cette dernière contrôle aussi les chaînes d’approvisionnement à faibles émissions de carbone au niveau mondial. Outre la folie de l’entreprise, entre le coût du local et l’élimination des matières premières et composants chinois, la transition risque d’être fort douloureuse.

Mais rien de grave : Bruxelles n’aura qu’à accorder d’énièmes subventions…

 

Le coût de la vie affecte les pays européens

Et ses caisses se vident désespérément ! Et les Européens ne tiennent pas à les renflouer dans cet objectif ultra vert… Soumis à l’augmentation du coût de la vie, supportant une inflation généralisée, les pays commencent à récriminer, face à ce décalage criant des priorités : la maison brûle et le chef de maison tente d’installer des panneaux photovoltaïques sur le toit.

Quel prix à payer pour la lutte contre le changement climatique ? Pour les dirigeants, il y a un coût économique, et donc inévitablement un coût politique.

Au printemps, la coalition au pouvoir en Allemagne avait proposé un projet de loi visant à éliminer progressivement les systèmes de chauffage au gaz et à les remplacer par des systèmes électriques qui tirent leur énergie de sources telles que l’énergie éolienne et solaire. Face aux protestations des populations, le parlement allemand a finalement adopté la semaine dernière une version édulcorée.

Parallèlement, il y a quelques mois, la Pologne a intenté une action en justice contre l’Union, à propos de l’interdiction prévue de la vente de voitures neuves à moteur à combustion interne à partir de 2035. Dépendant massivement du charbon pour sa production d’électricité, elle a également dénoncé les objectifs nationaux de réduction des émissions.

La France s’est également opposée à certaines nouvelles politiques climatiques, en particulier les règles concernant les niveaux d’émissions des tuyaux d’échappement, aux côtés de sept autres Etats membres.

Comme le coût de la transition vers le zéro net commence à affecter sensiblement leurs citoyens, les Etats-membres affichent bizarrement un moindre engouement à suivre les billevesées européennes…

 

Clémentine Jallais